Mick Shelby + I'm a Rubik's, a beautiful mess

Mick, c’est avant tout ce sale gosse, ce garnement turbulent et hyperactif qui ne pouvait pas rester en place. Celui qui était toujours dans les pattes de son père lorsqu’il n’avait pas école. Le gamin classique qui se croyait invincible et qui voulait jouer avec les grands.



Mick, c’est aussi cet adolescent, cette belle gueule qui en était bien conscient. Sourires dont il abusait pour arriver à ses fins, pour faire son petit bout de chemin au lycée et se faire une place. Celui des populaires, qui n’était jamais seul, toujours quelqu’un à ses côtés, que ce soit sa bande de potes ou de jeunes femmes de passage. Mais cette époque, c’est aussi le commencement de Mick. Qu’on le veuille ou non, la guerre qui fait des ravages est un évènement majeur dans la ville, et n’importe quel gosse curieux est au courant des histoires. Si certains restent éloignés de tout ça, Mick lui, il fait partie de ces vrais curieux, de ceux qui jettent des regards derrière les portes à moitié fermée lorsqu’ils ne le devraient pas. Parce que Mick, il est né la même année où le bar a explosé, et l’agitation était de mise à cette période. Mick il n’était pas là au commencement, mais c’était un spectateur depuis sa naissance. Le bar d’origine en moins, celui de son père était devenu le refuge de substitution, alors voir ces voyous peu fréquentables, c’était banal, pour Mick. A trop fouiner, bien sûr, il attirait l’attention, en bien comme en mauvais. Seulement, un homme, ça reste de la main d’œuvre, alors on lui filait les basses besognes, celles qui restaient toujours en bas de la liste. Mick n’avait pas de grandes ambitions, dans la vie. Il se rendait au lycée, mais ne visait pas les grandes écoles et tout ça. Depuis jeune, il enviait ces sales types qui arboraient les couleurs du gang local, un revolver dissimulé sous la veste. Alors quand l’opportunité s’est présentée, il a plongé tête baissée pour faire ses preuves, sous l’œil attentif de son père bien sûr. Puis il y a eu Caitleen. Nouvelle cible pour le tombeur, mais il s’était pris l’un de ses premiers refus. Alors il a continué, et ce qui était du désir finit par devenir un sentiment nouveau pour le jeune homme.



Mick, c’est par la suite un père. Caitleen, qu’il avait réussi à charmer après de longs mois à s’acharner, venait de mettre un jeune garçon au monde. Un bon prétexte pour Mick de se lancer encore plus dans les affaires des Crimson, puisqu’il avait une famille à faire vivre, à présent. Bien sûr, il pouvait toujours compter sur ses parents en cas de soucis, mais il a toujours été du genre à vouloir être indépendant, même si le bar de son père était dans tous les cas destiné à lui revenir par la suite. Ainsi, il a terminé le lycée, sans viser plus haut. Pas de grandes écoles, pas de spécialisation. Il passait ses journées à bosser pour son père, à apprendre les ficelles du métier, comme il disait. En parallèle de tout ça, il ne faisait qu’accentuer son implication dans les affaires du gang, tout en essayant de subvenir aux besoins de sa famille, très vite rejoint par deux autres enfants.



Mick, c’est l’âme meurtrie, l’âme en peine errante, trahie, touchée dans son envol, en chute libre. L’adultère de sa femme est mis sous les feux des projecteurs, la femme de l’un des Crimson fricotant avec l’entourage des Capulets. Lame à double tranchant pour le jeune père. Le voilà trahi par l’amour de sa vie, mais avec l’ennemi, qui plus est. Il a foncé tête baissée pour retrouver cet amant, laissant les poings parler dans un premier temps. Ascension de violence par la suite, jusqu’à cette journée dans le couloir de l’hôpital, à écouter un inconnu en blouse blanche lui annoncer que la mère de ses enfants ne reviendrait plus. Jamais. Un après-midi banal, une fusillade sortie de nulle part, et le voilà seul. Il n’est pas dupe, la balle lui était probablement destiné, à lui. Ce jour-là, il a cogné, Mick. Il a hurlé. Il a fracassé le moindre objet qui lui passait sous la main. La violence n’engendre que la violence, il en était bien conscient, mais il avait des envies de meurtres, ce jour-là. On l’en a empêché, bien sûr. Canarder à tout bout de champ dans les rues ne lui apporterait rien d’autre que de rejoindre sa femme, laissant des gosses orphelins.



Mick, c’est le bon petit soldat. Son refuge était devenu le vice. Les bras de sa femme ne l’apaisaient plus, alors la bouteille a pris la place. Alcool avec lequel il a développé une relation trop forte, vidant le contenu pour se vider l’esprit, faire son deuil à sa foutue manière. Le Fair Verona avait un goût amer. Il ne pouvait s’empêcher de penser à elle lorsqu’il s’y rendait, à faire tourner la boutique sans son bras-droit à ses côtés, sans sa moitié. Heureusement, à cette période, il n’était pas seul. Il n’était pas le seul à faire le deuil. Le bar est presque naturellement revenu à sa fille, Cassandre. Mick n’arrivait plus, ne pouvait plus. Et son fils, il le voyait mal prendre en charge le bar. Il a voulu repousser tout le monde, Mick. Tout le monde, et le monde entier, simplement. S’effacer dans cette obscurité qu’il rejoignait peu à peu. S’il émergeait de sa gueule de bois de temps en temps, c’était dans le simple but de faire un saut par le bar et donner un signe de vie. Les premières années, c’étaient les pires. Parce qu’il n’avait toujours pas de réponses, Mick. Parce qu’il ne comprenait pas. Puis le temps est passé, il a réalisé qu’il ne pourrait pas être un fantôme toute sa vie. Alors il est remonté en selle, doucement. Du côté des Crimson, du moins. S’il parvenait plus ou moins à calmer sa peine, et faire son deuil, sa colère n’en était que plus présente. Il avait besoin d’extérioriser tout ça, alors il a bossé dur. Encore et encore. Il faisait son possible pour le gang, tout ce dont ils avaient besoin, Mick essayait de l’amener, de faire bouger les choses, de prendre sa revanche. Il n’était peut-être pas encore prêt à affronter la réalité de son deuil au final, et revêtir le costume de père qu’il avait mis au placard il y a longtemps, mais celui de leader lui allait très bien. Il était tellement investi et efficace dans ce qu’il faisait, qu’il a naturellement prit du gallon. Responsabilité qui lui était tombé dessus, petit à petit, lui permettant de se fixer de nouveaux objectifs en tête, et de laisser peu à peu la bouteille à côté.