so high.

il est minuit passé quand tu l'entends enfin rentrer, les talons aiguilles qui claquent sur le carrelage de l'entrée. t'es assis dans son bureau, affalée dans le fauteuil trop confortable, verre de bourbon entre les mains. où étais-tu ? que tu siffles presque inquiet. tu n'as pas l'habitude qu'elle disparaisse, ta mère. son chemisier est autant froissé que son visage, les émotions que tu y vois pourrait te faire fuir, mais tu soutiens ses iris glacées. une affaire de dernière minute que je devais régler seule. dit-elle en retirant sa veste, et c'est là que tu le vois, le sang sur sa manche. d'un rouge écarlate. une capulet ne se salit jamais les mains sans raison. tu te lèves pour lui laisser la place, tu lui tends même ton verre qu'elle termine d'une traite. depuis quand te dois-je des comptes Silas ? un rire mauvais lui échappe, celui d'une femme blessée dans son ego et il ne te faut pas longtemps pour comprendre ce qu'elle entendait par une affaire. je... je me faisais du soucis. tu redeviens un gosse, les mots te manquent et tes yeux sont rivés sur tes chaussures. elle... enfin... tu l'as ... ? tué, tu l'as tué ? tu n'as droit qu'à un soupir comme réponse, et le verre qui claque sur le vernis du bureau en signe de réclamation. tu t'exécutes, servant de nouveau une rasade qu'elle engloutit en moins de deux. il faudra juste que tu fasses un petit quelque chose pour moi Silas.

deux jours se sont écoulés, et il est vingt trois heures quand tu gares ta Maserati devant le club. tu en sors clope au bec, chemise impeccable et tu fouilles tes poches à la recherche du Dupont offert par ta sœur. la cigarette crépite quand tu l'allumes et d'un pas décidé tu t'approches de l'entrée. tu ne t'attardes pas sur le videur qui te laisse rentrer, bien évidemment. et tu ne perds pas de temps pour lui mettre la main dessus, tes doigts s'agrippent à son col et tu le tires avec force le faisant s'étendre sur le sol. le coup de poing part un peu trop vite, un deuxième, un troisième jusqu'à en avoir les phalanges endolories. l'homme se débat, mais t'es à califourchon sur lui et ta main encercle son cou. joue pas les innocents. que tu craches à quelques centimètres de son visage, autour de vous le temps s'est comme figé. les hommes et les femmes vous regardent mais n'osent s'interposer. de l'arrière de ton jean tu sors le flingue qui y est soigneusement rangé. le plaquant sur la tempe de ton aîné. t'as plutôt interêt à faire profil bas si tu veux rester en vie. et tu descends l'arme jusqu'à ses bijoux de famille. où si tu veux rester entier. il ne parle pas, sa respiration écrasée par la paume de ta main, tu le relaches lentement. c'est clair, papa ? le dernier mot est venimeux, et tu te relèves, tu te recoiffes rapidement. personne, certainement pas ton père, ne peut se permettre de ternir l'honneur de ta mère.