who are you in the dark? (melina)

Who are you in the dark?
Show me the scary parts

regard noisette qui s’aventure vers la vitre. berline noire devant le lycée de Night Vale. le seul, l’unique. pour tout le monde, tous les gangs. au nord. excellence voulue mais pas toujours acquise. ces bons à rien de sudistes qui viennent ternir les résultats. ces montaigu qui frôlent les mêmes couloirs que le sang bleu capulet. ça devrait être interdit. impensable pour toi. et tu comptes bien réparer cette erreur une fois que tu seras au pouvoir. tu n’hésiteras pas à les séparer. dès la naissance s’il le faut. tu refuses d’accepter ce mélange de classe. qu’ils crèvent tous dans leurs quartiers du sud. qu’ils finissent tous à la rue sans savoir ni lire ni écrire. ils ne méritent pas une quelconque éducation. et tu espères bien au fond qu'ils finiront par s’éteindre seuls. la berline légèrement en retrait. camouflée dans la masse de véhicules face à la sortie. mais suffisamment proche pour que tu aies une vue plongeante sur chaque visage. tu es en quête de ta proie. douce et naïve. tes ongles parfaitement manucurés qui attendent de pouvoir goûter à la chair montaigu. aujourd’hui tu laisses la vengeance te bouffer. moins rationnelle qu’à ton habitude, c’est une décision personnelle. probablement que ta génitrice n’approuverait pas. c’est certain même. tu ne peux pas t’attaquer à eux, seule. c’est contre les règles. ces règles qui façonnent ta vie et qui s’assurent que tout reste en ordre. mais tu finis par te laisser guider par cette vengeance. purement égoïste. ce sentiment qui te bouffe depuis trop longtemps. lassée de ne rien faire, de les laisser gagner, d’être silencieuse. tu ne subiras plus. tu refuses de te positionner en victime. alors tu prends les armes et tu fonces. tes yeux qui viennent la trouver. la jeune montaigu. ses cheveux bruns au vent. son sourire si innocent. le tien qui se dessine également. tes yeux qui crient vengeance. « Suivez-la. » tu ordonnes d’un ton sec. à l’abri derrière la vitre teintée, tu te contentes de laisser ton chauffeur te mener à elle. et c’est presque comme si elle te mâchait le travail. petite idiote qui t’amène dans un hangar désaffecté. et pendant quelques secondes, tu te dis qu’elle y cache quelque chose. une gamine de dix-sept a forcément des secrets. surtout quand elle fait partie d’une famille timbrée comme les montaigu. tu attends que ton chauffeur vienne t’ouvrir la portière. tu en sors telle la princesse que tu es. talons aiguilles qui claquent contre le sol. tu grimaces légèrement au lieu dans lequel tu te trouves. rien, absolument rien autour. scène de crime parfaite. tu viens tendre un tissu noir. « Vous attendez qu’elle soit de dos avant de lui bander les yeux. Elle ne doit avoir aucun soupçon. » tu prends des risques, Maé. et tu essayes de te conforter en te disant que ton plan est sans faille mais c’est pas sûr. à tout moment ça peut tourner mal. mais tu refuses de faire marche arrière. tu veux faire couler du sang. tu veux les voir souffrir. un par un. et ça commence par toucher à leur bébé. innocence, jeunesse, innocence. chaque bulle que tu vas venir éclater progressivement. la peur que tu veux engendrer. le sang que tu propageras. alors tu le suis. t’es en retrait. tu le laisses prendre les devants. il vient l’attraper par derrière. son avant-bras contre sa gorge pour la maintenir immobile. puis il vient lui bander les yeux. tu viens faire signe de la plaquer contre le mur. son dos qui vient frapper contre le béton. un sourire satisfait sur ton visage. tes talons qui viennent claquer jusqu’à ce que tu retrouves face à elle. chose si fragile. jouet à ta merci. les mains de ton garde du corps qui viennent emprisonner ses épaules. son corps qu’elle ne peut pas bouger. ce pouvoir que tu possèdes à cet instant. magique. jouissif. « Ton incapable qui te sert de père ne t’a jamais dit que c’était dangereux de te promener seule dans les rues ? » tu demandes d’un ton autoritaire. tu ne connais même pas son prénom. détail futile. tu ne t’abaisseras pas à cette familiarité. « Il le regrettera quand il ne te verra pas rentrer ce soir. » tu lui dis calmement. une menace de mort qui plane dans l’air. une aisance dans tes paroles. « Tu as un dernier mot ? » une faveur que tu lui fais. et tu veux qu’elle pleure la gamine. tu veux la voir mordre à l’hameçon. tu veux la voir pétrifiée. tu veux la voir imaginer que ce sont ses derniers instants.
BLACK PUMPKIN

La journée s’éternise. Les cours sont beaucoup trop longs pour la petite Montaigu qui ne rêve que d’une chose : Fuir cet endroit. Heureusement, la sonnerie ne tarde pas à mettre fin à son supplice. D’un geste rapide, elle récupère ses affaires tout en saluant ses camarades de classe. Elle se sent légère, la vraie vie peut enfin commencer. Elle quitte l’établissement, les écouteurs dans les oreilles, la musique rythmant ses pas. Elle ne se doute pas qu’elle est suivie. Aucun nuage ne plane au-dessus de sa tête innocente. La jeune femme marche un petit kilomètre puis s’introduit dans un hangar abandonné. Son repère. Là où elle laisse son corps parler. Depuis toujours, elle danse, à l’abri des regards. Seule, elle s’imagine virevolter sous les projecteurs, dans une autre ville, un autre monde. Elle n’a pas pris de cours. Internet est grand. Grâce à lui, elle a exploré plusieurs styles de danse, passant du classique au hip-hop. Son père ne comprendrait sûrement pas. Quelles sont les chances pour qu’une fille comme elle devienne une ballerine ?

Son sac claque sur le sol. Elle se penche pour attraper son legging de sport quand elle sent un bras se resserrer autour de son cou. Son premier reflexe est de se débattre. La vie mérite de se battre. Très vite, un foulard vient recouvrir ses yeux. Dans le noir, Mélina commence à paniquer. Elle cherche une explication, n’en trouve pas. Son corps est claqué contre le mur. Elle agite ses bras dans le vide, en vain. « Lâche-moi ! » Elle se débat, mais son interlocuteur a une carrure imposante. Bien plus que la sienne. Puis elle entend. Un bruit de talons. L’organisateur de ce coup monté serait-il une femme ? L’inconnue prend vite la parole, répondant à ses interrogations. « Ton incapable qui te sert de père ne t’a jamais dit que c’était dangereux de te promener seule dans les rues ? »
Mélina serre les dents. Plusieurs émotions viennent l’envahir. Elle voudrait se battre, se défendre, faire mal. Pourtant un sentiment de peur et de crainte vient de naitre au fond de son estomac. Elle réalise qu’il ne s’agit pas d’une mauvaise blague. La voix de l’inconnue se fait de nouveau entendre. Voix douce, mélodieuse, qui lui crache des mots à la figure comme un venin. « C’est toi qui aura des regrets quand mon père t’aura tabassé. » Elle ose. Elle joue la provocation. S’étonne elle-même. Elle, la petite Montaigu qui a toujours été protégé de tout. Qui n’a jamais participé aux affaires du gang. Aujourd’hui c’est elle qu’on attaque. Sans arme, sans formation, sans défense. Puis la voix se fait plus autoritaire. Gagner du temps. Dans sa position, c’est tout ce qu’elle peut arriver à faire. « Montre-moi qui tu es. Enlève le ruban. »

code by bat'phanie

» Mélina Montaigu ★ @Melina
» Mélina ★Etoile déchue
» (cole) who are you in the dark ?
» clyde ☾ i'm not afraid of the dark
» thalia ☾ not a stranger to the dark