on est là pour saigner nos amours sur l'asphalte. (phil)

ça s’embrasse dans la nuit, briquet qui claque, bâton de cancer qui frémit. cet oxygène au goût de cyanure, l’éphémère dans les veines, et la nicotine dans la brume. à en faire craquer des allumettes, à en faire péter l’gaz, elles s’écoulent pour noircirent l’argent de ses bagues, elles se consument pour éterniser la vanité. elle noircit l’arbre de chair qui vacillent contre sa poitrine, faisant abstraction des échos charbonneux qui viennent entailler sa gorge, toussant, râlant, gamine tu finiras par cracher du sang. elle a encore sur l’bout de son nez les derniers restes de ses gâteaux à la crème, elle a encore sous ses yeux la poudre d’or des enfants onéreux, elle a encore sur le bout de la langue le besoin de tout diriger, l’ardeur de tout contrôler, insipide donneuse d’ordres, vagablonde en escorte, ce ne sont que ses fréquentations qui ont fracassé la couronne qu’on avait crucifié sur sa tête. poupée ça fait mal quand l’sang du monde grince entre tes phalanges de richesses, ça t’fait vomir quand sur les pavés tu vois choir les anges de la pauvreté. poupée, maintenant ça t’fait vomir toute cette vanité. tombée dans le précipice des boulimiques. l'monde avait l'goût de l'excès, de l'écœurement des courbes dentelées de la cadette effrontée. l’indigeste perfection qu’on impose, les beaux visages poupins que l’on expose. et le tien, la faciès d’angelot sertit de la blondeur de la lune, gamine aux joues bombées, désormais tu les rends veineuses, laissant la noblesse bleutée battre sur tes tempes, décorer les os que l’on voit affleurer. elles s'étaient proclamées duo de l'univers, les deux gamines, à brandir des flingues en plastique, mimant le braquage d'une banque, mais finissant par payer pour quelques bonbons à enterrer dans le sable de night vale. guns'n'roses. deux poupées liées d'amitié, que le monde a fini par séparer, malgré les tors et les travers qui les liaient.  phil c'était la voleuse, la cleptomane. l'inconditionnelle princesse qui voulait dérober son propre clan, détrousser la richesse en lui arrachant ses couronnes de diamants. y’avait l’empereur barbare, l’empereur césar, sur son trône de dealer, les doigts empoussiérés d’argent, les phalanges constellées d’la poudre blanche des déviants. et si t’étais par parti, bouffer la racine des pissenlits gamin, flingué d’bon matin, toi et ton sourire foireux, toi et ton tempérament d’rageux, p’t’être qu’aujourd’hui encore à l’annulaire de ta promise, y’aurait l’anneau d’argent, serti de la passion des inconscients. engagée dans un deal à la con, elle a tenté de préserver la réputation de sa mère, de la famille qu’elle chérissait, pour un putain d’adultère. elle a repris le flambeau d’une confrontation, du hammel versus fitzgerald. ça devait pas finir si mal. ça aurait du s'arrêter beaucoup plus tôt. trois mois et basta. pourtant aujourd'hui ils y sont encore. à s'écorcher vif, à se promettre la lune, à se balafrer, laissant les égratignures vermeilles et les hématomes bleutés s'endormir au creux des draps quand la tempête est passée. ça fait quelques mois qu'elle a rempli le blackout qui s'est déclenché après un accident de voiture au sortir d'un nouvel an trop arrosé. ça fait plusieurs mois qu'elle se souvient de sa vie dans son entièreté. mais ça fait quelques semaines qu'elle a des absences. bénignes, mais violentes. elle fixe les murs en silence, perdant conscience du temps qui avance. souvent seule, elle s'échappe pieds nus, ses empreintes de pas se perdant dans le désert, recouverte par le vent de la nuit descendante. on la retrouve des heures plus tard, la somnambule diurne, pauvre fantôme nocturne. phil a la conscience un peu bancale en ce moment. menottée par son père qui ne la quitte plus des yeux, le courroux d'un jupiter furieux qui fait pencher dangereusement la balance émotionnel de sa fille, à coup de chantage et d'accords vieux comme le monde. dans le royaume capulet c'est une prisonnière, un boulet de canon en pâture qui sert d'appât pour l'ennemi, une pièce rapportée souillée de la trahison shakespearienne. philippine elle entend le déclic des canons contre son oreilles, gamine effrayée et prise au piège. de nouveau c'est la sentence qui tombe, et d'un côté comme de l'autre, elle n'a pas d'choix que d'obéir, cendrillon.