gratia mundi ((nana))

tenue &cheveux la respiration qui se stop, qui reprend. avec férocité -douleur supportable liée à ta connerie. un rire qui traverse la folie, la joie, la jolie. t'es en retard, t'es poursuivis. maman t'attends, papa va te gronder. mais tu dois d'abord les semer, ces putains d'flics. masque qui arbore ton visage, qui rappel ce pays natal -qui ne t'as jamais manqué. peut-être trop jeune, peut-être trop insouciant ou nonchalant. enfant trop désabusé qui aime encore murmurer aux étoiles (et qui attend toujours une réponse).

c'est avec agilité que tu te faufiles au dessus d'un toit pour y passer de l'autre côté -t'es jambes à ton cou, l'adrénaline le plaisir. et tu t'arrêtes. respiration courte. divine. tu passes une porte inconnue, dans un silence interdit. tu refermes lentement. tu attends. -tu attends. plus rien. suspension. avant de te retrouver nez à nez avec la maîtresse de maison. oh! avant qu'elle ne parle, qu'elle ne crie, qu'elle ne hurle (avant qu'elle ne te trahisse). tu retires rapidement ton apparat, lui montrant cette bouille (pourtant si trompeuse). pardon madame. je pensais être arrivé chez un ami, j'ai du mal lire les indications. mains levées pour prouver l'innocence d'un adolescent dépassé, tu t'inclines lentement avant de sortir d'une même manière. menteur, beau parleur qui s'en sort toujours. il parait que c'est la vermine qui s'en va après les êtres aimés.

puis tu repars. un peu plus loin, plus soudain. -toujours à courir déjà trop en retard. et le stresse qui monte (celui qui remplace les bonnes sensations), celui qui tord un peu, celui qui dérange beaucoup. même trop. les marches sautées, deux par deux, par trois (mais pas plus, tu ne peux pas), tu pousses la porte d'entrée avec énergie, avec nervosité. je s- et ça s'arrête parce qu'il est là. figure paternelle, maternelle. fraternelle, aussi. tu ne sais pas. tu n'as jamais su et tu t'en fou. tu essaies de prendre le pas, histoire de pas trop tomber. pardon pour mon retard ! -je te promet j'ai pas regardé l'heure, je pensais qu'il était bieeeeeeeen plus tôt que ça ! les bras qui s'agrandissent dans un geste exagéré pour amplifier t'es mots. (en espérant te faire un peu plus pardonner, chaque secondes). non vraiment, pardon.
bras qui s'abaissent, petite moue.
crie pas,
papa.

secondes qui se cumulent, secondes qui se calculent. un plus un plus un plus un, plus deux plus trois plus quatre. qui tourne et retourne, carrousel des pensées loupées au coche. et le coeur, le coeur si paisible, si timide, presque imperceptible se met à battre, se met à paniquer - le visage tant adoré qui ne revient pas, qui disparaît, s'efface en tableau de mousse sous la pluie. l'inspiration profonde, les doigts qui pianotent sur le bois de la table - l'oeil qui se redresse, s'attarde sur l'horloge tournante, retournante, tombante, en retard. en retard le stupide lapin qui n'a cure des émotions si infâmes de la reine, en retard le stupide lapin qui n'a cure de sa détresse lorsqu'il part pour sa propre cause - dévaliser les terres, émettre quelques nouvelles. le coureur qui dans sa course peut se ramasser. le coureur dans sa course qui peut subitement tomber - de lièvre, de tortue, aucun gagnant en fin. l'inspiration profonde, le thé qui se cale contre ses lèvres - nana sans rien, sans parures, sans la peinture sur figure ni pour colorer les enjolivures. makota soudain loin. makoto emmené. la vérité - éclatée, explosée, délitée,
un bout de verre,
planté profondément dans la chair. le frisson désagréable qui fait craquer ses épaules, la tête qui tombe en arrière - et tout qui s'active dans les escaliers, qui se met à bouger, les pas lourds, paniqués. enfin arrivé. enfin sauvé. les sourcils qui se froncent, la respiration qui revient trancher les poumons en quatre - les dents qui se mettent à grincer. le regard à peine posé sur l'enfant grandit - si grand, si grand. le rire sec qui vient alimenter, briser le silence.
- j'appelle plus ça un retard makoto. tu m'as posé un lapin. l'humour doucereux qui vient dédramatiser la situation, nana qui pourtant sent tout son être se relâcher de la tension qu'il pouvait bander en un arc prêt à déchirer une cible épaisse. la mixture qui vient glisser le long de sa trachée, les jambes croisées, le menton se lève - confrontation. j'attends tes explications. soupir.
- et j'espère qu'elles sont bonnes. pour m'avoir fait peur comme ça. nana qui montre pas, qui montre pas assez, nana qui dégueule toute sa fébrilité dans ses yeux félins et dessinés - ceux d'une biche qu'on voudrait dépecer. makoto, la moitié sauvage qui préfère filer - plutôt que de rester cloîtré. et la mer pour l'instant paisible, sent les vagues monter - monter, monter, pour tout ravager.

maman qui reste, qui demeure. maman qui n'est pas aujourd'hui. papa qui impressionne. qui donne le ton. la marche à suivre. le stresse retombe un peu, doucement. lentement. et il revient encore sous sa voix ténor. ... un lapin -mais non il est pas trop tard, on peut sortir encore. l'enfant qui essaie de se rattraper, de voir le bon côté (de quoi ? -il sait pas). chaussures retirées à l'entrée, tu oses enfin pénétrer convenablement dans votre demeure. tu avances avec prudence. timidité. quelque peu apeuré. l'autorité paternel. lui qui attends des explications. des mots, des gestes. et la culpabilité d'un gosse quand il blesse l'être aimé. favoris. tu restes bête et un soupire traverse t'es pulpes rosées.
pardon, papa.

et puis l'euphorie remonte, tout aussi vite qu'elle venait de descendre. tu viens embrasser sa joue -salutation quotidienne, rien d'anormal, juste banal. plein d'amour, plein de beauté. de bonté, d'admiration. sensations qui se mêlent à cette douceur posée simplement là. sur la joue de l'intéressé. j'étais tranquille tu vois, tu t'assoies. manie de trop parler. -mais ça c'est toi. genre j'étais à l'heure, j'rentrais et tout. jusque là, rien d'anormal. mais t'es histoires finissent toujours pas s'envoler... et là quoi ?! deux flics putain, ils sont arrivés comme ça -BAM avec leurs uniformes moches là ! ils ont fait quoi ? -et bah c'était pour bibi évidemment ! mais là promis j'marchais normal, les mains dans les poches et tout, même pas j'étais en train d'provoquer. parce que oui, ça arrive souvent. t'es mots sont accompagnés, des gestes, des mimiques. trop expressif comme enfant. ils m'ont appelés et tout j'me suis dis " mais j'les connais pas " et en faite.... si ! c'était ceux d'il y a deux mois, mais je les avais déjà oubliés moi c'est quoi leur délire ?! sauf que du coup ils ont commencés à vouloir m'amener et tout l'bordel... MAIS NON. du coup j'me suis enfuis... petit blanc. regard qui s'échappe, qui fuit le plus grand. bon d'accord j'en ai frappé un -mais c'était pour qu'il me lâche ! tirade à n'en plus finir... mais c'est lui qui a demandé des explications... -comment te supporte-t-il encore ? même toi, tu ne sais toujours pas. et donc bref. forcément ils m'ont couru après les cons. donc j'ai du aviser. -après j'me suis caché dans une maison... bon je sais pas qui c'était ... bon ok la maîtresse de maison était grave belle mais c'est pas la question elle m'a pas grillé j'ai fait genre j'cherchais la maison d'un pote, j'me suis trompé, bla bla bla. et ... et du coup bah après je suis rentré... et te voilà.

un large sourire, qui illumine ton visage poupon qui pourtant cache une monstruosité poétique. polémique. atypique. tu te laisses tomber sur le plan central, les bras allongés, le doigts qui frôlent le poignet du père improvisé. désolé. je voulais pas t'inquiéter. sincérité d'un gosse qui déchire, qui sait mais qui recommencera. parce que t'es comme ça. culpabilité qui ronge, qui fait comprendre. mais c'est pas toi que j'veux embêter papa. c'est pas toi à qui j'veux donner des cheveux blancs, des insomnies. je t'aime trop pour ça. -alors désolé pour tout ça. mh. tu te redresses finalement, avec une énergie qui vient d'ici, de là. de quelque part, c'est un mystère. on sort quand même ?!

toute l'attention soudain posée, sur la pomme d'amour qui demande qu'à se faire croquer. tout son récit qui semble emberlificoté, plein de cohérences et d'incohérences éhontées. makoto qui donne la sensation de sortir d'un livre de capes et d'épées, qui dans sa grande bonté se sent de tout détailler - jusqu'aux détails insignifiants. il en rirait, nana, s'il avait le courage maintenant. il en rirait, nana, si son coeur n'était pas déjà plein d'une noirceur à peine née, rongeant déjà les valves battantes. l'inspiration profonde, les doigts qui continuent de pianoter avec lassitude sur la tasse. le thé qui chatouille ses narines, termine dans son gosier, la tête qui se hoche petit à petit, soulignant qu'il entend - non pas qu'il écoute. et le baiser, le baiser dans tout ça qui se perd sur la joue creusée - qui s'enfonce, telle une pelle qui viendrait déterrer un cadavre vieux d'une éternité.
puis le point, non pas final. juste le point pour passer au chapitre suivant, sans même laisser le temps d'assimiler convenablement l'enchaînement - à quoi bon. makoto constamment en danger, makoto constamment les pieds liés qui menacent de l'arrêter, l'empêcheront un jour de totalement bouger - il tombera. et nana ne sera pas là. il tombera. et nana ne pourra pas aider. et nana, nana qui mordille sa langue avec anxiété, qui secoue négativement la tête, son pied tapant un peu dans l'air.
- tu sais que nous sommes dans une situation un peu compliquée. euphémisme qui ne vise qu'à dédramatiser le crime monstrueux. et la culpabilité, qui parfois vient l'attraper, devrait-il rendre le fils aux parents, au moins pour les faire pleurer d'une autre manière - nana qui inconscient, n'a plus le courage pour se donner à corps tout entier pour des émotions étrangères. est fait ce qui est fait - makoto qui voulait suivre, encore trop petit pour prendre de telles décisions. la crispation, tout son être capable de faire une terrible détonation - nana au bord de l'explosion.
- et - le soupir, quelques doigts qui viennent un peu gratter son front puis s'arrêtent, se font reposoir. ça m'inquiète, tout simplement. surtout lui, dont tout pourrait basculer s'il venait à être rapatrié - cette histoire vieille d'il y a dix ans. un accident, une balle perdue, t'as conscience de tout ça ?
à l'infantiliser, à vouloir le protéger, le garder tout près - sans jamais lui laisser la lumière du jour comme moyen de l'aveugler. nana qui roule des iris, regarde ailleurs - fuyard.
- j'ai pas envie de retrouver ton cadavre dans un coin de night vale, makoto. j'ai pas envie d't'enterrer parce que t'as pas fait attention - et j'ai pas d'solutions miracles à te fournir. j'sais pas ce qui est le plus frustrant. d'avoir eu, un jour, l'audace de partir.

situation compliquée, un peu névrosée, un peu amusée. cela te fait sourire, mûrir. tu as grandis avec cette peur constante devenue princesse. mais tu as conscience par delà les mots qu'il est en danger vis à-vis de lui. vis-à-vis de toi. criminel jugé, abattu, détesté. mais les pensées viennent après coups (pour pas changer). un soupire, yeux légèrement baissés ; t'excuser ne changera pas le monde et sa manière de voir. inquiétude légitime, un sourire traverse t'es lèvres et ton coeur (qui se plaît à battre fort. fort, fort). nana tu l'aimes et tu ne te vois pas sans lui. sans elle. sans vous. oui. -oui. et puis la mort qui vient, qui emballe -qui ne fait pas dans le détail. mina'. une petite pause. prénom bouffé, prénom adoré. qui sort, à l'infortune, caché. t'as pas l'droit, mais ici c'est comme si personne ne pouvait vous atteindre. non, personne. arrête de t'inquiéter autant. un rictus qui s'allonge, qui se montre plus apaisant. plus pensant. plus brillant. j'ai conscience de tout ça. -mais je vais pas m'arrêter de vivre pour ce genre de détails. une petite moue, un geste. ta main qui attrape la sienne. avec douceur. avec candeur. avec amour. ça peut arriver. -oui c'est vrai. mais je suis toujours là. alors commence pas à t'angoisser pour n'importe quoi. et puis les bras s'allongent. ils viennent entourer ses hanches. ton visage se pose contre son épaule. un temps. promis je fais attention. deux temps, qui s'avance alors que tu t'écartes lentement de son corps.

mais passons. -on sort ! laisse moi deux minutes, j'arrive. et l'enfant qui ne laisse pas de temps de réponse. l'enfant qui n'a pas honte, qui n'a pas peur. mais j'fais des conneries parce que je sais qu'tu seras toujours là pour moi. à venir me récupérer, à venir m'épauler. petit con en perdition qui se laisse aller. à l'étage, tu retires ton jean pour en enfiler un autre (noir), plus sobre, moins voyant. qui contraste avec ta chevelure loin du naturel. oh, oh ! on va manger hein ? je crève la dalle, j'en peux plus. les marches un peu sautées, enjambées. manches du pull légèrement relevées.
puis tu le regarde. non, tu l'admires. il est beau, papa.
et sinon toi, ta journée ? intérêt sincère bien qu'il ne parle pas autant que toi. parfois tu aimerais, mais tu t'es adapté. -comme il l'a fait avec toi.