feel good inc (laszlo)

windmill for the land. turn forever hand in hand. take it all in on your stride. it is sinking, falling down ? love forever, love is free. let's turn forever, you and me. windmill for the land. is everybody in?

Le cœur en miettes, si l’esprit essayait de se maintenir tant bien que mal, la vérité était qu’il était bancal sur des édifices en ruines. L’homme n’était plus que l’ombre que de lui-même, et même lorsqu’il avait foutu les mains gantées dans des produits plus chimiques et nocifs les uns que les autres pour se grandir sur le malheur
des autres. Il avait beau haïr cette violence vicieuse qui anéantissait tous les jours un peu plus des innocents naïfs qui n’avaient rien demandé d’autre qu’un peu d’amour, voire seulement de l’affection, dans une vie qu’ils auraient aimé simple, la réalité était qu’il n’était pas forcément mieux que ces autres qui piétinaient le bas peuple, le bas de monde de leurs godasses bien trop chères et cirées. Peut-être même était-il pire ? Lui qui avait connu la misère dès sa naissance, descendance maudite, il avait eu la chance de s’en tirer, et dès que l’occasion s’était présenté, il avait foncé de nouveau dans la gueule du loup, la noirceur des âmes qui n’ont de poétique les flammes ardents de la géhenne. Andreas n’était pas un homme bien, ou bon, fortement égocentrique dans le fond de son essence cachée, il avait promis de protéger son petit-frère envers et contre tout, et il l’avait emmené à sa suite, le précipitant vers sa chute finale et fatale. Probablement qu’il aurait dû se remettre en question. N’était-ce pas lors de ces événements traumatiques que l’on commençait à s’interroger sur soi-même ? À croire que l’homme était encore plus fou qu’il ne semblait, puisqu’il s’était encore plus enfermé dans les ténèbres que recelait son souffle. Tout plaquer, tout changer, pour ne voir le feu embrasé, flamboyant et tentateur de l’enfer. Une réalité qui n’était devenue que rouge sang et noir, pauvre gamin qui s’était enfoncé dans la gueule de la bête, aujourd’hui c’était lui qui s’était transformé en loup affamé.
Toutefois, si aucune chose n’était immuable, et si l’homme était fou, il était loin d’être stupide, et il savait faire marcher ses relations déjà existantes pour tirer des avantages utiles.
Les pas qui salissaient le sol qu’il osait piétiner, chemin souillé qui le suivait à la trace comme le petit Poucet semait sur sa route des miettes de pain, il fut un temps le côté est de la ville ressourçait le chimiste. S’il s’était enrôlé de bon cœur, les Capulets n’avaient même pas eu besoin de se faire intimidant pour le faire rentrer dans leurs rangs, dans la guerre interminable de ces gangs pitoyables lorsqu’on y pensait un peu plus en profondeurs – concours de grosses bites et de testostérones –, il fut bel et bien un temps où il appréciait de savoir qu’il existait encore des coins dépourvu de ce pouvoir presque illusoire. Aujourd’hui, ce n’était malheureusement plus le cas. Lorsqu’il humait l’air de ce coin de la ville censé être moins pollué, la vérité était que la même odeur de sang et de souille lui parvenait. Ce n’était même pas seulement propre à Night Vale, le monde entier était devenu cendre dans sa bouche. Toutefois, même s’il ne le ressentait pas consciemment, peut-être que son âme devenait plus légère à chaque fois qu’il foulait l’est de ses pompes usées, encore plus lorsqu’il se disait qu’il allait voir ce gamin, Robin Hood des temps modernes. Cependant, si l’est n’était pas officiellement corrompu, son myocarde l’était.
Comment cela avait commencé ? Il ne savait même plus, mémoire brouillée par la vengeance et les fortes doses d’alcool dont il ne s’apercevait même plus qu’il buvait chaque soir. Mais probablement que c’était de sa faute, un peu d’impolitesse d’un inconnu, et Andreas ne s’était pas fait prier pour se montrer cynique et cassant. Les coups pleuvaient, et lui-même se débattait à peine, contentant de se défendre comme il pouvait pour ne pas se faire péter toutes les côtes. Peut-être qu’il ne rendait pas les coups parce qu’il se faisait tellement acculer par ces trois mecs qu’il ne pouvait rien faire. Peut-être qu’il ne rendait pas les coups parce qu’il voulait se faire arracher la tronche, comme pour se punir inconsciemment de quelque chose. Toutefois, les mecs lassés par une telle mollesse, le lâchèrent rapidement, une fois qu’il avait la gueule en sang et le palpitant qui pulsait dans le bide, n’oubliant pas de lui cracher à la tronche. Salive dégueulasse qu’il essuya comme il put, salissant son t-shirt qui ne ressemblait plus à rien d’un sang épais. Avachi par terre, sur le goudron boueux dont l’humidité crasseuse passait à travers le pan de tissu, contre le mur qui était plus gris que blanc à cause de toute cette pollution, il resta à terre, rêvant de s’en griller une mais les membres trop douloureux pour parvenir à choper une clope dans sa poche de jean, lorsqu’il vit une forme, une tête, bien connues, se découper dans son champ de vison. « Ah. Salut. J’venais te voir, mais comme tu peux le voir, j’ai eu un p’tit contretemps. » Sourire con. Sourire d’un con, comme s’il avait juste raté son bus, et qu’il n’était pas étendu dans une mare de sang, de son sang, et de déchets malpropres. Peut-être qu’il aurait dû être gêné qu’il le trouve ainsi, néanmoins, même s’il ne l’avouerait probablement pas, il était bien content que le jeune homme l’ait trouvé. Ce n’était pas dans ses habitudes de poser des lapins, ou même être à la bourre, et qui sait s’il n’était pas tombé sur lui, il aurait très plausiblement passé la nuit allongé dans cette ruelle négligée. « J’rêve d’fumer, tu pourrais attraper mon paquet dans ma poche, s’il te plait ? » Fumer, pourrir un peu plus ses poumons qui venaient tout juste de souffrir sous une ruée de coups non restreints. Toujours le précipiter vers une mort certaine, qui ne lui faisait plus peur aujourd’hui.