banging on the doors of heaven && raven

now you're just a scar
a story i tell
such an ugly mark
but i wear it so well

une robe en satin rose, qui couvre à peine ton corps, des lèvres rouges carmin et un saphir autour du cou. un hématome violacé autour du poignet, les vestiges de la nuit dernière, t'as tenté de le cacher, avec tes bracelets dorés (j't'arrête tout de suite, ça se voit quand même). on t'a toujours dit que les étoiles les plus colorées, c'était celles qui étaient en train de crever, t'es pas l'exception qui confirme la règle. t'es pas du genre à te la jouer discrète, t'aimes qu'on te voit, même si c'est pour te voir mourir. t'as l'insolence des gens qui ont plus rien à perdre. peut-être que c'est pour ça que ça marche, entre raven et toi. vous êtes réveillées par les mêmes cauchemars. tu tires sur ta clope avec tes doigts vernis, vernis écaillé. t'as pas la classe des filles capulet, tu viens pas du même monde.

c'est le milieu de l'aprem, t'es encore bourrée de la veille mais t'arrives toujours à le cacher. elle t'a envoyé un message, alors tu viens, dans votre repaire improvisé. à l'orée du champ de coqueliquot, y a un banc et des mégots de cigarette. c'est là que vous avez pris l'habitude de vous retrouver.

elle est là.
tu sais pas pourquoi t'es surprise, elle est toujours là.
tes yeux sont immédiatement attirés par les traces de suçon dans son cou.
un sourire.
raven
tu t'assoies, tu croises les jambes, like the lady that you're not et t'embrasses sa joue.
t'as l'air d'avoir passé une meilleure nuit que moi. raconte.

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There isn't an ocean too deep
A mountain so high it can keep
Keep me away

☾ ☾ ☾

La tête baissée, le corps qui plonge dans les abysses. Elle sait pas pourquoi elle arrive pas à laisser tomber, elle sait pas pourquoi y’a son cœur qui bat trop fort quand l’Montaigu est dans la pièce. Elle enchaîne les conneries et elle sait qu’elle aura jamais l’choix, elle tirera jamais les bons numéros. Abel et Raven, ils étaient condamnés avant même que tout ça commence. Le sol se dérobe sous ses pieds et son cœur s’évanouit dans sa poitrine. Elle a l’sourire quand elle voit Alma. L’visage marqué par ce qu’elle peut pas avoir, par les choses qu’elle ne pourra jamais être. Raven elle a que des promesses en l’air à lui faire, elle peut pas tout changer pour elle.

Un baiser sur sa joue, et la Capulet s’assoit à ses côtés, sur la banc. L’regard fixé dans le vide, elle s’rappelle qu’Alma, ça pourrait être elle, si elle avait pas été retrouvée dans une rue pavée d’mauvaises intentions. Si elle était pas devenue l’projet inachevé du père Capulet. « T’imagines pas. » Un soupire s’échappe de ses lèvres teintées de pourpre. Dans l’champ isolé, elles ont l’air d’gamines perdues dans un monde qu’elles arriveront jamais à comprendre. « Alma, j’suis dans la merde. » Autour d’elles, le monde s’arrête jamais de tourner, et leurs rêves tombent aux oubliettes un peu plus chaque jour. Mais y’avait quelque chose de rassurant, dans l’fait qu’elles seraient jamais seules, tant qu’elles étaient ensemble. Alma, c’était la famille qu’elle osait pas avouer avoir. Elle prend une clope, avant de l’allumer d’un geste rapide. La fumée envahit déjà ses poumons crasseux. « Tu te rappelles, quand je t’ai parlé d’Abel Montaigu ? »

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elle lâche pas le morceau, raven, elle fait dans le mystère et dans les illusions. t'es pas dupe, pourtant, ses secrets tu finis toujours par les trahir. les gens sont des livres ouverts pour toi, t'as le genre de petite gueule à laquelle ils aiment se confier et au fil du temps, t'as appris à déchiffrer les énigmes de leurs sourires. t'aimes pas attendre même si tu dépéris pas à la lumière du jour, y a des étincelles dans tes yeux même si y a une clope qui te nique la gorge.  allez, dis. un coup d'épaule pour marquer ton impatience, ton sourire qui s'étend quand elle dit qu'elle est dans la merde. elle le sera jamais autant que toi. finalement, elle met un nom sur sa nuit. j'me rappelle de toutes les fois où tu m'as parlé de lui, chérie. t'es un peu intarissable sur le sujet, tu sais... c'est pas la première fois qu'elle évoque ce nom. et, à la regarder, tu comprends que c'est pas la dernière. si c'est lui qui t'a fait ça, j'me demande bien dans quel état il est.

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☾ ☾ ☾

L’vent souffle dans leurs mèches qui s’répandent dans l’air. Raven elle a cru qu’elle pouvait défier le monde entier, qu’elle pouvait refaire tout ce qui allait pas, qu’elle aurait toujours le choix de se battre, le choix de devenir quelqu’un d’autre. Elle pensait qu’la gamine des rues disparaîtrait au fur et à mesure que les bijoux s’aligneraient sur ses mains. Un éclat d’rire dans l’atmosphère, elle a besoin de personne d’autre quand elle a Alma. Elle pensait pas qu’elle serait les genre de filles qui aurait des amies, quelqu’un qui compte. Quelqu’un qui lui rappelle qu’la solitude est pas une fatalité. « Lui, c’est pas mieux. Il a jamais eu de meilleur coup. » Elle baisse le regard. Elle ose pas avouer qu’ça lui fait mal de devoir abandonner alors qu’son cœur se remet à battre. y’a des règles auxquelles les filles comme elles peuvent pas échapper. Les Montaigu, c’est l’ennemi. Les crimson, un gang de gamins qui s’battent pour du rien. Pour changer des choses qui pourront jamais l’être. L’destin leur crache au visage. « J’sais pas pourquoi c’est différent. Avec lui. » Elle la regarde. Elle a besoin qu’elle lui donne une raison, qu’elle lui dise qu’c’est possible, qu’elle a l’droit d’rêver, qu’elle a l’droit de devenir quelqu’un d’autre. « Ils vont me tuer, c’est sûr. »

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pas besoin d'interrogatoire, elle passe aux aveux. de toute façon, elle le sait raven, que tu diras rien, t'es une tombe. de toute façon, personne n'écouterait la pute que t'es, c'est bien le seul avantage que t'as. un jour, tu les balanceras, tous les secrets qu'on t'a murmuré sur l'oreiller, t'en as rien à foutre. t'es pas le genre de personne qui pense à l'avenir, pour avoir une espérance de vie, faut déjà avoir de l'espérance et t'en as plus. t'es alma blair et tu brûles dans la nuit à chaque fois qu'on te touche, t'es un tas de cendres et de regrets. raven, elle a le regard fuyant, quand elle te raconte ses secrets. tu la comprends, c'est pas facile d'être la fille de son père. y a un silence entre vous, quelques secondes pendant lesquelles tu plonges ton regard dans le vide. tu sais pas bien quoi lui répondre, parce que t'as beau dire c'que tu veux, t'es pas comme elle. tu t'en fous des querelles, c'est pas ton problème. enfin pas vraiment. finalement, y a tes yeux dans les siens quand ton sourire regagne ton visage. faut bien mourir de quelque chose. et toi, qu'est-ce que tu donnerais pas pour mourir d'amour. mais chut, le dis pas, t'es pas ce genre de fille, souviens toi, t'appartiens à personne, même pas en rêve. moi j'dis baise le jusqu'à ce qu'il y ait plus rien à baiser, prends tout, no regrets. t'as envie de lui dire, fais pas comme moi, te laisse pas avoir par toutes ces histoires, barre toi raven. y a des étoiles dans tes yeux, tu les a aspiré la nuit dernière pendant qu'on te dépossédait de ton corps. montaigu, c'est juste un nom, après tout. mais à night vale, les noms, c'est pas juste des noms, c'est des histoires centenaires et tu le sais aussi bien qu'elle. enfin bref. si c'est pas juste du cul, alors ça vaut le coup de tout foutre en l'air.

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☾  ☾  ☾

Elle secoue la tête, elle s’réveille en enfer et s’dit que c’est pas Night Vale. Elle aurait jamais dû s’en sortir, Raven, elle aurait dû finir dans les rues avec une seringue au bras. Sauf qu’depuis elle était enfermée dans une tour d’argent, en s’disant qu’elle était quelqu’un d’autre, une fille qui méritait plus que ça. Elle la regarde, y’a des rêves brisés dans ses yeux à Alma, ceux qu’elle pourra peut-être jamais avoir, ceux qui appartiennent qu’aux autres. Mais y’avait des moments où Raven, elle s’disait qu’un jour, ça pourrait être un peu plus que des rêves, que ça pourrait compter, pour de vrai, cette fois. Les choses changent en permanence. Elle le savait. Peut-être que ça serait pareil, un jour, à Night Vale. Là où les gangs s’affrontent pour se montrer qu’ils ont la force de se battre, là où les gens deviennent parfois des héros en une seule nuit. « Alma, t’es obligée de parler comme ça ? » Un long soupir. La gamine des rues se revoyait en enfer et elle essayait d’écraser les souvenirs comme sa clope sur le rebord du banc. « T’sais que c’est plus qu’un nom, ici. » Elles pourraient pas échapper à tout. C’était presque ridicule, de se dire qu’aujourd’hui elles avaient plus qu’un espoir trop faible pour leur offrir plus que la réalité. « Ce que tu fais, ça t'empêche de vouloir autre chose. Quelque chose de plus, j'veux dire. Avec quelqu'un. » Les illusions, elles étaient devenues plus belles, plus grandes que ce qu’elles auraient pu avoir autrement. « Et j’sais que c’est pas ce que tu voulais. Pas vrai ? » Leur regard qui s’mêlent, et Raven elle a envie d’lui dire qu’elle devrait croire en autre chose. Qu’la vie c’est pas censé être les hommes qui claquent sa porte quand ils ont finis et des billets laissés sur sa table. « Même si tu l’diras pas. »

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ton insolence, tu la portes au coin de tes lèvres et ton sourire s'étend à chaque fois qu'elle soupire. t'y peux rien, t'es comme ça, t'es le genre de filles qui brûle un peu trop fort, elle s'en remettra. raven, elle s'enfonce dans les légendes qui lui appartiennent pas, allez, c'est du passé, ça demande plus qu'à être oublié, on s'en fout, vis, un peu. t'as pas le temps d'en placer une, parce que y a une vague qui te heurte de plein fouet. tu t'y attendais pas, au jugement dans sa voix. ce que tu fais, alma, ce qui t'empêche de vouloir quoi que ce soit, tu sais, ce que tu fais la nuit, derrière des portes closes, les cris simulés dans des draps immaculés, leurs doigts contre ta peau, leur goût sur tes lèvres. ton visage se fige et ton coeur éclate, tu t'y attendais pas. t'aurais dû savoir.

entre raven et toi, du silence et des particules de poussière. tu tires sur ce qui reste de ta clope, tu baisses les yeux. t'es plutôt du genre à réagir au quart de tour mais t'as la gorge serrée, là, alors t'attends un peu. puis y a un sourire amer qui orne ton visage quand t'oses enfin relever les yeux vers elle. c'que j'fais, hein ?
elle ose pas l'dire.
alors tu le dis à sa place.
fais pas genre, toi aussi t'as sucé, la seule différence c'est que j'suis payée pour, et qu'j'suis plus douée.

et tu t'arrêtes, en plein vol. tu tires sur ta clope, plus longtemps, cette fois, tu te crames la gorge parce que t'as pas envie que ta voix te trahisse. t'es pas croyable... t'es bien décidée à en rester là pendant un quart de seconde, puis y la colère qui cogne aux portes de tes poumons, ç a y est, tu te rallumes une deuxième clope et t'appuies sur la détente de ton regard revolver. p't'être que t'es une princesse ici, raven, mais dans l'vrai monde, personne n'en a rien à carrer des montaigu et des capulet. et tu te lèves, tu te prépares à t'en aller, mais finalement tu te retournes vers elle, tu tiens pas en place, ça y est, t'as envie de hurler. mais tu le fais pas. car une partie de toi sait qu'elle a raison. tu refuses de l'admettre, pourtant, pas devant elle. et puis moi, j'suis pas comme toi, j'dépends d'personne, moi, j'ai pas besoin d'un putain d'mec, j'leur appartiens pas. un jour, t'avais vu trois clients dans la nuit et t'a failli en finir, mais au dernier moment, tu t'es ravisée et t'as prié. à genoux, t'as prié pour qu'on te donne des ailes pour que tu puisses t'enfuir de cette putain de citadelle. tes prières, elles font trembler ta voix quand tu les dis à voix haute à raven. un jour j'me tirerai d'ici, j'partirai loin. un haussement d'épaules.  toi, tu s'ras encore en train d'te demander si tes parents t'en voudront de baiser un montaigu.

t'as pas envie d'être méchante avec elle. pas envie de lui en vouloir.
pas envie de la perdre.
alors tu te rassois, à côté d'elle.
cette fois-ci, tu croises les bras.
et t'es qui pour me juger ? dieu ? j'crois pas, t'es juste une rouquine avec un ego surdimensionné.
et tu lui offres ton plus grand sourire.

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☾  ☾  ☾

Elle lui dit qu’un jour elle partira. Qu’elle se cassera, de cette putain de ville qui leur bouffe les tripes. Elle lui dit qu’elle s’en ira et qu’il y aura pas d’retour en arrière. Raven, elle sait qu’elle partira pas, qu’elle est enchaînée à cette ville comme une putain d’prisonnière, qu’les chaînes sont faites d’argent et qu’les miracles appartiennent à ceux qui contrôlent Night Vale. Elles ont pas tiré l’billet gagnant. Elles perdent encore et encore, jusqu’à ce que la douleur devienne dérisoire. A force de se croire au-dessus du monde entier, elle a fini par oublier qu’elle avait aucune carte en mains, aucune chance pour se battre. Elle aurait qu’des ruines, dans son palais brillant un peu trop fort, Raven. Les bijoux s’multipliaient comme des cordes autour de son cou. Elle voulait des raisons pour quelque chose qui pourrait jamais lui en fournir. Un îlot d’mensonges. « J’suis désolée, je voulais pas dire ça. » Elle la prend dans ses bras. Elle arrive pas à lui en vouloir pour dire la vérité. Alma, c’était la seule qui la crachait, aussi rude soit-elle. Peut-être que c’était pour ça qu’elle comptait autant, parce qu’elle pourrait jamais être une connerie de plus à la liste déjà grande qu’elle établissait chaque jour. « J’suis désolée. » Elle la serre trop fort, parce qu’les sourires lui suffiront jamais. Les amis s’faisaient rares dans la ville.

« C’que je voulais dire, c’est qu’pour moi tu vaux mieux que ça, tu mérites plus que ça. » Elle regarde l’horizon. Pleins d’histoires qu’on pourrait jamais raconter. Pleins d’souvenirs qui finiront par disparaître un jour. « T’es ma seule vraie amie ici. » Un haussement d’épaules. Elle savait qu’elle était capricieuse, Raven. Qu’elle se cachait dans des illusions pour faire comme si elle valait plus que ceux qui vivaient dans les rues, alors qu’en réalité, tout ce qu’elle était, c’était rien de plus qu’une promesse dans l’vide. « Peut-être qu’j’suis prisonnière d’cette ville moi aussi. » C’était pas peut-être. C’était la vérité. Elle appartenait à Night Vale et elle s’en irait jamais. Elle le savait. Elle aurait pas d’autres échappatoires, pas cette fois. Elle aurait qu’des histoires inachevées à raconter. Alma, elle, elle pourrait s’casser, elle pourrait fuir et jamais revenir, elle pourrait devenir quelqu’un d’autre et qui sait, arrêter l’cauchemar, stopper la réalité, vivre autre chose qu’la crasse et la pourriture. « J’ai l’impression d’crever un peu plus chaque jour. »

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raven t'enveloppe dans ses bras et il t'en faut pas plus pour accepter ses excuses. toi, tu te blottis contre elle comme si elle était ton seul refuge. t'as longtemps refusé qu'on te touche à la lumière du jour. aujourd'hui, ta peau engourdie sent plus rien. elle te serre contre elle et tu passes ton bras autour de sa taille. tu laisses ta tête se reposer contre son épaule. moi aussi, meuf. y a du rouge à lèvre sur ta clope, de la nicotine sur tes lèvres et t'as plus la force de jouer à la meuf plus forte que tout. c'est rare, que tu te montres vulnerable, rare que t'admettes que cette ville est en train de te dévorer jusqu'à la moelle.  pourquoi c'est différent avec lui ? peut-être qu'elle a raison, raven. peut être que tu mérites mieux, que toi aussi, tu l'auras, ta putain de belle histoire. mais t'y crois pas, non, t'y crois pas.

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☾ ☾ ☾

Elles ont des étoiles pleins les yeux, les gamines, les rêves pleins la tête en s’imaginant valoir plus que quelques pièces. Alma elle la serre dans ses bras et elle se rappelle c’que ça fait de compter pour quelqu’un. Là où l’amour s’mesure en parures et en belles maisons, y’a pas de place pour les filles comme elles. Jusqu’au jour où il finit par en avoir. Un léger rire qui s’échappe de sa bouche. Les moments d’joie, ils étaient devenus rares, un peu trop. « J’sais pas, il... » Un nouveau haussement d’épaules. Elle s’détestait d’prendre les habitudes du père Capulet, comme un miroir qui peut pas s’empêcher de donner un reflet. « J’ai l’impression qu’il s’en fout, qu’j’sois une Capulet. » Elle voulait s’sentir en vie, elle voulait qu’son cœur trépigne d’impatience à l’idée d’le voir, elle voulait qu’ses yeux brillent quand il était dans la pièce. « Qu’il voit autre chose qu’la jolie fille. Qu’il m’voit moi, ou un truc du genre. » Elle soupire. Elle sait qu’le compte-à-rebours est déjà lancé, qu’les minutes sont contre elle. « J’pensais pas dire ce genre de … conneries un jour. »

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t'as les yeux dans l'vague, le sourire aux lèvres. y a le vent qui fait valser les coquelicots, là, juste en face de vous, comme si la ville n'existait pas,comme si la nuit ne tomberait jamais.
ah,
le soleil se rapproche de l'horizon
et t'as le coeur qui se serre.
raven, elle te raconte ses amours, et tu peux pas t'empêcher de rêver, à ce que ça ferait si quelqu'un t'aimait comme ça, si quelqu'un te voyait, pour autre chose que la pute que t'es. toi aussi, t'aimerais faire tourner tes planètes autour d'un mec, juste comme ça, juste pour voir, mais tu l'dis pas, tu préfères tirer sur ta clope en te promettant que ton coeur en cendres battra jamais pour quelqu'un d'autre. c'est vrai qu'il a des beaux yeux, abelito, hein ? un coup d'épaules, tu t'fous de sa gueule, mais à moitié seulement. l'autre moitié, elle jalouse, la façon dont elle sourit quand elle parle de lui. et à part ça ? qu'est-ce qui t'fait craquer chez lui ? t'as pas envie de penser à c'qui t'attends ce soir, alors tu fais c'que tu sais faire de mieux, tu transformes l'éphémère en éternel, tu t'allonges sur le banc, tu prends toute la place et tu t'en fous. tu poses ta tête sur ses jambes, tu prends tes aises, elle a l'habitude. allez, rav, raconte, divertis-moi, merde.

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☾ ☾ ☾

L’sourire qu’elle arrive à peine à dissimuler, Raven, quand elle parle d’Abel. Comme un conte qu’ils ont pas encore eu le temps d’écrire, comme une histoire qui s’développe au fur et à mesure des pages. Son cœur a jamais été à prendre, avant. Puis maintenant à chaque pas elle se demandait si elle arriverait à accepter de finir seule. L’visage fermé, elle rêvait de devenir quelqu’un d’autre, d’sentir son cœur battre à nouveau, même pendant quelques secondes. « Il est drôle. » Elle regarde Alma, comme si y’avait une évidence qu’elle seule pourrait comprendre. Comme si elles avaient partagés des larmes en se souvenant des filles qu’elles auraient pu être. Y’avait d’autres gars, d’autres visages. D’autres yeux qu’elle a fini par oublier. « Il s’en fou d’être riche ou pas. Il essai pas d’m’acheter. » Elle s’rappelle des bijoux, des cadeaux, des parades qui déferlaient comme des mensonges. Alma non plus elle y croyait pas. « Il m’regarde pas comme les autres. » Son regard croise celui d’Alma. Elle voudrait qu’elle le rencontre, qu’elle voit. Elle voudrait qu’elle aussi elle puisse savoir ce que ça fait, d’savoir qu’on est plus vraiment seule au monde. « Puis ... » Un sourire en coin. Un air rieur. Y’avait plus d’secrets entre elles depuis longtemps. « Il sait c’qu’il fait. » Elle regarde l’horizon sans réponse, en s’demandant si elle, elle aurait l’cran de partir un jour. « J’veux juste pas qu’il m’brise le cœur. » Elle secoue la tête. « T’as rencontré personne de spécial, toi ? »

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tu l'écoutes, rav, tu bois ses mots et tu les vois, les étoiles dans ses yeux, quand elle parle de lui. stop, arrêtes, tu t'es promis de plus tomber amoureuse, t'as pas besoin d'un mec, souviens toi, t'as besoin de personne. tu l'sais, qu'c'est faux, mais t'as toujours préféré tes mensonges à leur vérité. tu t'racontes des histoires, alma, tu t'perds dans les poèmes d'un autre temps, comme si y avait quelque chose de grandiose qui t'attendais. mais tu meurs, regarde toi, tu meurs à chaque fois que le soleil se couche. tu souris quand elle te dit qu'il sait c'qu'il fait. elle parle pas comme toi, raven, elle est subtile et distinguée, elle dit les choses à demi mots, elle se protège. pas toi. t'es entière, t'arrives pas à dire autre chose que c'que tu penses. alors, tu prends sa main, comme pour lire sa ligne de vie, comme pour t'assurer que c'est bien toi qui partira la première, et pas elle. t'es un fantôme dans la vie des autres, un souvenir destiné à être oublié, tu veux rien laisser derrière toi, à part des ruines. hier j'ai rencontré un clochard qui m'a dit que j'allais épouser johnny depp... un éclat de rire, avant de tirer sur ta clope. et puis, c'que j'fais, ça m'empêche de vouloir quelque chose de plus, pas vrai ? t'aurais pas dû dire ça, tu le sais, mais t'es bornée quand tu t'y mets, et t'as la rancune tenace, tu pardonnes pas. j'aime bien ta bague, tu m'la prêtes ?

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☾ ☾ ☾

C’était facile, de tout avoir et d’tout perdre. C’était facile d’se retrouver dans un monde où y’avait que des illusions et tout abandonner. Raven elle a cru qu’elle pouvait s’rapprocher du soleil et l’toucher du bout des doigts, sauf que c’était rien de plus qu’une chute inévitable. L’soleil lui avait brûlé le visage, l’cœur était en miettes et elle osait plus imaginer un monde où elle serait seule à nouveau. « ça sera peut-être pas Johnny Depp. » Dans ses rêves, Alma elle restait, elles continuaient à refaire le monde avec des mots et elles changeaient les couleurs de Night Vale pour qu’la ville devienne comme une galaxie éloignée. « Mais tu pourrais avoir quelqu’un. » Elle le pensait, qu’son cœur pourrait un jour être pris, à Alma. Qu’ses yeux auraient plus le même regret, qu’ils finiraient par porter d’l’espoir. Elle s’en veut d’lui avoir fait penser qu’elle valait mieux, parce que tout ça, c’était rien de plus que des conneries. « J’te la donne, si tu l’aimes tant que ça. » Raven, elle ose pas lâcher sa main, de peur qu’Alma elle devienne un autre mirage. « Tu veux t’en aller, pas vrai ? »

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peut-être qu'elle avait raison, rav. peut-être que tout était possible et qu'il fallait pas se laisser abattre par les blessures du soleil. peut-être que t'étais pas destinée à faire partie des cendres du désert et peut-être que la vie te réservait autre chose, t'en sais rien. tu pourris dans ton motel aux allures de château de verre et t'exploses en nébuleuse à peu près tous les soirs à la même heure. comment t'en est arrivé là, tu l'sais plus très bien. y a des visages et des noms, ouais, mais tu leur fera pas le plaisir de les dire à voix haute. avec un sourire, tu prends la bague qu'elle t'offre pour la passer à ton doigt. tu dis pas merci, c'est pas dans tes habitudes. j'peux pas rester ici alors que le monde fait trois millions d'hectares. tu sais pas vraiment quelle est la superficie de la terre, mais tu te doutes que c'est un truc comme ça. t'es pas allée à l'école, du moins t'y es pas restée bien longtemps. t'as besoin de bouger, de courir, de partir, c'est comme ça. j'veux partir, voir l'océan, j'veux grimper au sommet des montagnes, j'veux passer les frontières clandestinement, m'faire arrêter, j'veux marcher là où personne d'autre n'a marché avant, j'veux aller en europe, voir à quoi ça ressemble, en vrai, j't'enverrai une carte postale pour chaque ville que je quitterai, t'en fais pas. tu t'redresses, parce qu'en racontant tes futurs souvenirs, tu t'sens libre. alors, tu t'lèves, debout sur le banc, comme si tu dominais l'monde, comme si personne pouvait plus jamais te mettre à genoux.  et un jour, j'reviendrai, mais je s'rai pas la même. j'srai la pute de personne et j'raconterai à tout l'monde comment paris est tombé à mes pieds.  

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☾ ☾ ☾

Elle s’rappelle d’avant, du monde auquel elle rêvait quand elle se trouvait dans la rue, dans un univers où y’avait pas d’place pour la fuite. Elle s’rappelle de toutes les fois où elle a pensé qu’s’enfuir ça serait la seule solution. Sauf qu’son corps la ramène toujours à Night Vale, aux règles absurdes et aux gamins qui s’battent dans les rues pour quelque chose qu’ils osent pas voler. Raven elle sait qu’c’est son monde, l’seul qu’elle puisse accepter. Puis y’a Alma et ses rêves de grandeur, Alma qui s’imagine tout en haut du monde, à marcher sur tous ceux qui se sont foutus d’elle. Y’a une part d’elle qui voudrait faire comme elle. S’enfuir et jamais revenir. Devenir un nom qu’on murmure au coin des rues, comme un souvenir, un mythe, sans pouvoir démêler le vrai du faux. Alma, elle voudrait la suivre jusqu’au bout de la terre, mais peut-être qu’ça se passerait jamais comme ça. « J’voudrais ça pour toi aussi. » La chute serait trop longue. L’cœur enchaîné à une ville qui a que d’la passion à revendre, elle se dit qu’il y aurait qu’un ouragan qui pourrait l’aider à respirer à nouveau. S’noyer c’était son seul espoir pour s’relever. « Non en fait, j’veux pas que tu t’en ailles parce que ça serait horriblement ennuyeux sans toi ici. » Elle a pas envie qu’elle parte, parce qu’Alma, elle est pas comme les autres. Elle a quelque chose de lunaire, elle lui rappelle qu’elle aura pas l’éternité et qu’ses poumons seront pas toujours remplis d’air. « Peut-être que j’serais toujours là. Ou au fond d’la rivière. » Raven, elle vit ou elle crève, mais c’est jamais un entre-deux.

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redescendue de ton piédestal, tu vois le monde différemment. un peu comme raven, en fait. envolées, tes illusions, tes rêves de grandeur semblent lointain. tu peux entendre la contradiction dans sa voix quand elle dit qu'elle aimerait que tout ça se réalise, tes rêves, tes espoirs. ça te fait peur, parfois, de rêver en grand. un sourire sur ta face quand elle te le dit, qu'elle aimerait pas que tu te barres. entre vous, c'est compliqué, pas le genre d'amitié qu'on voit dans les films. les choses, vous vous les dîtes en silence. pas d'je t'aime entre vous, mais des gestes pour le prouver. t'as fini de croire aux mots, de toute façon.

au fond de la rivière, elle est persuadée qu'elle crèvera tôt, raven, surtout depuis qu'elle fricote avec l'autre montaigu. tu vois, raven, elle a pas eu la vie facile, c'est pour ça que tu t'entends bien avec elle, vous avez connu les mêmes galères. elle a pas envie d'y retourner, sur le trottoir. tu te blottis contre elle, la tête sur son épaule. t'inquiète. j'irai te repêcher. un éclat de rire pour cacher la misère. tu profites d'un moment d'inattention pour choper son téléphone. fais voir ton téléphone, j'suis sûre que tu l'as mis en fond d'écran.  manqué. abel, c'est pas son fond d'écran. son fond d'écran, c'est un putain de tableau d'intello devant lequel tu grimaces. alors, pour le remplacer, tu prends un selfie et arbore un sourire satisfait. puis, tu peux pas t'en empêcher, t'ouvres l'album photo, et t'es pas déçue. c'est quoi cette photo ?   un air faussement choqué quand tu te retournes vers elle. raven !

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There isn't an ocean too deep
A mountain so high it can keep
Keep me away

☾ ☾ ☾

« t'inquiète. j'irai te repêcher. » La promesse suffit. Les mots seront jamais qu’des barrières qu’elles arrivent pas à franchir. Cachées derrière des mirages, elles s’rappellent plus ce que ça fait, de croire en quelque chose si fort que ça leur donnerait la force d’se sentir libre à nouveau. Les regrets, c’étaient pour les autres. Les histoires qu’elles se racontaient, elles pouvaient pas changer la réalité, même si c’était beau d’espérer. « fais voir ton téléphone, j'suis sûre que tu l'as mis en fond d'écran. » Elle tente de protester, sauf qu’ça marche pas comme ça, avec Alma. Peut-être que c’est facile de se dire qu’elles peuvent pas y échapper, de s’dire que pour elle, y’aura toujours ce visage familier, celui qui hurle qu’il reste quelque chose de plus, derrière les mensonges et les cauchemars. « c'est quoi cette photo ? » Elle voit l’écran, et elle comprend le problème. Abel, il a pas été discret, en envoyant une photo d’son anatomie à 3 heures du mat. « raven ! » Un éclat de rire, et elle cache son visage dans ses mains. « … Je te déteste. » Elle lève ses deux mains en l’air. « Il me l’a envoyé. C’est pas moi. » La tête penchée sur le côté, elle la regarde en s’disant qu’chaque fois qu’elle la voit, ça pourrait être la dernière fois. C’qu’elles ont, Raven et Alma, c’est spécial. C’est ce genre d’amitié qu’on rencontre qu’une fois dans sa vie. C’genre d’histoire dont les autres rêvent sans jamais pouvoir l’atteindre. « Prends pas cet air choqué. » Quelque chose d’grand. Une putain d’belle histoire. C’est c’qu’elle dirait, Alma. « J’suis sûre que tu me caches quelque chose. »

now you're just a scar
a story i tell
such an ugly mark
but i wear it so well

t'éclates de rire si fort qu'on pourrait l'entendre à l'autre bout du désert, ton rire. t'as du mal à le croire que raven, la plus classe et coincée des filles capulet ait des photos de cul sur son téléphone. alors tu ris jusqu'à en pleurer, parce que t'as pas d'autre choix et pendant que tu ris à t'en éclater les poumons, tu vis. l'hotel existe plus, et ta chambre a disparu, et t'as pas rendez-vous à 21h ce soir avec un inconnu. puis la réalité te rattrape, juste un peu, parce que t'as toujours été plus rapide qu'elle de toute façon. ta respiration se calme. ta tête reposée sur l'épaule de raven, tu soupires. j'ai rien à cacher. mais dès que j'aurais un truc à cacher, tu seras la première à le savoir. promis juré. tu continues d'arpenter son téléphone pour découvrir les secrets que personne connaît, les photos cachées d'abel, les moments auxquels t'assistera jamais, une vie qui est pas pour toi, essaye même pas. beau gosse, cela dit. t'as d'la chance. lassée des photos, c'est vers les textos que tu te diriges. t'es trop curieuse, mais elle t'arrête pas raven, alors t'en profites, sans aucune gêne. aw. il est cute, ce mec. un peu con, mais cute.

i will follow you

I will follow you
Follow you wherever you may go
There isn't an ocean too deep
A mountain so high it can keep
Keep me away

☾  ☾  ☾

Son rire qui retentit dans l’adversité, sa tête sur son épaule, peut-être que c’était suffisant, que ça serait la seule chose dont elle aurait besoin. Raven, dans une ville qui brûle de l’intérieur, elle rêve d’un monde dont on parle dans les livres, un monde qui n’existe pas à Night Vale. Elles avaient des étincelles dans les yeux, des cœurs brisés à force d’attendre et une douleur qui ne disparaissait jamais vraiment de leur poitrine. Alma, elle s’imaginait pas la perdre du jour au lendemain. Peut-être que c’était stupide, de s’attacher à un courant d’air. Peut-être que c’était c’genre de moments qui lui rappelaient que ça valait la peine, de continuer. « Ils sont tous un peu cons. » Elle dépose sa tête sur la sienne. elle voulait plus d’mensonges, Raven, quand bien même ils étaient rassurants. « Peut-être que c’est toi qui a raison. Peut-être qu’on devrait juste se casser d’ici. » Y’avait quelque chose de grandiose, à imaginer à quoi leur vie pourrait ressembler, si elles disparaissent maintenant. Si elles s’retrouvaient perdues sur des routes que personne n’a jamais emprunté, si elles fuyaient dans des pays dont elles n’avaient jamais pu rêver auparavant. Mais le destin la ramenait toujours à Night Vale. Comme si les étoiles en avaient décidé autrement. On ne peut pas combattre contre quelque chose qui était déjà écrit. Alma et Raven, elles le savaient pas, qu’elles partiraient jamais sur un coup de tête. C’était ça, leur véritable tragédie. « Mais après il m’regarde et… » Elle soupire longuement. Des conneries, des putains de conneries. « Putain, ça y est. J’suis une imbécile heureuse. » Un éclat de rire qui efface le passé et toutes les choses qu’elles n’ont jamais pu faire. Elle ferme les yeux. « Faut que j’lui dise que c’est fini. Puis toi et moi on s’enfuira en Italie. »