do I wanna know (amar)

on t’a déposé le carton d’invitation ce matin, soigneusement placé sur le plateau argenté contenant ton petit déjeuner. t’as pas l’ouvert l’enveloppe tout de suite, t’as patienté jusqu’à la fin d’après midi. après les heures de détentes dans un hammam choisir avec soin. c’est à une soirée à la mairie que tu es convié, ton nom écrit en lettre d’or avec l’heure d’arrivée souhaitée. tenue correcte plus qu’exigée alors t’as enfilé un costume noir, chemise noire également, cravate gris foncée. des chaussures d’un cuir italien renommé et une ceinture assortie. le chauffeur est à l’heure comme toujours. à l’arrière de la voiture t’es absorbée par ton téléphone, tu réponds à des textos importants avant de surfer distraitement sur quelques pages internet. c’est toujours à l’heure qu’on te dépose devant la mairie. la porte t’es ouverte presque instantanément et d’un pas princier tu t’engouffres à l’intérieur, invitation déballée. les sourires sont de convenances, tu serres des mains de toutes part, tu réponds aux questions en plusieurs langues, t’adaptant à chacun de tes interlocuteurs. ce soir tu représentes les émirats, la classe et l’excellence. tu représentes tes aînés, les intérêts de ta famille. alors tu fais bonne figure. on s’intéresse à toi, et tu joues les hypocrites t’intéressant en retour. tel un papillon qui butine de fleurs en fleurs, tu te déplaces de groupe en groupe. quelques secondes, quelques minutes. et finalement ton attention est accaparée par la femme. élégante, soignée. une fille Capulet, pas n’importe laquelle. son visage, tu le reconnaîtrais entre mille. comme si tu avais appris l’arbre généalogique de la ruche. ce n’est pas très poli de laisser une femme s’assoiffer. ses yeux bruns sont plongés dans les tiens, et sur son visage tu peux déjà lire l’agacement. mademoiselle Capulet... quel plaisir de vous savoir ici. son nom accentué pour qu’elle sache, que tu sais pertinemment qui elle est. on ne froisse pas les futures reines. et tu fais le necessaire, tu récupères sa coupe vide pour lui en tendre une nouvelle pleine. attrapée sur le plateau d’un serveur trop distrait. parti pour affaires ? il est rare de tourner le dos à Night Vale une fois qu’on a goûté à ses merveilles. lance elle, et un sourire flamboyant traverse ton visage. revenu pour affaires. je ne suis bon qu’à ça, il faut croire. réponds-tu de ton accent presque chantant. mais je vous assure, qu’il est plus complexe de quitter mon désert étoilée. tu n’as pas cessée de sourire, tu bois une gorgée de champagne alors que tu la détailles longuement. l’héritière du trône, seule, pas dans l’ombre de la reine des abeilles. je ne pensais pas avoir attirée à ce point votre attention pour que vous remarquiez mon absence. ajoutes tu presque ravis de la situation.

depuis ton plus jeune âge, tu apprends. par cœur. et c'est ce que tu as fait avant de fouler pour la première fois le sol de Night Vale. tu sais sur le bout des doigts qui sont les personnes qui t'entourent, ce qu'elles valent et ce qu'elle représentent. ce qu'elles peuvent t'apporter, et tu as la capacité d'aller en permanence dans leur sens pour t'attirer leurs bonnes grâce. ou alors ce sont-elles qui brossent le prince d'un autre désert dans le sens du poil. parce que tu es tel un mirage dans leurs esprits, elles ont entendu ton nom au moins une fois dans leur courte ou longue vie. alors tu complimentes, tu souris et tu mets en avant que tu es sans doute plus intelligent que tout ceux qui vous entoure. ce champagne est affreux. au vu des donations que je fais ici, j’estime avoir le droit à un meilleur accueil, ne vous habituez pas à ces produits bas de gamme, ils ne connaissent pas les bonnes choses… tu trempes les lèvres délicatement dans ta coupe, et pour acquiescer ses dires, tu reposes ta coupe au même rythme qu'elle. tu n'es pourtant pas amateur de champagne, mais tu peux le faire croire l'espace d'une soirée et réclamer un meilleur cru pour la reine. ce que tu fais en chuchotant quelques mots à l'oreille du serveur, qui ne sait que répondre en grimaçant, car meilleur, ils n'en auront pas. e sais tout ce qu’il se passe ici. rien ne m’échappe. alors quand un diplomate pose ses valises, je suis la première au courant. ai-je le droit à un prénom ? la femme s'est approchée de toi, tes yeux clairs toujours plongé dans les siens et tu ne perds rien de ton sourire, bien au contraire. tu as toujours aimé la compagnie des femmes, plus que celles des hommes, beaucoup moins élégants et intéressants. les femmes te  fascinent, leur capacité à encaisser mieux que quiconque les coups de la vie, leurs faculté à se rendre sublimes en un regard détaché. tout comme elle. sa posture, son port de tête princier. amar. souffles-tu. amar ben zaded, mais ne me dites pas qu'une femme de votre rang l'ignore. un petit sourire en coin. vous comptez rester à Night Vale ? définitivement ? vous venez vous y installer seul ? elle questionne, veut savoir ce qui se trame sur un territoire qui lui appartient. et tu ne peux que comprendre ses agissements. marchons un peu, qu'en dite vous ? mais tu n'attends pas sa réponse, la paume de ta main se presse doucement dans le bas de son dos et tu enclenches la marche. tu veux te pavaner aux côtés de la reine, que tout le monde voit que c'est à toi qu'elle s’intéresse. définitivement est un mot qui ne saurai me qualifier. je ne sais pas jamais pour combien de temps je reste, ce sont les affaires qui décident pour moi. celles se trouvant ici, et celles de chez moi. tu parles, tu parles, la tête légèrement incliner pour garder ton regard sur elle. il n'y a rien de plus impoli que de couper le contact visuel. mais je suis arrivé seul, oui. elle n'a pas besoin de savoir quelles sont tes véritables attaches, pas encore, peut-être un jour. ce n'est pas une chose que tu as été emmené à cacher tout au long de ta vie. et pour ce qui est de mon désert, c'est un endroit que vous devriez visiter... pour comprendre à quel point il m'est difficile d'y renoncer. tu t'arrêtes enfin, tes mots comme tes pas. peut-être pourriez vous y atterrir bientôt, pour affaires. ou sur invitation de ta part. tes invitations ne sont que des obligations. tu t’apprêtais à reprendre la parole, mais on vous approche à grand pas. un homme, que tu ne connais pas, peut-être de vue ceci dit. c'est la fille Capulet qui l’intéresse. Maé, vient, tout le monde t'attends là bas. lance-t-il avant de poser ses yeux sombres sur toi. et qu'est-ce que tu fais avec ce type ? t'arques un sourcil. personne ne veut plus de vous, ici. et c'est quand il continue à brailler que tu le reconnais. fut un temps, vous etiez investisseurs pour son compte, mais vous lui avez coupé les vivres après quelques scandales. ne voulant pas que votre nom soit associé au sien. les porcs dans votre genre ne mérite rien de bon. craches-tu dans ta langue maternelle, ravie qu'il ne puisse comprendre. ravie de voir sa tronche rougir et son poing se serrer.

n’hésitez pas à venir me voir, je suis sûre que je pourrais trouver un moyen de faciliter vos affaires. l'invitation tu la gardes dans un coin de ton esprit, parce qu'il est toujours bon de faire affaires avec les Capulet, et parce que t'as le regard un peu trop gourmand qui se perd longuement sur son visage. c'est elle qui mène la danse, elle te l'a fait comprendre en se saisissant de ton bras pour que ta main ne soit plus en contact avec son corps. c'est elle qui impose son rythme et par conséquent c'est elle qui se pavane avec toi à son bras. comme un accessoire parfaitement choisi. à ta dernière remarque tu perçois un sourire, un léger sourire, suffisant pour que tu lui rendes la pareille. est-ce une invitation ? ils seraient bien incapables de maintenir l’ordre ici si je venais à m’envoler. même pour quelques jours. mais très vite vous êtes interrompus. et tu ne peux contenir les mots qui s'échappent d'entre tes lèvres, dans une langue qui leur est probablement inconnue. l'homme rougit de colère, déjà et tu t'en amuses, le buste droit le regard vissé sa gueule d'idiot. c’est la future reine qui le congédie. et tu observes la scène avec encore plus d'amusement, et l'once de respect que tu avais encore pour lui s'évanouit. chez toi, aucun homme n'accepterai de se faire parler de la sorte. mais ici, à Night Vale il semblerait que ce soit les femmes qui décident pour le peuple. et les hommes font des courbettes en permanence. mais elle est toujours accroché à ton bras, sa main qui y glisse tout du long alors qu'elle reprend la parole. quelle impolitesse. il vient d’être ajouté à ma liste noire. il le regrettera. j'espère que des gens se saliront les mains à votre place. lances-tu. où séjournez-vous ? vous a t-on bien conseillé ? le sud est pourri de l’intérieur, il est impératif de s’en éloigner. tu serais presque touché qu'elle se préoccupe autant de ton bien être. je suis toujours bien conseillé. un des meilleurs hôtels. dans le Nord de la ville, un des plus chers sans aucun doute... tout le confort y est, bien qu'il ne rivalise pas, j'en suis certain, avec le confort de votre Villa dont tout le monde parle. les éloges vont bon train sur la Villa Capulet. je suis en train de voir pour réhabiliter complètement cette partie de la ville. c'est un projet qui me tient personnellement à coeur. je serai ravi, si vous le souhaitez, de contribuer à une partie de ce futur projet. une façon de dire, que tu serais prêt à signer quelques chèques d'un montant conséquent si cela pouvait te rapporter encore plus, que cela soit en terme d'argent où de carnet d'adresse. et tu es sur le point de continuer quand ton téléphone se met à vibrer dans la poche intérieur de ta veste. tu t'excuses auprès de la femme avant de décrocher. un appel de ton père. et tu ne peux te permettre de rester plus de temps. alors tu colles le téléphone contre ton torse quelques instants. je suis navré, il faut que je m'absente... peut-être pourrions nous revoir, autour d'une vraie coupe de champagne. ce n'est pas une question, mais une affirmation. ta main s'attarde un instant sur son poignet et tu tournes les talons après un énième sourire de convenance.