Mother knows best.

Mother knows best.

ft. Axiane & Silas.

present days, early morning. (around 8h45 am)

Ce matin-là, la luxuriante propriété de la Villa était embaumée de la bonne odeur du café et la carafe italienne était déjà sur le fourneau, prête à chauffer ; la gouvernante avait dressé la table du petit-déjeuner très tôt ce matin, avant de prendre congé pour le reste de la matinée. Un petit coup de main supplémentaire pour Axiane qui avait entre les mains ce mandat de préparer le petit-déjeuner pour toutes les abeilles. C'est qu'il fallait bien que l'un d'entre-eux veille à la bonne nutrition de toute la famille. Certes, être Capulet, on aurait pensé qu'ils auraient préféré se pourvoir des services d'un cuistot, mais ils économisaient sans doute beaucoup en élaborant eux-mêmes leurs menus et cette tout naturellement que la Blonde s'en était portée volontaire. À la base, elle ne s'était jamais intéressée à la cuisine, mais elle savait qu'ils ne pourraient pas compter sur Lyn, sans parler de ses autres belles-sœurs. La première aurait fait une cuisinière passable si elle ne se laissait pas si aisément distraire par n'importe quoi. Quand à la seconde, elle pouvait changer du tout au tout en un clin d’œil, une véritable girouette. Et de toute manière, il tenait à la volonté d'Axiane que de s'impliquer et s'investir toujours plus dans les projets familiaux.

Ainsi donc, il lui avait semblé avoir entendu la pauvre ménagère s'activer frénétiquement aux alentours de six heures et demie du matin, aux prémisses du soleil levant. La mère de famille s'était alors dit qu'elle attendrait jusqu'à sept heures avant de descendre, mais Melchior en avait décidé autrement, et l'horloge numérique affichait les neuf heures moins le quart lorsqu'ils s'extirpèrent finalement tous deux de leurs draps de satin, délaissant derrière eux un véritable champ-de-bataille nuptial. Enfilant pudiquement un peignoir sombre sur son pyjama de flanelle rose, elle descendit, rayonnante, les nombreux escaliers de la Ruche des Capulet pour rejoindre la cuisine, là où son véritable rituel matinal prendrait place. Elle traversa sans plus de cérémonie le grand salon et la baie vitrée de la véranda avant de se rapprocher de ses coquettes effluves qui, à ne pas en douter, aurait pu la faire ronronner. Mais alors, qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'en pénétrant dans la cuisine, elle vit une silhouette juvénile attablée – disons plutôt évêché – au-dessus du comptoir de marbre au centre de la pièce. Sa voix douce, alors, trahissait l'étonnement ; c'est qu'elle avait toujours eu cette habitude de déjeuner seule : « Bonjour mon chéri. Tu as bien dormi? » Ces marques d'affection spontanée, il n'y avait qu'à ses neveux et ses nièces qu'elle les réservait. C'était d'un naturel, puisqu'en dépit de l'amour inconditionnel qu'elle éprouvait pour ses enfants, elle n'avait pas à se montrer regardante sur les actions des autres.

« Tu as faim, trésor? Je peux te préparer un petit quelque chose si tu en as envie. » lui demanda-t-elle affectueusement, lui caressant le sommet de l'épaule au passage. Se saisissant de la bouilloire, la Blonde l'alluma derechef et ramassa, nonchalante, les quelques miettes séchées et éparpillées sur le plan de travail autour du grille-pain. Les reins encore endoloris, mais non sans agrément, par la frénésie de l'assaut de Melchior dans leur chambre à coucher, elle fixait derrière les grandes fenêtres de la cuisine l'éclat verdoyant de la pelouse et les traînées de gris et de rose dans le ciel livide du petit matin. De là, la Capulet pouvait admirer le panorama grandiose qui faisait la gloire de la Villa, avec sa vue imprenable sur l'entièreté (ou presque) de Night Vale et du désert en contrebas. « J-je... je n'ai pas entendu Fidelio rentrer hier soir... » On devinait l'agacement dans sa voix, comme si toute l'anxiété de son état de mère s'était transposée à travers ces quelques mots. C'est que son petit prince était la source actuelle d'une inquiétude viscérale depuis qu'elle l'avait surprise dans sa chambre aux côtés de cette démone de Davis ; ses comportements inusuels ne lui échappaient pas et remuaient en elle les affres sourdes d'une terreur que n'était capable de nourrir qu'un cœur de génitrice. Instinctivement, Axiane se remémorait le lendemain de sa naissance et ses longues heures interminables à la maternité de l'hôpital de Night Vale, à l'y attendre. Prête à donner le sein à sa magnifique progéniture ; vingt-et-un an plus tôt, alors que la hantait toujours ses premiers hoquets d'enfançon affamé, se duvet soyeux et scintillant par la lumière du jour inondant sa chambre à la maternité. « Est-ce que... t-tu sais où il était? » Glissant quatre tranches de pain dans les fentes de l'appareil, elle enfonça le minuteur sans délicatesse, cherchant, en vain, à se concentrer sur la préparation d'un petit-déjeuner pour chasser le sang d'encre qu'elle se faisait pour l'« aîné » de ses loupiots.

☾ avatar : ben nordberg. ☾ querelles : 67 ☾ destiny : 28/01/2018

c'est à la Villa Capulet que tu te réveilles. en boxer dans ce qui fut ton lit il y a quelques années.
l'esprit embrumé par les quantités d'alcool ingurgité la veille. les souvenirs sont vagues, tu as abusé comme à ton habitude, du bourbon, de la poudre et des femmes. tu as abusé et t'es rentré au volant de ta Maserati, complètement inconscient. tes doigts tâtonnent sur le côté, à la recherche de ton téléphone. quelques appels manqués, des messages inutiles, et l'heure qui s'affiche en grand : neuf heure et cinq minutes. tu te laisses retomber mollement sur le matelas. il te faut quelques minutes avant de te rendre compte que tu ne retrouveras pas le sommeil, alors tu décides de te lever. des mois, peut-être un an que tu n'as pas foulé le carrelage parfait de la villa de bon matin. pied nu, en boxer toujours. c'est la cuisine qui t'attire, comme toujours. tu n'as pas perdu les bonnes habitudes. tu serais prêt à t'asseoir et attendre que l'on te serve un petit déjeuner de roi. c'est comme ça que se passait les choses lorsque tu étais enfant et adolescent, tu n'as jamais eu à te soucier de rien. les domestiques veillaient à ce que les futurs rois ne lèvent pas le doigts, s'affairant à droite à gauche en permanence pour vos bons plaisir. tes tantes aussi parfois, ta mère peu souvent. alors tu tires le tabouret au en face du comptoir et tu t'y écrases, ton iphone claquant sur la pierre. des carafes de jus de fruits frais son alignées et tu n'as qu'à tendre la main pour te servir un verre. ta tête repose sur ta main, ton coude sur le comptoir. le silence est maître des lieux. et tu te rends comptes que la villa ne t'avait pas manqué. bien trop immense pour croiser l'un de ses habitants. mais le destin en a décidé autrement, puisque tu entends la douceur de sa voix. un fin sourire se dessine sur tes lèvres quand tu redresses la tête et que tu l'aperçois. Axiane dans son peignoir de soie. de quoi jouer en faveur de ta bonne humeur. tu l'observes avec attention quand elle s'approche. Tu as faim, trésor? Je peux te préparer un petit quelque chose si tu en as envie. lance-t-elle en passant à tes côtés, sa main s'égarant avec douceur sur ton épaule, et par réflexe tu te retournes pour ne perdre aucun des mouvements de son bassin. je n'ai jamais été un grand mangeur de si bon matin. réponds-tu alors qu'elle s'active déjà, tes paroles elle n'en a que faire. elle est ce genre de femme, à prendre les décisions à votre place. J-je... je n'ai pas entendu Fidelio rentrer hier soir... t'arques un sourcil, tu sens l'inquiétude dans sa voix. Est-ce que... t-tu sais où il était? tu te racles la gorge, détournant enfin les yeux de sa plastique pour te concentrer sur ton verre. je ne sais pas non... mais tu ne devrais pas inquiéter. ce n'est plus un gamin. ta voix trahi un certain amusement contrôlé. fidelio est un gosse, vous le savez tout les deux. mais il ne lui est rien arrivé, c'est un Capulet. un Dieu vivant que rien atteint, tout comme toi. tu te redresses, tu t'approches d'elle et passe ton bras autour de ses épaules. viens t'asseoir, tu n'as pas besoin de t'occuper de moi ce matin. du moins tu n'en as pas envie, depuis le temps que vous ne vous êtes pas vu. les domestiques peuvent bien faire leur apparition et s'occuper de tout, ou alors tu l'inviteras à déjeuner. si j'avais su que je te croiserais, je me serais apprété ! tu l'as lâché pour retrouver ta place. excuse moi pour cette tenue, peu convenable. tu grimaces légèrement. tu n'aimes pas lui faire mauvaise impression, pas à elle. sans doute l'une des rares avec ta mère dont l'avis t'importe.

Mother knows best.

ft. Axiane & Silas.

present days, early morning. (around 8h45 am)

La Capulet attendit un instant, se laissant guider jusqu'à cet îlot de marbre, sans même chercher à apposer une quelconque forme de résistance. Elle opina, tout simplement. Un sourire flottant sur ses lèvres roses tandis que scintillait une lueur d'amusement au fond de la prunelle. C'est que les enfants possédaient tous ce même besoin, ce même empressement d'émancipation à l'égard de leurs géniteurs, tandis qu'aux yeux de leurs parents, ils n'en demeuraient jamais moins que leur progéniture. Elle ne pouvait pas les blâmer, elle qui avait fait un pied-de-nez à son propre père pour franchir les barrières du Northside et mariée un prince d'un richissime empire dont elle revendiquait, aujourd'hui, fièrement la coiffe. C'était connu, les parents avaient tous cette fâcheuse habitude d'oublier qu'avant de pondre et enfanter, ils avaient été des gosses eux-aussi... Apposant doucement une paluche contre sa joue, à la manière du frôlement de l'aile d'un papillon, son sourire s'accentua. « On peut grandir et même vieillir, mais pour sa mère, on reste toujours un petit enfant. » Elle examina, l'instant d'une seconde, ce faciès masculin, se superposant immanquablement les traits juvéniles dont se remémorait ses souvenirs. Ce petit Capulet qu'elle avait vu pousser et grandir, petit bourgeon devenu empereur de ses propres et ambitieuses velléités. Le pouce maternel flatta un instant ce petit duvet qui lui charbonnait le labre, et la menotte grimpe plus lentement jusqu'à cette mèche revêche au sommet de son crâne qu'elle tenta, sans véritable conviction, à faire s'affaisser. « Tu es parfait, mon chéri. La tête inclinée sur le côté, elle contempla d'un œil critique la longue silhouette de son neveu ; de la famille Capulet, il possédait ce profil distingué, aquilin et pâle, quoi enorgueilli de lèvres finement sculptées et d'yeux bleus et félins, bordés de long cils noirs. Blondes aussi étaient les boucles hirsutes de sa chevelure qui lui roulaient sur la nuque que n'auraient pas reniées les plus grands des artistes. Un vrai petit Prince Capulet. »

Une dernière caresse sur la nuque, et la Blonde-abeille s'éloigna de quelque pas pour prendre place sur l'un des tabourets en face de lui. Nonchalamment, elle croisa ses jambes fuselées, ne laissant rien de son sourire s'éteindre. Dans le mouvement, son peignoir entrouvert laissa transparaître de fines bretelles dorées, dévoilant le haut de ses seins menus, posés sur ses avant-bras. Sous l'effet de la pression verticale ainsi exercée, sa poitrine paraissait plus lisse et rebondie que lorsqu'elle portait un soutient; c'était à en oublier, qu'à ses seins, s'étaient abreuvés cinq enfants. « Tu sais... commença-t-elle, jetant un regard appréciatif à la cuisine, et plus arbitrairement à l'entièreté de ce palais, la Villa perd de son éclat à chaque fois que l'un d'entre-vous la quitte. En dépit qu'elle puisse avoir correspondre en tout point à ce qu'elle avait aspiré, au sein de ce quartier calme, de ceux où les gens parlaient à voix basse et au sein desquels se côtoyaient immeubles de luxe et pavillons anciens, la Villa ne lui avait jamais semblé aussi vide de sens. Bientôt, elle ne sera plus que rempli de vieilles choses et d'antiquités. Tout en soupirant, elle leva subrepticement les yeux, elle esquissa un sourire. Je suis très contente que tu sois passé nous voir, Silas. Elle se pencha un peu plus au-dessus du comptoir pour se saisir du bout de ses doigts. Tu me manques beaucoup. Ce petit prince précieux dont elle ne saurait se départir, dont elle se surprenait parfois, et jalousement, à épier les femelles dans son entourage. Elle lui caressa les phalanges quelques secondes encore avant de se redresser plus dignement, et poursuivre la conversation : Tu ne manques de rien, dis-moi? »

☾ avatar : ben nordberg. ☾ querelles : 67 ☾ destiny : 28/01/2018

face à Axiane, tu devrais avoir la sensation de redevenir enfant, ses doigts qui s'attardent sur ton visage, sa main qui tente de remettre en place une mèche de tes cheveux rebelles. mais il n'en est rien. face à Axiane, et avec toute la bonne volonté du monde, tu restes un homme. et tu t'éloignes sous ses paroles, tu es parfait, tu l'as toujours été et un sourire se dessine sur tes lèvres. qui s'agrandit lorsqu'elle vient prendre place en face de toi, t'as les yeux gourmands, qui ne perdent rien du spectacle qu'elle t'offre. ses jambes sublimes à peine abîmée par le temps, le décolleté qui se forme malgré elle. douce vision à laquelle tu serai presque habitué, toi, qui depuis adolescent était incapable de détourner ton regard d'elle lorsqu'elle était dans les parages. tes iris bleus glissent lentement de sa poitrine à la peau de son cou, de sa clavicule à ses seins une nouvelle fois, pour finalement terminer leur courses plantés dans ses yeux. tes lèvres s'étire en un nouveau sourire quand elle prend la parole, tu suis son regard quelques secondes. appréciant de nouveau les lieux qui t'entourent. la Villa perd de son éclat à chaque fois que l'un d'entre-vous la quitte. Bientôt, elle ne sera plus que rempli de vieilles choses et d'antiquités. il me semble pourtant que je suis le seul à avoir quitté les lieux. notes-tu amusé, les générations se sont succédé ici même, mais de la votre, il te semble que peux ont pris leur envol. bien trop heureux de vivre paisiblement les uns avec les autres, s'assurant de ce fait une protection certaine. tu en as décidé autrement. tu ne voulais plus du contrôle permanent. que ta chère mère exerce encore à distance. une faible distance. elle se penche, ta tante, ses doigts viennent saisir les tiens et un frisson agréable parcoure ton échine. Je suis très contente que tu sois passé nous voir, Silas. Tu me manques beaucoup. de quoi te donner du baume au cœur, si seulement tu en étais doté d'un. mais avec ses mots c'est l'homme qu'elle flatte. tu lui manques, et dans un sens le sentiment est partagé. Axiane le fantasme déguisé. le contact est rompu, et tu laisses tout de même ta main traîner sur le comptoir entre vous. Tu ne manques de rien, dis-moi? un léger rire t'échappe. de quoi pourrais-je manquer ? ... si ce n'est de ta présence plus qu'agréable. un Capulet ne manque jamais de rien. un claquement de doigts et les envies tombent du ciel, tout droit dans ta gueule d'enfoiré. tu sais, je ne vis pas bien loin. tu n'as que quelques minutes à faire en voiture pour venir visiter mon loft, et t'assurer que j'ai tout ce que je désire. sourire en coin. t'as les idées qui débordent à l'imaginer fouler le sol de ton appartement, ses yeux scrutant le moindre détails. tu passes une main dans tes cheveux pour te recoiffer légèrement. tu n'as pas de soucis à te faire pour moi. je fais mon boulot, et je suis toujours vivant. que tu lances, amusé une nouvelle fois. parce que sur ton torse se dessine des cicatrices de plaies mal réparées. des impacts de balles comme sur un mur en béton armé, des coups de couteau mal appréhendait. tu te lèves, parce que c'est à côté d'elle que tu as de poser ton cul. chose faite, tu tournes légèrement sur le côté pour pouvoir l'observer. son visage marqué par le temps ne fait que la rendre encore plus désirable et tu ne peux t'empêcher de laisser ton index courir quelques seconde seulement sur la peau de sa joue. et de votre côté ? ... de ton côté, tout va bien ? Melchior compte se joindre à nous ? ta demande te fait presque grincer des dents.

Mother knows best.

ft. Axiane & Silas.

present days, early morning. (around 8h45 am)

Son neveu lui avait adressé ce sourire moqueur qu'elle aimait tant. C'était cette même risette qu'il lui avait adressé, lorsque nourrisson, lorsqu'elle l'avait rencontré pour la toute première fois au retour de sa belle-sœur à la Villa. Un éclat si chaleureux, si pur, qu'elle l'avait aimé au premier instant ; à cette réminiscence lointaine, la quadragénaire était soudainement d'une humeur encore plus radieuse. Elle avait toujours adoré les enfants, n'en témoignait cette abondante ribambelle d'héritiers qu'elle avait accouché et élevé depuis son mariage. Alors mielleuse d'appréciation, elle accepta derechef l'invitation suggérée : « Je passerai voir ton appartement dès que je le pourrai, chéri ; ce n'est pas parce que je ne t'ai pas mis au monde que je ne m'intéresse pas pour autant à ton bonheur. » souligna-t-elle, redressant les sourcils. Et là, était-ce et effet du halo de lumière dans sa crinière de boucles blondes, et sous certains angles, elle n'avait plus aucun mal à deviner à quoi il ressemblerait un peu plus vieux ; pendant une fraction de seconde, la Capulet eut l'impression d'avoir en face d'elle un parfait inconnu. Des airs de Prince. trouva-t-elle extraordinaire de constater, tandis qu'il se rapprochait d'elle. Mais alors, quand il arriva à sa hauteur et lui adressa cette espèce de rictus qui lui servait de sourire, il redevint en un éclair le petit garçon qu'elle aimait tant, qu'elle aimait malgré tout.

Au contact de son index sur sa joue, la quadragénaire lorgna d’œillades discrètes les paluches de son neveu. De belles mains, aux articulations saillantes, les doigts longs et fins – pas très différentes de celles de son fils ou de son époux. Axiane se rappelait même leur en avoir fait la remarque, à tous les deux, récemment ; l'un comme l'autre avaient immédiatement manifesté le même enthousiasme (même, l'avait-elle remarqué, un soupçon de satisfaction) à l'idée qu'ils aient pu y avoir la moindre ressemblance physique entre eux. « Elles sont douloureuses? demanda-t-elle en se penchant vers l'avant, fleurant du bout des griffes, comme pattes d'oiseaux, les cicatrices qui lui cisaillaient le torse comme les éclairs de Zeus dans un ciel noir et sans étoiles. Qui a osé t'abîmer de la sorte? » soupira-t-elle, plus déçue que véritablement agacée. Puis elle laissa les doigts remontés lentement jusqu'à ce visage et ce cou, admirant cette peau diaphane, ses pommettes haut perchées, autant de traits caractéristiques des Capulet. C'était son cœur de mère qui, soudainement, souffrait de le voir aussi tenaillé. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour les préserver, tous et toutes, de la cruauté empirique de la Pharma. La menotte déposée contre sa joue, elle la lui caressa du pouce un bref instant avant de la lui embrasser, tendrement.

« Tout va très bien, ne t'en fait pas mon cœur. lui dit-elle d'une voix douce en le gratifiant d'une petite caresse dans le bas du dos, tandis qu'elle quittait le tabouret élégamment, contournant le comptoir pour retourner vers cette carafe qui sifflait de plus en plus bruyamment. Elle ne lui révélerait pas pourtant toutes ses inquiétudes de mère, notamment, à l'égard de son aîné qu'elle avait surprise dans sa chambre aux côtés de la petite Davis. Elle ne l'avait, par ailleurs, jamais véritablement aimé, faute de croire pourtant qu'elle dissimulait sans doute, sous ses airs revêches, quelques qualités. Mais alors qu'elle se sentait soudainement gagné par une vague de jalousie maternelle, elle préféra passer cet état d'âme pour répondre à cette seconde interrogation. Il est sous la douche ; il devrait descendre et nous rejoindre d'une minute à l'autre. Son mari ne la quittait jamais réellement. Comme si d'anciennes histoires lui permettait de douter, justifiait de surveiller. Se préparant un café, elle lui jeta un sourire à revers d'épaule. Mais nous avons encore quelques petites minutes pour nous ; tu voulais me parler de quelque chose? »

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