bad habits

C’est comme une princesse que Lex s’était pointée chez les Capulet. Elle avait laissé tomber son skate, ses Converses et son short en jean. Elle avait laché le look de la californienne chill. A la place ? Jupe moulante, chemisier, escarpins qui avaient claqué contre le carrelage. Tout pour plaire aux rois. Et surtout à sa tante qui tenait à la modeler à son image. Elle ressemblait plus à une femme d’affaires bouffeuse d’hommes qu’à une môme qui voulait retrouver sa plage et ses vagues. Mais si changer de fringues était le prix à payer pour qu’elle lui lache la grappe, Lex le fait aisément. Elle l’a devancé. Elle a quitté la baraque pour rejoindre la ville des Capulets. Pas envie de subir les discours habituels, les attaques passives-agressives quant à son manque d’investissement dans les affaires. Sa tante n’a cessé de lui répéter, son intelligence, ses compétences, c’est du gâchis vu ce qu’elle en fait. Alors elle a foncé, tout sourire devant la matrone. Un peu forcé le sourire, un peu faux. Hypocrite. Mais elle sait y faire avec les apparences pour que les portes s’ouvrent plus vite quand elle le veut. Alors les escaliers, malgré ses escarpins vertigineux, elle les a montés rapidement pour retrouver la progéniture chérie.

Un autre rail de sifflé sur le plateau d’argent qui trône sur le lit de Fid. Lex s’est installée, elle a fait comme chez elle. Chemisier légèrement ouvert, jupe remontée à force de se tortiller dans tous les sens, escarpins abandonnés au pied du lit. Elle se penche vers lui, laisse son pouce glisser sur sa narine. « T’es tout blanc. » qu’elle lache en riant avant d’essayer de se redresser pour descendre du lit. Les pieds emmêlés, l’esprit brouillée, la gosse se casse la gueule. Allongée au sol, elle fixe le plafond quelques instants avant de sursauter en entendant le bruit d’une porte qui claque. Elle se retrouve sur ses pieds en un rien de temps. « Tu crois que c’est elle ? » Sans aucun doute. Emilia, sa tante, qui vient d’arriver. Pour Dieu sait quoi. Manigancer une quelconque attaque sur un gang adverse ou prévoir le prochain plan d’action pour augmenter la production de l’usine. Peu importe. Elle s’en fout. Ca lui passe au-dessus, et ça, Emilia semble pas franchement s’en rendre compte. Elle se rend pas compte de grand-chose en réalité. Et encore moins de ce à quoi elle passe son temps lorsqu’elle est en présence du Capulet. Surement pas ce qu’elle avait en tête lorsqu’elle a voulu les fourrer ensemble. Non, elle voulait juste que sa nièce ait la même côte de popularité que la sienne. Seulement Lex, c’est loin d’être la fille docile par excellence. Elle a des coups de sang, elle est impulsive. Elle fait comme bon lui semble, y compris quand ça emmerde. Surtout quand ça emmerde. Lex, c’est une foutue bombe à retardement. Elle se dirige vers l’ordinateur, monte le son, tourne sur elle-même le sourire aux lèvres. Sacré tableau. Et elle revient, vers le lit, vers lui. Elle grimpe, se retrouve au-dessus de son corps et approche doucement son visage. Ses lèvres qui frôlent celles de Fid. « Si elles se doutaient de ce qu’y se passe ici. » La gosse se met à rire, avant de se laisser retomber sur le dos. « Elles doivent être en train de planifier ... la fin du monde ? le règne totalitariste de ta famille ? » Elle le taquine plus qu’autre chose. Lex, tout ça, elle s’en fout. Les gangs, leurs problèmes. Que de conneries dont elle se passerait bien. Mais faut qu’elle s’y fasse. Ca fait bien longtemps que sa vie n’est plus en Californie, mais ici.

La tête à l’envers, il se réveille sur son canapé, la tête et les sens encore marqués par l’ivresse. Et il dégueule dans sa poubelle. Il sait pas vraiment ce qu’il a fait, pourquoi sa chemise a rendue l’âme sous des tâches écarlates et des cendres éparpillées. Mais il a la vue psychédélique quand il regarde par la fenêtre. Il s’empare avec difficulté du téléphone blanc sur la commode. Marie, de l’aspirine et de l’eau. Il raccroche sans plus de formalités et se traine dans sa salle de bain en titubant comme Keith Richards. Il se regarde dans le miroir et éclate de rire, à moitié mort. Mais il arrive au moins à se déshabiller et à atteindre la douche. Il avale de l’eau, se noie sous le shampoing, crache ce qu’il lui reste dans la bouche pendant trop longtemps. Jusqu’à ce que ses doigts soient flétris, il se rendort presque sous l’eau. Il entend pourtant la porte de sa chambre claquer, ça le réveille alors il s’enroule dans sa serviette et va chercher son aspirine. Tant que vous êtes là faudrait vider la poubelle et les fringues dans la salle de bain sont à jeter. Ah, et un café. Il dit ça d’un ton las et sans un regard, il attrape son verre et balance l’effervescent dans l’eau. Du respect, il en a jamais vraiment eu. Il a toujours tout prit et obtenu sans dire merci en se confortant dans sa condescendance. Mais c’est la vie de Capulet qu’on lui inculque et il se confond dans sa facilité insolente et alarmante. Et ils ne l’ont pas volé, un empire comme le leur, c’est le sacrifice de plusieurs vies. Ah, ça lui revient, il a trainé au Wonderland hier soir, après sa tournée quotidienne de recel de psychotropes. Là-bas, c’est un terrain conquis. Il se pointe, emmerde le peuple et s’étouffe dans l’opulence tout en faisant fructifier l’intérêt de sa propre famille. Il est temps de s’habiller. Fidelio déglutit bruyamment après avoir avalé son cachet, un de plus et s’affale sur le banc de son dressing.

Au final, il s’habille, s’affuble d’une énième chemise blanche, d’un costume bleu marine et sort de sa suite, cuir aux pieds. Il oublie pas son café noir et se sert d’une pomme dans l’une des corbeilles de fruits dans le grand couloir. Petit-déjeuner trop maigre, mais il a pas envie de continuer à vomir. Il s’installe dans l’un des fauteuils matelassés et sort son portable. Il retrouve des vestiges de la soirée de la veille. Une photo avec Silas et une bouteille de whisky, deux autres avec des filles, inconnues. Il supprime immédiatement ces dernières. Puis trois messages, deux de Naïa, un de Rosalie. Il se dit qu’il les lira plus tard. Des bruits de talon dans l’escalier. Il s’apprête à voir sa blonde mais c’est une autre blonde qui arrive, démarche chaloupée dans un habit de parade. Alors il boit son café d’une traite et bouffe sa pomme. Il risque d’en avoir besoin.
Fid se marre comme un dératé et se mouche le nez, entortillé sur son lit, la chemise débraillée. Il ne lui aura pas fallu longtemps pour replonger, à peine purifié. Il s’essuie le nez à la remarque d’Alexis, toujours aussi hilare. Et elle se casse la gueule, alors il se redresse pour voir l’étendue des dégâts.

- Fait gaffe à la poubelle, j’ai vomi dedans tout à l’heure.

De la poudre, il pourrait en avoir jusque dans les oreilles. Et il s’essouffle parce qu’il rit trop. Il est apothicaire et Alexis est l’une de ses plus ferventes clientes. La réalité, c’est qu’ils sont tous les deux tarés et qu’il n’y a pas d’apothicaire, ni de client. Juste deux gamins défoncés. Elle se redresse d’un coup. Tu crois que c’est elle ? Il hausse les épaules mais par réflexe il claque ses deux mains sur le plateau. Ca fout de la poudre en l’air, y’en a partout sur ses cheveux, dans le lit, dans l’air. Dans le même temps, Lex monte le volume et Fid se met debout sur son lit pour mimer une guitare imaginaire et se laisser déséquilibrer en retombant. Alex elle est belle, elle lui frôle les lèvres, alors Fid fait la moue. Desfois, il la déteste et d’autres il l’adore. Et franchement, il mentirait s'il disait qu'il a pas envie de se la faire desfois.

- Elles se doutent pas qu’on est des diables !

Il mime des cornes avec ses doigts et prend de la poudre blanche qui a volé, pour s’en barbouiller la gencive.

- Même mieux que ça ! On va organiser un couronnement, avec une traîne de deux mètres, les éperons, le globe royal et le sceptre.

Il lève le bras en conquérant. Il s’y croit un peu, il le cache pas. Il se remet debout sur son lit dévasté et pointe Alexis du doigt.

- Tu pourra être marquise, parce que je le veux bien. Faudra porter une mouche.

Sur ces mots, il récupère de la poudre presque effacée sur le plateau et en affuble un rond sur le dessus de la lèvre de Lex.

- C’est parfait comme ça.

Mais la poignée de la porte s’enclenche.
Maudite villa commune.

La poudre blanche disparait à vue d’œil. Ils font pas gaffe, ils enchainent. Manque plus que l’alcool et la combinaison est parfaite. Et mortel. L’effet a pas tardé à se faire sentir. Pas certaine qu’elle arriverait à rentrer chez elle sans encombre. Pas même sure qu’elle veuille le faire. Elle sait pas bien où elle avait l’intention d’aller, mais en bougeant, Lex se casse la gueule. Outch. Mais elle se marre, comme à chaque fois. Fait gaffe à la poubelle, j’ai vomi dedans tout à l’heure. « Ew. Dégueu.» grimace de dégout sur le visage. Elle aurait préféré pas savoir. Et elle veut surtout pas savoir le pourquoi du comment de cette histoire qui semble délicieuse. Mais elle reste à terre, sans se soucier de la fameuse poubelle qui pourrait être à proximité. Avec l’esprit embrumé, elle se demande si elle a un truc de cassé. Non, pas possible. Aucune douleur. Pas vraiment. Ou c’est la coke ? Pas le temps de le savoir qu’elle se redresse immédiatement en entendant une porte claquée. Le gosse s’en fout, claque de ses mains sur le plateau d’argent. De la neige dans la chambre. Une putain de poudreuse qui leur retombe dessus. Volume de la musique montée, elle danse, se laisse aller, rit aux conneries du capulet avant de lui grimper dessus. Allumeuse à ses heures perdues, c’est à se perdre avec la californienne. Foutage de gueule ou réellement sérieuse, dur de faire la différence, et elle s’en amuse. Elle frôle un peu plus ses lèvres des siennes, guette le moindre mouvement, la moindre réaction, sans même savoir si elle va faire jusqu’à ce qu’elle recule et qu’il affiche une moue déçue. Elles se doutent pas qu’on est des diables ! Elle se met à rire face à son imitation. « Surtout toi, d’ailleurs. » Nouveau rail d’enfilé, elle ferme les yeux quelques instants, pour faire passer la douleur dans ses sinus. Même mieux que ça ! On va organiser un couronnement, avec une traîne de deux mètres, les éperons, le globe royal et le sceptre. Paupières de nouveau ouvertes, elle le regarde se mettre debout, rentrer complètement dans le délire qu’elle a lancé. Tu pourra être marquise, parce que je le veux bien. Faudra porter une mouche. index pointé vers elle et elle éclate de rire. « C’est trop aimable. Mais marquise ? J’veux être princesse. Ou Reine. Rien de moins. » Il s’approche, prend la poudre, et lui dessine ce qui se voudrait être une mouche. A son tour de se lever sur le lit, de poser de manière exagérée alors qu’elle est à moitié débraillée. C’est parfait comme ça. « j’en attendais pas moins. » elle se laisse retomber sur le lit, les fesses qui rebondissent au moment où la porte s’ouvre. Elle se fige, et à voir la tête de Fid, c’est sa mère et sa tante qui se trouvent derrière elle. Discrètement –autant que possible-, elle passe sa main sur sa lèvre, dégagée l’excédent de poudre, à défaut de pouvoir dégager ce qu’il a sur le lit, éparpillé partout. La gosse saute du lit, se dirige vers l’ordinateur pour en baisser le son. Ils doivent avoir allure les deux, les joues rosées, les cheveux en bataille, les fringues un peu défaites. Et pourtant, pas de partie de jambe en l’air. Si c’est pas une défonce, c’est l’autre. « Qu’est ce que vous faites ?! » La californienne se retient de rire, de demander à la mère de Fid si elle a besoin d’un dessin, mais y’a sa tante qui la fusille du regard. « Surplus d’énergie. On s’est laissé embarquer par la musique. Désolée pour le bruit. » Elle sait s’y prendre quand elle veut, un minimum. Une gueule d’ange, un léger sourire en coin, une moue difficilement résistible. Forcément, ça marche toujours mieux sur les mecs, sur les pères… Mais elle perd rien à essayer pour dissiper les soupçons. Elle tire un peu sur sa jupe, trop remontée à force de se rouler sur le lit. Ou se rouler partout. Aucun doute qu’il devait apprécier la vue de derrière. « Au moins, on sait que vous êtes pas en train de vous entretuer. » t’éclates de rire à la réflexion d’Emilia. Non, ça, ça risque pas. Quoique… Se sauter dessus, s’étrangler, des fois, c’est du pareil au-même. Ca arrive vite ses conneries. Surtout quand l’après-midi est saupoudré de coke. « Au contraire. On refait le monde. Un peu bruyamment. » lache-t-elle en tournant légèrement la tête vers Fid, le sourire aux lèvres, alors qu’elle rêve juste de les voir disparaitre. Elle a pas envie de parler business. Elle a pas envie de parler tout court ou d’avoir à se concentrer pour faire des phrases cohérentes.

Il profite jamais de ce qu’il a, Fid. Parce qu’il a beaucoup trop et qu’il veut toujours plus, encore et encore. Jusqu’à en dégobiller d’égocentrisme.
Seulement cadavérique, il avait continué la descente plus bas que l’enfer en s’empoisonnant l’esprit et le trou à la place de son palpitant de la poudre des abeilles. Il aime accuser les autres, alors il se dit que c’est de la faute d’Alexis et de ses longues jambes. De sa tête de gamine insolente et de son chemiser défait. Il rit à gorge déployé en fixant le plafond et les moulures. Des courbes et des arabesques, des dorures de soleil, de Roi soleil. Et en tant que monarque il écoute la remarque d’Alexis, décide la pointer du doigt. « Tu pourras être reine mais il faut que tu vendes ton âme avant pour ça. », déclara-t-il d’un ton solennel comme si ce pacte était à signer avec lui. Un diable effectivement. Mais diable cocaïné. Soudain, la poignée s’enclenche et son cerveau en ébullition déraille. Dans le fossé de ses connexions nerveuses en vrac.
Fidelio glisse sur le lit et tombe sur ses pieds. En réalité, il essaye de reboutonner sa chemise mais il n’y parvient pas totalement, en attachant le haut au bas. « Mère, je vous ai pas déjà dit de frapper avant d’entrer ici ?! », crie-t-il pour couvrir la musique avant qu’Alexis bondisse pour la baisser. Il fronce les sourcils, avec une mine d’enfant. Fidelio est un pourri gâté alors des crises il en a déjà pas mal fait. Il se dit que c’est quand même pas mal hypocrite de la part de ses parents de vouloir que leurs enfants soient clean tout en les envoyant dealer le miel des abeilles.

Mais la logique n’a pas de place aujourd’hui et pour l’instant il a juste envie de mourir de rire en écoutant Alexis se justifier. « Au contraire. On refait le monde. Un peu bruyamment. » Il tient pas, il éclate devant la tante et la mère mais c’est pas comme si quelqu’un allait trouver quelque chose à lui redire. « Pourquoi tu es débraillé comme ça ? », lui demande sa mère d’un air sévère. Il n’arrête même pas de se marrer. « On s’est juste mis à l’aise, hein Lex ? », dit-il en adressant un clin d’œil. Après coup, il regrette un peu parce que ce qu’il avait trouvé marrant sur le coup sonne un peu tendancieux. Tan pis.
Il se touche le visage et il y a de la coke qui tombe un peu de ses cheveux. Il sait plus trop quoi faire, alors il panique. « L’intimité c’est important, on a besoin de beaucoup d’intimité.» Il dit n’importe quoi, mais il arrive presque plus à se concentrer. « Je m’occupe du couronnement tout à l’heure. », déclare-t-il d’un air concerné. Il fronce les sourcils, il pourrait se claquer. « Je m’occupe de ce que vous voulez tout à l’heure, mère. », articule-t-il en exagérant. C’est le moment d’un combat de regard entre tous les joyeux acolytes, à savoir qui s’en ira le premier. Sa mère est quelqu’un d’imposant, il se dit qu’il n’a pas peur d’elle mais il respecte toujours sa volonté. Pas comme papa. Sa mère gère un commerce, elle n’est pas dupe au point de ne pas voir qu’ils sont défoncés.
Fid adresse un regard un peu désespéré vers Alexis. Il a clairement envie de sauter par la fenêtre et il aimerait aussi qu’elle puisse lire dans ses pensées. Viens Alexis on se casse en courant. Mais il ne peut pas vraiment. Surtout qu’il s’enfonce. Alors, il reste planté là.

Comme le gros con qu’il est.

Tu pourras être reine mais il faut que tu vendes ton âme avant pour ça. elle se met à rire Lex, réellement amusée. Autant par ce qu’il dit que parce qu’il fait. « Ca fait bien longtemps que je l’ai vendu mon âme. » Sans doute du jour où elle a fait un feu de joie de sa maison d’enfance, son prédateur et sa lache de mère à l’intérieur. Elle a vendu son âme du jour où y’a les flammes de son brasier qui ont commencé à se refléter au fond de ses prunelles. Mais la gosse, toujours assise sur le lit se rapproche de Fid, lève la tête, en se trouvant à une hauteur plus que tendancieuse. Ses grands yeux bleus verts qui le fixent, son air faussement innocent sur la tronche. « Tu veux que j’te la vende à toi. » Elle a pas l’air si innocente Lex, avec son chemisier trop déboutonné, le décolleté plongeant offert au Capulet, la jupe trop remontée, et le nez poudré. Mais la poignée est tournée, la porte ouverte, les gosses et leurs conneries à découverts. La mère et la tante, Lex retient son soupir de frustration, mais elle se hâte de dégager la coke de son visage avant de leur face. Fid, lui, il crie, il râle, comme un môme pris en flagrant délit. Et c’est bien ce qu’ils sont. Des gosses pourris gâtés qui s’amusent avec les jouets mis à leur disposition. La coke, elle fait pas que la vendre, elle la consomme, régulièrement. Sans doute trop.

Davis, elle prend sur elle. Pour se justifier. Justifier le bordel et leur dégaine. La scène doit être belle. Elle a toujours su y faire, mais là, c’est indéfendable, et grillé à trois kilomètres. Vu la tête que tire Emilia, elle n’achète aucune de ses conneries. Puis ce serait être complètement aveugle que d’ignorer les habitudes de sa nièce. Evidemment, fallait que fidelio éclate de rire. Il foire le peu de crédibilité qu’elle pensait à avoir, alors elle lève les yeux au ciel. Même quand il se fait reprendre, il continue de rire. On s’est juste mis à l’aise, hein Lex ? Clin d’œil dans sa direction, s’en est trop pour elle, la gosse éclate de rire. « Un peu trop je crois. » mais elle lève les yeux au ciel. Tant pis pour les sous entendus à peine voilés. Elles vont douter de la coke, elles vont juste croire qu’ils s’envoyaient en l’air. L’intimité c’est important, on a besoin de beaucoup d’intimité. Il est sérieux ? regard halluciné dans sa direction. C’est bon, elles vont vraiment croire qu’elle se le tape. Elle se pince le nez, lèvres pincées, à hésiter entre éclater de rire ou le frapper pour qu’il se taise. A la place, elle tire un peu plus sur son chemisier, pour le remettre droit, mais rien à faire, c’est peine perdue. Mais lui, il s’arrête pas. Il déblatère ses conneries, et elle est dépitée. Il fait que s’enfoncer, elle comprend rien, si ce n’est que ça n’a aucun sens. Le couronnement. Couillon. Elle se retient de pas rire tant c’est ridicule et de pire en pire. Mais le silence se fait, tout le monde se toise, attend qu’il y en ait qui cède. Au final, Lex regrette les conneries du Capulet. Le silence, il est pesant, étouffant. Et elle sent son regard sur elle, désespéré. Fallait pas autant parler, mais elle se mord la lèvre, une idée en tête en voyant la porte fenêtre derrière Fid. Ni une, ni deux, elle l’attrape par la main, quelque spas sur le côté, la main sur la poignée, et ils sont dehors, sur la terrasse de sa chambre. Elle veut même pas se retourner, être confrontée aux regards des deux matrones. Elle court, l’entraine à sa suite sans le lacher, dévale les escaliers pour atterrir dans le jardin. Elle s’arrête pas de rire Lex, en imaginant leurs têtes, les leurs et celles des deux plantées en haut. Elle pousse Fidelio, chute avec lui, pour finalement se retrouver au dessus de lui, le sourire aux lèvres, au milieu du jardin immaculé des Capulets. « Elles vont nous tuer. Et on a plus de coke. » Elle passe sa main dans les cheveux du Capulet, y’a de la poudre blanche qui en tombe encore. « Faut vraiment que t’apprennes à te taire. J’aurais pu les faire partir. Je crois. »  elle hausse les épaules, toujours aussi débraillée, mais déçue de ne plus avoir son précieux. « Et on fait quoi pour le couronnement ? » Sourire aux lèvres, référence à sa connerie balancée plus tôt et à ses envies d’être reine.

Vendre son âme au diable. Quel diable ? Lui ? La drogue ? L’empire et le miel des abeilles ? Il l’achète, sans hésiter, l’âme d’Alexis. Mais il sait qu’elle l’a vendu à d’autres et qu’il ne pourra jamais avoir l’emprise qu’il a envie d’avoir sur elle. L’enfermer entre ses doigts comme une petite poupée de chiffon.« Tu veux que j’te la vende à toi. » Il hoche la tête et hausse les sourcils d’un air entendu. Il a jamais pu résister aux jolies filles, surtout aux fausses ingénues, tentatrices et diaboliques comme la blonde. Il lui demande pas son prix, parce que ça sera forcément de son ressort. La monnaie débordant de ses poches pas assez grandes pour son égocentrisme poudré à l’or et à la cocaïne.
Aspergé d’un cocktail whisky-sang froid.
Puis, il s’est conduit comme un con dans la neige devant sa chère mère intransigeante et la tante de la blonde qu’il ne considère pas vraiment. Et au point de non-retour, quelques regards désespérés vers son acolyte. Il se mord l’intérieur de la joue et regarde ses pieds. Il a même plus de chaussures. Ça s’accélère et d’un coup, Alexis le tire hors de son état second. Et de sa chambre. Alors, il la suit, en courant comme un dératé. Au final, il rit en courant, un bien beau tableau pour des fous furieux en fuite. Alexis le pousse et Fid ne répond plus de rien, il ne fait que rire à en perdre haleine en imaginant les deux femmes abasourdies dans la chambre. La matriarche lui en toucherait certainement un mot, intrusive comme elle est, mais il en a rien à foutre. Pour l’instant il chute, son dos s’évanouit sur le gazon parfait. « J’en ai toujours, y’en a dans le coffre de ma voiture, dans le garage près de la piscine. » Il est toujours hilare et ressert ses bras autour de la taille débraillée d’Alexis. Il est trop défoncé et le soleil qui lui tape sur le front le tabasse avec force.

« Tu crois que je suis du genre à me taire ? » De sa main droite il lui attrape le menton et grimace en riant. Elle est trop tentante, là allongée sur lui comme une anguille. Les femmes, c’est son faible, il a du mal à leur résister, surtout quand il n’est pas sain d’esprit. Autant dire la quasi-totalité de son temps. Il laisse retomber sa main sur le chemisier. La villa Capulet est vaste, les jardins surplombent la vallée. D’inspiration française, à la manière des rois capricieux. Entretenir un jardin pareil dans le désert, c’est de la démesure pure, un foutage de gueule total. Il n’y pas de cactus dans ces jardins là, pas de roses non plus, mais des fleurs du désert, belles et carnivores, mystérieuses et enchanteresses. Dans le jardin mystique, personne ne viendra les chercher, tout le monde s’en fout. Les Capulets s’occupent d’eux-mêmes avec un instinct de survie incontestable quand un membre de la fratrie est menacé. Autrement, pas de fioritures, ni de sermons. Du moins, certainement pas à lui. La blondeur des cheveux batifole dans la verdure et Fidelio s’imagine déjà empereur sur un trône incrusté de pierres hors de prix. « Faut que j’y réfléchisse, je peux pas t’accorder le statut de reine comme ça. » Il hausse les sourcils, un sourire étire ses lèvres. « Si tu veux mes faveurs faut que tu m’accordes les tiennes. » Il fait glisser sa main, comme un salopard. La vie de château ça se mérité, pour plaire aux monarques, il faut se soumettre. Et Fidelio, il a déjà vécu toute sa vie comme si, alors s’imaginer roi du monde ne lui semble pas si étranger que cela. C’est une idée familière qui lui murmure que tout ce qu’il lui manque en réalité, c’est une couronne matérielle, à défaut d’en avoir une qui flotte au-dessus de son nom. Nom écrit en doré sur le revers de son flingue, gravé au dos de la croix en argent qu’il porte toujours à son cou, écrit sur la plaque d’immatriculation de sa Veneno Roadster.

Ils courent comme des dératés les deux cokés. Ils courent, ris, s’imaginent les têtes des deux femmes restées en plan. Elles sont clairement pas au bout de leur peine avec ces deux là. Mais elles mentiraient sans doute si elles se disaient choquées. Ils arrivent en bas des escaliers, dans le jardin immaculé, au gazon trop parfait. Ils finissent à terre, à se rouler comme des cons. J’en ai toujours, y’en a dans le coffre de ma voiture, dans le garage près de la piscine. les grands yeux bleus qui s’écarquillent, comme une promesse de monts et merveilles à portée de main. « Et pourquoi on bouge pas ? » Peut-être parce que t’es sur lui. Mais Fid, il continue de se marrer, resserre son étreinte autour de sa taille, alors elle se laisse faire, relache complètement son corps sur lui, le menton appuyé sur son torse, ses mains qui glissent toujours dans ses cheveux poudrés. « Sérieux. On devrait aller à la voiture. Puis dans la piscine. » Parce que c’est vrai que la poudre et l’eau, ça fait bon ménage. Mais quand elle y pense, elle se prendrait bien quelques rails, avant de plonger dans l’eau cristalline des Capulets, quoique pas bien différente de la sienne.

Tu crois que je suis du genre à me taire ? La main qui vient attraper son menton, elle sourit, hausse les épaules comme elle le peut. « Tu pourrais essayer. C’était un vrai désastre. » légère grimace désolée sur le visage de la gosse avant qu’elle se mette à rire. Mais il a raison. Fid, il est pas du genre à la fermer. Il est plutôt du style à l’ouvrir bien grand dans les pires moments. Et c’est sans doute sur ce genre de choses qu’ils se ressemblent le plus. « On va les avoir sur le dos encore longtemps avec ça. » Lex, elle le voit d’ici, la scène avec sa tante qui lève les yeux au ciel, qui fait de grands gestes en la priant de devenir raisonnable. Mais c’est bien hypocrite que de lui demander de vendre de la dope sans y toucher. C’est bien hypocrite que de lui demander de répondre la poudre des abeilles sans en voir la couleur. Et c’est surtout bien mal la connaitre. Elle les imagine trop facilement les leçons de moral, sur son comportement, sur la valeur de sa parole auprès des Capulet quant à son investissement. Mais Lex, elle lui a rien demandé, et ça, elle le comprend pas.

Faut que j’y réfléchisse, je peux pas t’accorder le statut de reine comme ça. Evidemment. Ca aurait été trop simple. Et sans doute pas assez amusant. Si tu veux mes faveurs faut que tu m’accordes les tiennes. Elle hausse un sourcil, mais y’a son sourire en coin qui la trahit. Le voilà le monarque. Dans toute sa splendeur. A vouloir disposer d’elle comme il dispose de tout le reste depuis qu’il a poussé ses premiers cris. Seulement Lexi, elle est pas du genre à se soumettre, à jouer par contre... C’est autre chose. Lex, ce qu’elle donne, elle le reprend. Elle se redresse légèrement, de manière à être assise à califourchon sur lui. Elle prend ses mains, vient les glisser haut sur ses cuisses, jusqu’à ce qu’elles soient sous sa jupe déjà bien remontées. Ses paumes en place, elle les lache, pour déboutonner lentement son chemisier. « C’est ça que tu veux ? » Chez certains, on aurait pu mettre ça sur le compte de la coke, de l’alcool, ou de n’importe quelle substance qui fait vriller le cerveau. Mais chez Lexi ? C’est inné. C’est son état normal. Jouer et provoquer. Tout pour déstabiliser et s’amuser. Le dénouement ? Imprévisible. Avec la californienne, c’est advienne que pourra. Elle laisse son index glisser sur son torse, ses yeux bleus ancrés dans ceux du Capulet. « Mais les couronnes, ça se prend aussi. Ca s’arrache. » Elle sourit, presque angélique. Lex, elle perd pas le nord. Elle prend toujours ce qu’elle veut. Même si aujourd’hui, c’est plus par jeu qu’autre chose. Elle a jamais voulu la place des Capulet, pas vraiment, elle la voudra sans doute jamais. Elle est pas faite régner, mais elle est encore moins faite pour servir. Alors sa manière de faire, ça dépendra de sa patience, des réponses de Fidelio. Elle aimerait voir ce que ça donne quand sa couronne invisible est menacée. Elle se repenche de nouveau sur lui, chemisier ouvert, décolleté royalement offert à ses yeux. « alors … lesquelles de mes faveurs veux-tu ? » En imaginant qu’elle soit d’humeur à les lui accorder. Pourtant, là, il semblerait qu’il n’ait plus qu’à se servir.

Les chats qui chassent les rats.
Une métaphore qu’il aime et qu’il trouve représentative de sa condition mystique. Il est bourré de certitudes complexes et de principes désuets. Mais Alexis défonce toute limite et ça le fascine. Il pense qu’il est déjà loin, qu’il a déjà baisé partout, tout le monde, fait couler de l’écarlate dans toute rue. Pourtant, il lui en reste d’autres et ça le rend un peu plus vivant. Puisque son exaltation ne se puise que dans la dépravation la plus certaine et condamnée. La piscine, la poudre. Il se noierait, c’est une bonne perspective. « Un vrai désastre », répète-t-il, le tremblement de son hilarité toujours dans sa voix devenue rauque. C’est un vrai désastre et c’est ça qui lui fait se dire que c’est une bonne journée. Une merveilleuse journée sur fond de poursuite catastrophée et d’abysses à peine cachés. Il pense à sa voiture. Le voiturier l’a sûrement garé à sa place la veille. Il vérifie si son holster d’épaule est toujours à sa place, oui. Mais pas de Rapier 9mm. Il a dû le laisser sous son oreiller.

Il reprend un peu son sérieux quand Lexi lui parle des répercussions. Effectivement, il s’attend à être convoqué à une réunion de famille. Parce que sa mère ne rigole pas avec ce genre de conneries même si avec son père, ce serait certainement passé pour une petite sauterie en pleine après-midi. Et il n’aurait rien trouvé à lui redire. Fidelio n’a jamais rien à redire à ses parents, ni à aucun autre de ses oncles et tantes, il les respecte trop et c’est à eux qu’il doit sa fortune. Mais son argent, il ne l’a pas volé non plus. Alors, des situations comme ça, ça lui donne sincèrement envie d’acheter sa propre villa un peu plus loin dans le nord. « Je dois définitivement me barrer de cette villa. Chez moi, t’auras un poudrier personnalisé, promis. » Il se l’imagine déjà.

C’est la tentation de céder à un marché qui n’a pas vraiment lieu d’être qui s’infuse dans leurs esprits vaporeux. C’est elle qui fait glisser ses mains sous sa jupe. Ça lui arracherait la gueule de le dire à voix haute mais Lexi, elle le pousse dans ses retranchements. C’est pourtant pas une question d’audace, il a connu des filles plus légères. Mais elle a le minois poudré d’une folie qui est plus que de la chimie. Alchimie. Et tandis qu’il plonge ses yeux dans le décolleté qu’elle lui offre, il se dit qu’il est bienheureux que le jardin soit gavé de buissons et de taillis. « Tu crois que tu peux me l’arracher ? », dit-il d’un air narquois. Il serre ses doigts sur le bas des hanches de la blonde et entortille un doigt autour de sa lingerie. Il se relève un pour se mettre assis, son visage à quelques centimètres de celui de la blonde, « Jamais. », lâche-t-il d’un ton sec. Il sourit à nouveau, ça faisait trop de secondes à être sérieux. Alors, elle lui demande de choisir les faveurs dont il veut disposer. Il sait pourtant qu’elle joue, mais jouer à se servir c’est celui qu’il préfère. Il a beau être ce qu’il veut, il proclame sans doute qu’il jugerait avec certitude ce qui lui est dû sous toutes ses autres formes, dans la totalité des réalités alternatives qui peuvent bien exister. Et que dans chacun de ces mondes, dans n’importe quelle version de Fidelio Capulet, il choisirait de disposer de l’univers en entier. « Si tu veux que je choisisse, qu'est-ce que tu me proposes ? Moi, je les veux toutes. », déclare-t-il aussi sur de lui que lui permet son cerveau cocaïné. Il en veut tellement qu’il envisage un instant d’en récupérer un peu en secouant sa chevelure saupoudrée.

L’idée de retrouver la poudre blanche est trop tentante. Leur petite party en haut, dans sa chambre a été avortée. Bien trop tôt. Elle avait pas fini, Lex. Elle veut toujours plus, pour partir toujours plus loin. Buzz killer les matrones. Un vrai désastre « Ta faute. » qu’elle lache en riant, sans pour autant oublier la piscine. Mais avec la coke, les idées, elles vont, elles viennent. Elles restent rarement.
Ce qui va rester, c’est la scène qu’ils ont offert. Aucun doute qu’ils vont s’en prendre plein la tronche. Reste plus qu’à savoir quand. Lex, elle va en entendre parler. Sans doute au moment où elle s’y attendra le moins. Emilia, elle a un don pour ça. Je dois définitivement me barrer de cette villa. Chez moi, t’auras un poudrier personnalisé, promis « et une suite. C’est le minimum. » Elle voit les choses en grand, et puis, si elle a son propre poudrier, elle risque de squatter régulièrement. Autant qu’elle y emménage en fait. Elle la voit déjà la villa. Trop grande, trop vide. Et trop bruyante de par leurs conneries.

Lex, elle aime jouer. Un peu trop souvent, un peu trop fort. Elle se lance dans des défis à la con, juste par plaisir du jeu. Et avec Fidelio, ça l’amuse d’autant plus. Elle fait glisser ses mains sous sa jupe, déboutonne complètement son chemisier, en se foutant royalement de se trouver dans les jardins Capulets. Elle les imagine pas franchement se balader ici bien souvent. Et elle est prête à parier qu’Axiane et Emilia ont autre chose à faire que leur courir après. Les remontrances viendront plus tard, y’a aucun doute. Alors Lex, elle continue son petit jeu, elle bouge doucement sur le bassin du Capulet, avec son air faussement innocent sur le visage. Tu crois que tu peux me l’arracher ? Large sourire sur ses lippes. Quelle question. Le résultat est pas forcément évident, mais aucun doute qu’elle pourrait essayer. « A ton avis ? » Question rhétorique. Ses doigts se resserrent sur ses hanches, et elle sent son doigt s’enrouler autour de la dentelle de son sous-vêtement. Il se redresse doucement, se rapproche, son visage à quelques centimètres de celui de la californienne. Jamais. « Tu veux parier ? J’crois même que tu serais susceptible de gentiment me la remettre. » Si elle s’y prend de la bonne manière, si elle joue intelligemment, n’importe qui peut plier. En tout cas si elle s’en donnait vraiment la mission et les moyens. Mais à la façon dont il a répondu, la gosse, elle voit qu’il y tient à sa couronne. Et surtout à ses privilèges. Pas partageur peut-être. « Tu comptes en faire quelque chose de ton doigt ? » lache-t-elle avec l’air le plus sérieux du monde, alors qu’il est toujours entortillé dans sa dentelle. Ais vouloir ses faveurs ? Leur jeu va encore plus loin. Ca pourrait être tellement de choses. Mais c’est ce qu’il faut. Tout se monnaie, tout s’échange. Si elle veut sa place, elle doit lui offrir ce qu’il veut. Et d’abord savoir ce que c’est. Si tu veux que je choisisse, qu'est-ce que tu me proposes ? Moi, je les veux toutes. Y’a un sourire en coin qui se dessine sur ses lèvres, elle rapproche son visage, frôle ses lèvres. « Toutes ? Tu deviens gourmand, Fid. » Y’a son cerveau qui commence à redemander de la coke. Son cerveau qui s’égare, qui pense à la poudre qui se trouve pas bien loin. Encore faudrait-il la trouver. Et se relever. Mais la présence de Fid, elle peut pas l’oublier. Ni ses mains sous sa jupe. Sa proximité encore moins. Ses faveurs, elles peuvent être nombreuses, c’est de les garder sur la distance qui risque d’être plus compliqué. « Ma loyauté ? » Ses lèvres s’approchent une nouvelle fois, le long de sa machoire, puis vers ses lippes. « Mon respect ? » Ca, c’est pas bien compliqué, il l’a sans doute déjà. « Mon fric ? T’en as sans doute pas besoin. Ma dope ? » il a en a sans doute plus qu’elle. Il a accès directement à la source. Sauf s’il veut des produits extérieur, là, il s’adresse à la bonne personne. « Que j’te serve ? Mon corps peut-être ? » C’est peut-être ça les grandes faveurs qu’il veut. Fid, ça reste un mec. C’est un Capulet, et faudrait être aveugle pour ne pas remarquer son regard. Mais elle le cherche, le provoque, voir jusqu’où il va tenir. Lex glisse l’une de ses mains sur sa joue, et ses doigts viennent attraper son menton. « Je croyais que t’étais du genre à prendre ce que tu voulais ? » Avec les cerveaux embrumés, les jeux deviennent tordus, mais c’est toujours ce qui l’amuse le plus. Jusqu’à ce qu’elle en trouve un nouveau.

Elle est peut-être aussi vorace que lui. C’est toujours la même chose. Il adore les indomptables, celles qui le torture et il en redemande. De temps en temps, il se laisse aller avec une fille facile puis ça le lasse bien vite et il retourne à ses vieux démons. Les habitudes chez lui ont la vie dure, depuis qu’elles sont plus intenses que tout. Depuis cette soirée. et une suite. C’est le minimum. Il sourit encore, pour l’énième fois de cet après-midi. « Ouais, ça on verra. », marmonne-t-il d’un air faussement détaché. Ils se lancent dans un jeu sans limites dans le jardin immense. Il se rassure en ce disant que les Capulet ont vu des choses bien pires dans leur jardin que des ébauches d’ébats dans le gazon. Alexis le fascine dans son comportement jamais modéré. Oui, il est fasciné. Tu veux parier ? J’crois même que tu serais susceptible de gentiment me la remettre. Il hausse les sourcils d’un air amusé. Tu peux toujours courir. Elle a de la ressource mais pas assez. Il se dit que ça aurait pu marcher, une année plus tôt. Trop de choses se sont passées à présent pour qu’il se conduise comme un idiot. Juste pour les charmes d’une blonde. Il en voit assez des mannequins. Elle, elle est plutôt quelconque. Il déteste qu’elle soit aussi sure d’elle mais il peut pas nier qu’elle sait y faire. Il ressert ses doigts et se mord l’intérieur de la joue. Il a pas envie que ça s’arrête. Des frissons dans son bas ventre quand Alexis le torture de ses charmes. Il éclate pourtant de rire quand elle fait référence à son doigt entortillé dans sa lingerie, « Chaque chose en son temps. », lâche-t-il toujours hilare. La vérité c’est qu’il est beaucoup trop défoncé pour savoir profiter de la situation correctement. La coke, justement, faut aller la chercher.

Mais bien vite, Alexis la liste des faveurs qu’elle peut lui accorder. Il aime assez qu’on lui offre tout sur un plateau le Capulet. Mais il hoche négativement à tout ce qu’elle lui propose. En bon monarque indécis et exigeant. Lui le bon prince. Puis, elle lui parle de ses faveurs en s’approchant dangereusement de ses lèvres à lui. Embrasser Lexi ou pas. C’est la question qu’il se pose tout en se demandant s’il est assez défoncé pour ça. Il est assez défoncé pour tout. « Ouais, on baise dans le jardin et après ? Dans la piscine ? » Il lui balance ça dans l’oreille et il peut pas s’empêcher de se dire que trop souvent, il agit comme un gros con. Mais c’est sa philosophie de vie. Il se complaît dans le plaisir immédiat et les métaphores faciles. Les tirades cyniques et l’humiliation publique. Lex lui attrape le menton comme pour le sortir de sa torpeur. Je croyais que t’étais du genre à prendre ce que tu voulais Il essaye de tenir, de se dire qu’il a des principes, tout au fond de lui, bien cachés et enfermés à double tour. Il y a une lutte dans son cerveau d’égocentrique qui le malmène et le rend cinglé. Il y a aussi la drogue qui lui vrille la tête. La blonde le teste, elle veut voir où son ses limites et elle se rend compte qu’elle lui embrume l’esprit de son extrémisme.

Il se sent toisé, poussé dans ses retranchements. Parce que ça sonne comme un reproche, ô Fid tu n’es pas assez audacieux pour un Capulet. Il brise le faible espace qui sépare ses lèvres de celles d’Alexis. La chaleur et le trouble le malmènent encore. Mais sa main agrippe l’arrière de la tête de la blonde pour se presser un peu plus fort. Il a la rage, il veut pas se sentir dominé, c’est le pire sentiment. Il se détache de l’étreinte langoureuse et se dégage de la blonde pour se relever. « On va la chercher cette poudre ? », dit-il en lui tendant la main. Il la saisit quand même pour la tirer vers le garage. Il cherche sa Veneno qui a dû morfler pendant la soirée de la veille. Il la trouve enfin apparemment sans égratignures et saute à l’intérieur pour trouver de quoi s’amuser encore. Enfin. Il attrape un sachet et le balance à Alexis avant de s’en fourrer deux autres dans les poches. « Un remontant avant le grand plongeon ? » Lui il n’attend que cela. Quelques mètres plus loin, la piscine s’offre à eux. Pressé de s’intoxiquer il s’installe sur un transat en déballant le sachet. La nouvelle injection dans ses narines, il contemple l’eau brillante. Comme une eau bénite qui pourrait ôter leurs ostentatoires actions.

Ouais, ça on verra. Un sourire sur le coin des lèvres, l’index qui glisse le long de sa mâchoire. « C’est tout vu. » Lex, elle attend rarement la permission. Elle prend. Tout. Et quand ça la chante, elle partage. Elle est pas égoïste, la gosse, elle a juste besoin de tout avoir, et ne plus savoir quoi en faire. Mais ce serait drôle d’avoir cette suite dans la future villa de l’héritier. Et peut-être insupportable pour lui à la longue. Faut avoir les nerfs accrochés avec Davis. Faut pas avoir de limites, ou constamment les repousser. « Moi, de la coke, une suite. J’vois pas à quoi tu veux réfléchir. » l’index glisse dans son cou, avant de s’évaporer, à le laisser à ses idées. Laisser son imagination s’enflammer et s’emballer aux diverses possibilités. Lex et la manière de faire rêver. Des idées vagues et pourtant alléchantes, que son toucher léger ne fait qu’intensifier. Comme un gout de concret qu’il toucherait du bout du doigt. Comme le fait de lui rendre sa couronne de plein gré, sans même l’arracher. Son air amusé la ravie. Ca peut être amusant en fin de compte. Alors elle continue son petit jeu, de le pousser plus loin, dans ses retranchements, de guetter chacune de ses réactions. Comme lorsqu’elle mentionne son doigt entortillé dans son sous-vêtement. Il serait peut-être plus utile ailleurs. Il éclate de rire, et son rire cristallin se joint au sien. Chaque chose en son temps. « Oh, pardon. » lache-t-elle faussement sérieuse en riant.

Les faveurs pourraient être trop nombreuses. Certaines plus réalisables que d’autres. Certaines trop simples. D’autres seulement sur le court terme. Mais pour un gosse habitué à ce que tout lui soit servi sur un plateau d’argent, dur de choisir. Tout lui est dû. Il veut tout, tout de suite. Mais rien. Si ce n’est lorsqu’elle parle de son corps. Les lèvres qui se rapprochent, qui tentent, lueur de malice dans le regard. Ouais, on baise dans le jardin et après ? Dans la piscine ? « quelle question. C’est fait pour ça les piscines. Puis faut bien un peu d’animation dans ces jardins. » Elle regarde autour la gosse, comme si elle cherchait réellement quelque chose. Ou plutôt à constater le manque d’activités. « Ils sont trop propres, trop parfaits. Faut y mettre un peu de vie. » Et sa connerie, pour y mettre de la vie, elle en a revendre. Le menton de fid entre ses doigts, elle pousse la provocation plus loin, quitte à toucher son ego et sa fierté. Lex, ça l’amuse de voir ce combat intérieur s’animer au fond de ses pupilles. Elle arrive pas en déterminer l’issu, ça cogite trop. Du moins jusqu’à ce qu’elle se retrouve avec les lèvres du Capulet sur les siennes. La surprise passée, elle y répond, rit contre ses lèvres alors que sa main agrippe l’arrière de sa tête pour intensifier ce baiser. Les lèvres de la gosse se font pressantes. Elle goute, allume, mordille sa lèvre pour finalement jouer avec sa langue. Et lorsqu’il se détache, elle le fixe, un sourire en coin. Beaucoup mieux. il se relève, elle a les fesses par terre, le regard relevé vers l’héritier, à attendre la suite. C’est qu’il aurait presque réussi à la faire taire. On va la chercher cette poudre ? « Tu vas pas me le dire deux fois. » elle glisse sa main dans la sienne, se redresse pour finalement foncer jusqu’à sa bagnole. Appuyée contre la portière arrière, elle attend patiemment qu’il en sorte les trésors. Elle attrape un sachet alors qu’elle rit en le voyant en mettre deux autres dans ses poches. Un remontant avant le grand plongeon ? elle acquiesce d’un signe de tête, le sourire aux lèvres. Direction la piscine. Si la môme se met à genoux, devant le transat, c’est certainement pas pour prier. Elle défait le sachet, en dispose une partie sur le transat, se siffle une ligne. Aussitôt apparue, aussitôt disparue. La narine essuyée d’un revers de main, elle se lève, et se débarrasse de ses fringues pour rester en sous-vêtements, en se foutant bien du peu que ça cache. Elle avance jusqu’au bord, se retourne, face à Fidelio. Elle écarte les bras en riant pour se laisser tomber en arrière. La fraicheur agréable de l’eau qui recouvre complètement son corps. Elle remonte à la surface, reviens rapidement au bord, les bras croisés sur le sol, la tête posée dessus mais le regard relevé vers Fid qui fixe l’eau comme s’il s’agissait d’une véritable merveille. « Besoin d’aide ? » demande-t-elle finalement en tendant la main dans sa direction. A poil ou habillé, c’est lui qui voit.

Moi, de la coke, une suite. J’vois pas à quoi tu veux réfléchir. Les filles jouent les bonasses inaccessibles. Ça le fait doucement rire parce que ce qu’il pense de tout ça, c’est que la plupart ne sont que des salopes déguisées. Il se délecte de la vision lunaire d’Alexis de son œil bleu, goute sa bouche avec avidité après qu’elle se soit doucement moquée. Il écrase ses phalanges dans le creux de ses hanches. Il est plus indulgent avec Lexi malgré ses pensées de macho sexiste. Ça doit être la coke, mais il lui trouve un truc. Le défi qui lui est souvent dérobé. La dénégation qu’on ne lui décerne jamais.  A défaut de s’affaisser dans une spirale complètement clichée et de la voir comme cette fille qui a un truc spécial, il dit rien du tout. Parce qu’il sait ce qu’elle lui a déjà fait, la première fille d’exception. Elle lui vend des options comme pour une caisse et Fid se marre sachant que rien n’est trop cher. Tout payer, tout monnayer c’est une passion coutumière. Animer les jardins ça le tiraille, animer Lexi aussi. Il déraille la tête enivré dans le psychédélisme de la substance qui se dissout peu à peu. Il veut pas que ça s’arrête, il arrête tout comme un capricieux, embarque la gamine comme il en possède la manie. Il y a Lex qui l’allume après qu’il ait braqué son coffre. Elle est à genoux comme une sainte quand elle aspire la poudre dans son nez et Fid, cocaïne déjà dans la gencive, l’imite. Il a étalé la précieuse et l’a inspiré, la salvatrice. Il comate encore un peu, mate la blonde à moitié nue dans le processus. Cette fille attise le foyer destructeur de son démon et ça lui procure un plaisir impossible à satisfaire.

Il saisit pas ce qu’il attend. Il plane sûrement. Hypnotisé par l’eau et les courbes tentatrices dessous. Comme une… naïade. Ah oui, Naïa, il l’a oublié celle-là. Ironie facile pour quelqu’un avec un prénom équivoque. Capable de demeurer fidèle pour une, une à la tête explosée dans le tréfonds d’une basse cave. C’est sale, c’est bien. Pas de grands débats pour les pétasses. Il s’est promis, solennellement que ça n’arriverait plus. La main sur le cœur, baiser sur l’amoureuse sous son bras. Celle qui tire des balles de plomb, qui violente des corps, libertine qui troue sans un regard.
Elle au moins, elle se fait pas tirer.
Il tergiverse en pensées et Lex le toise de son œil défiant. Besoin d’aide ? Il a envie de dire oui. Mais il se laisse tomber presque mollement dans l’eau. Tout habillé dans la flotte. Ça le fait rire quand il remonte, il en boit presque la tasse. Des rires mouillés, un costume à quatre milles balles aussi. C’est dans l’eau qu’il dégage ses fringues. Replonge encore. Ouvre les yeux pour voir le soleil filtrer sur le fond. Flirter avec la faïence.
C’est la drogue, certainement. Y’a jamais de surdose de folie, le sevrage n’est pas une option, la toxicité injectable assez soumise pour qu’il la vénère. Et dégrader Lexi, c’est toxique aussi. Mais c’est assez addictif pour qu’il succombe. Accro à toutes les sortes de destructions, c’est la meilleure. Il nage, ou du moins se laisse porter par l’eau traitresse pour attirer la blonde. Mains sous l’eau qui se plantent à nouveau dans ses hanches. Il cherche à avoir pieds, la profondeur trop instable pour son cerveau intoxiqué. Le blond, malmené par le venin, appuie son front sur celui de la gamine. « Je vais certainement me faire torturer demain pour ça. » Il songe déjà au scandale, aux mines effarées. Leur tête de con à tous ces hypocrites. « T’es assez poudrée ? », demande-t-il comme si c’était possible de l’être plus qu’ils ne le sont déjà. A poil et presque dans la piscine. Arrangés dans la chambre, effarés dans les escaliers, hystériques dans le jardin. Hors d’atteinte, dans les entrailles de la défonce, voyous au crime déjà excusé, puisque tout est possible. Et que rien n’est jamais suffisant. Jamais assez bourré, assez détruit, assez blessé, pas assez de sang. Encore, encore, le Capulet se roue de plaisirs menaçants qui l’excitent, rien que ça.

Agenouillée, certainement pas pour prier, la môme fait disparaitre les traces blanches rapidement. La douleur dans le nez commence à se faire sentir, dans le crâne aussi. Douleur express, rapidement disparu quand le produit se disperse dans le système. Ca fait, elle se déshabille. Lentement. Trop pour que ça soit innocent. Légèrement cambré, sensuelle sans que ça soit forcé. Elle le sent, le regard de Fid dans son dos. Ses yeux qui brulent chaque parcelle de sa peau dénudée. Elle peut pas s’empêcher de sourire, mais c’est la piscine qu’elle se dirige, en s’y laissant tomber, les bras grands écartés.
La fraicheur de l’eau réveille. Et pourtant, elle a l’impression qu’elle part plus loin. L’impression de voir de la poussière d’étoiles dès que les paupières s’ouvrent. C’est le reflet du soleil sur l’eau translucide. L’eau brillante, autant que son esprit intoxiqué. Elle passe ses mains sur son visage, dégage l’eau en trop et s’avance vers le rebord, le regard rieur, quoiqu’un peu défiant. Aucune réponse, si ce n’est son corps qui tombe comme une masse non loin d’elle. La tête qui émerge rapidement, les fringues trempées avant qu’il ne s’en débarrasse tout aussi vite. Lex se met à rire alors qu’il finit à poil. Forcément que son regard s’évade, qu’il se perd sous l’eau, sous la ceinture, le sourire en coin. Elle se met à l’horizontale, sur le dos, à flotter sous le soleil. L’eau qui glisse sur son ventre plat, se fraie un chemin entre ses seins, sur son soutien-gorge trempé. Elle se sent légère là, coke ou pas coke. Neurones dévastés ou non.  C’est quand elle sent les légères ondulations de l’eau, signe que le Capulet bouge, qu’elle ouvre les yeux pour se retrouver une nouvelle fois sur ses pieds. Les doigts qui s’ancrent dans ses hanches, et elle se laisse complètement faire. Lex, elle a le creux des reins qui se réveillent. Douce brulure qui titille. Plus que d’habitude. Sans doute la coke qui décuple. La coke qui assomme aussi. C’est pourtant une sensation qui lui est devenue familière. Y’a tout qui semble trop brillant autour, si ce n’est Fid, parfaitement clair dans son champ de vision, qui vient poser son front contre le sien. La coke les envoie loin, trop loin, mais ils s’accrochent l’un à l’autre pour pas complètement dériver. Je vais certainement me faire torturer demain pour ça. Elle hausse les épaules, mais avec un sourire sur le coin des lèvres. Y’a aucun doute là-dessous. Surtout après leur petite fuite de la chambre. S’ils s’étaient calmés bien sagement, et qu’ils étaient descendus avec Axiane et Emilia, peut-être que les remontrances auraient été brèves, peut-être même inexistants. Mais là… Lex en doutait assez. « au moins, t’auras des souvenirs plein la tête. » T’es assez poudrée ? La gosse acquiesce d’un signe de tête. « Si t’en prends plus tu risques de ne plus pouvoir faire grand-chose. »

Il s’est foutu à poil dans sa piscine et il est à deux doigts de clamser entre fous rires, noyade et poudre. Il vogue dans les méandres de son esprit trop détraqué, navigue dans les vagues de l’eau révélatrice. Il est trop loin, à des milliers de lieues sous la mer. Enfoncé dans le sol, crevant sous la pression, explosé dans les abysses. Complètement ravagé par la drogue dans son système, à deux doigts d’entrer en extase presque immergé dans l’eau bénite. Le miracle de Dieu c’est pas les flots sur sa peau mais la poudre dans son nez. Ou les deux puisqu’il se sent flotter dans l’air immense. En apesanteur dans sa connerie. Y’a Lex contre sa peau qui lui murmure des chimères.