21st century whore ★ nana

la nymphe qui se redresse, qui frémit - la couverture cachant à peine ses jambes qui se plie. les rayons du soleil caressent sa peau, éveillent la poussière qui se suspend à travers les volets - le silence, la respiration en paisible cadence. les doigts qui passent, les doigts qui glissent, retracent la clavicule - appuient un peu dessus, l'os qui ressort, l'os qui perce, qui pourrait crever cette fine couche pâlotte.
et quelques taches noires, ici, puis là. les tatouages qui, figés à jamais, se déforment sous les mouvements parfois brusques de l'amant revenu - l'amant aimanté. nana qui sourit, nana qui feint la douceur sur sa mine pleine de candeur - les cernes qui pourtant, se ponctuent d'une touche violette sous ses iris. l'amour à trois heures du matin, l'amour sans rien - le goût de ses soupirs, de ses baisers sur sa chair en marques brûlantes qui peinent à cicatriser.
- tu ressembles à de l'aquarelle. le rire de l'autre qui vient s'élever, rebondir contre les murs - s'imprégner dans ses tympans. nana qui pince sa lèvre inférieure, glisse un pouce sur sa joue - le mascara séché.
- seulement de l'aquarelle ?
effluves naïves de l'absurdité -
aucun sens dans cette conversation -
toute la splendeur dans la friction, le toucher qui voudrait se faire mine de charbon. akira son naufrage au parfum de cigarettes matinales, de café froid et de pages froissées. --- (さようなら)

nana qui fuit, nana qui part, nana sur le (dé)part. nana qui cherche de l'oeil, qui remet convenablement ses lunettes sur son nez - qui admire les avions se croiser dans une lente envolée. nana l'argent sale ---
nana qui ne sait pas où aller. nana qui a fait un choix - celui de prendre ses jambes à son cou. pas par peur, pas par couteau planté dans sa jugulaire, pissant encore d'un sang éclatant. trop  jeune, trop con aussi - l'envie d'explorer l'univers et ses déboires, de construire une existence sur des pilotis en bois. nana qui disait.
- j'aimerais partir, j'aimerais voyager.
nana qui disait.
- j'aimerais l'ailleurs.
qui a simplement perçu une opportunité - akira abandonné dans un lit vide de toute chaleur éhontée. le coeur mécanique qui se pince, qui déraille, qui loupe le coche - le regret qui vient l'assaillir. puis le sourire en croissant de lune, gigantesque, rocambolesque, le ticket usé - impossible de revenir en arrière, de façonner les barrières.

tokyo ma belle, tokyo ma tendre,
tokyo et tes buildings, tokyo et tes signes,
tokyo ma toxique, tokyo mon infâme --- (ごめんなさい)

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nana qui serre - serre le corset jusqu'à lui broyer les os. nana, penché sur son bureau à retracer la peinture sur ses lèvres pétales - le silence souillé par la musique qu'il entend à travers les murs. nana qui inspire profondément - suspend le temps. sa rencontre quotidienne avec celle qui est sienne - minato, nana, enchanté(e) l'un(e) dans l'autre qui laisse épouser ses formes sous le maquillage outrancier - le sourire qui vient noyer sa mine opaline.
geisha des temps modernes,
nana qui enfile sa robe noire - rouge le lendemain, verte un autre, bleue les soirées lunaires. nana qui glisse les derniers détails - les talons perchés qui font claquer le parquet. le coeur qui se relâche - la fierté. nana aux regrets effacés sur le tableau retourné. nana qui rit, nana qui enfile ses cheveux argentés - ou rouges, ou bruns, ou noirs.
les pas félins, les doigts qui passent sur l'épaule d'une danseuse.
- hey cherry bomb.
l'ongle passe sur sa joue bombée - betty sa perle rare aux touches de pastel, craie diluée dans de l'eau de pluie. la démarche aérienne, surréaliste, la conscience - la prise en compte, toute la carcasse de nana qui se gonfle d'une chaleur de fusion, volcanique. avoir trouvé sa place - peut-être. avoir trouvé un sens - sans doute.
son royaume où rois sont reines,
où les princes jouent aux princesses,
où l'oubli se permet, est permis,
neotic --- (こころ)