T’as la peau trop fine, l’épiderme trop fragile. La morsure entêtante de la douleur comme une vieille amie, toujours celle-là, tu n’as pas froid, qui pourrait avoir froid dans cette ville damnée ? Condamné, condamné à une vie d’errance, maltraitance, insolence. T’es fait de nerfs et de sang, plus que ce qu’on pense et pourtant pas assez. Dysfonction inconsciente, inconscience d’enfant. La rage quand tu arraches des cœurs, la mort quand tu te regardes dans un miroir. Presque un cadavre. Ta peau trop pâle, tes yeux cernés, le rouge qui colore ces cernes, violet qui a également sa place, les membres trop fins et l’air hautain. T’es à la fois un air d’hard rock et de musique folk, l’indie qui perce et expose ton essence, ton être. L’asphalte qui crisse sous les roues des habitants de cette ville, les coups de feu, les hurlements, le sang. T’es qu’un gosse de plus dans le passage, un humain qui laisse sa trace sur les murs et qui essaie de survivre, de mourir, tu sais plus trop, ton existence dénuée de sens aux yeux de cette société et ton âme qui se brise à chaque pas que tu fais. Jean rapiécé au possible et pompes défoncés, t’es couvert de pins hurlant aux gens de pas t’approcher, chien peureux, chien galleux, tu fais flipper et tu flippes en même temps. Paradoxe à toi tout seul tu crèches chez les gens pour mieux disparaître, tu profites, t’invite, tu quittes, plus indécis qu’un chat, tu veux à la fois rentrer et sortir. T’es qu’un gosse perdu dans un univers d’adulte et parfois ça te fait rire, ou bien ça fait rire aussi, innocence qu’on a bouffée à la petite cuillère, soldat sorti amputer d’une guerre, amputer de son cœur. Tu sais pas s’il a déjà battu, s’il a déjà voulu sortir de ta poitrine, si t’as déjà réellement eu peur. T’aime croire que les humains sont seulement une dose d’atomes, de gènes, qu’on peut tout résumer à un code binaire que tu pourrais foutre sur une clé et propager dans le monde entier comme un virus informatique. T’es brûlé au sixième degré, cramé de l’intérieur, carbonisé, tu sais pas si tu fonctionnes correctement, est-ce que quelqu’un sur cette planète est heureux de toute façon ? T’as juste appris, appris à te battre, à survivre, à essayer de voir le beau dans le laid, la bienveillance dans la violence. Parfois tu te surprends à rêver d’un univers gelé, le blanc couvrant le sang, pureté passée des rues de cette ville, tu veux voir la vie d’un œil nouveau, la beauté vraiment belle. T’aimerais rire comme un enfant en essayant d’attraper les flocons, t’aimerait vivre, simplement, mais t’as jamais vraiment vécu, famille violente, famille battante, tu ne sais pas trop, t’es toi-même perdu dans tes souvenirs tes cicatrices comme des étoiles dans la galaxie, l’univers, cosmos que tu portes dans la cage thoracique. Tu voles, ça semble logique, survivre, un sourire n’apporte rien, une chanson, voix écorchée, rauque, trop brisée pour sortir une note un peu trop haute, oiseau sans voix, sans plumes. On t’a déjà demandé si t’étais tombé du ciel, t’as plus l’impression d’être remonté de l’enfer. Sur des airs de Fleetwood Mac tu regardes la vie passer, la clope que tu’as volée à un gars après un baiser enflammé qui se consume entre tes lèvres et tes doigts, t’observe, allés et venues de clients, clients qui veulent de la chaleur de l’amour, du spectacle. Clope qui te brûle, que tu lances au sol, l’écrasant dans un geste, gosse pas assez charismatique pour sembler être à sa place, pas assez désespéré pour vendre son corps, tu n'as pas le courage, pas la force, c’est peut-être ironique, tu préférerais crever, c'pas comme si ça n’allait pas arriver, quand tu’es malade t’attend que ça passe ou seulement que ça t’achève. Gamin trop hargneux, qui se glisse, une main dans une poche, portefeuille qui glisse avec délicatesse regard outremer qui semble ailleurs, une victime, encore, et l’impact, main qui enserre ton poignet. « Fuck ! » Rageusement, mauvaise proie où mauvais endroit tu te prépares déjà à te prendre un poing dans la gueule.
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T’as la peau trop fine, l’épiderme trop fragile. La morsure entêtante de la douleur comme une vieille amie, toujours celle-là, tu n’as pas froid, qui pourrait avoir froid dans cette ville damnée ? Condamné, condamné à une vie d’errance, maltraitance, insolence. T’es fait de nerfs et de sang, plus que ce qu’on pense et pourtant pas assez. Dysfonction inconsciente, inconscience d’enfant. La rage quand tu arraches des cœurs, la mort quand tu te regardes dans un miroir. Presque un cadavre. Ta peau trop pâle, tes yeux cernés, le rouge qui colore ces cernes, violet qui a également sa place, les membres trop fins et l’air hautain. T’es à la fois un air d’hard rock et de musique folk, l’indie qui perce et expose ton essence, ton être. L’asphalte qui crisse sous les roues des habitants de cette ville, les coups de feu, les hurlements, le sang.