looking glass | melchior

visage aux traits tiré par les années, aux prunelles pourtant toujours aussi brûlantes qu'elles sont restées pâles au fil de ce temps qui semble s'être écoulé bien trop rapidement, décennies accumulées durant un temps, jusqu'à en compter quatre et encore une moitié supplémentaire. soupire au bord des lèvres. c'est un vendredi soir, l'heure défile petit à petit et dix-sept heures s'approchent. tu attends patiemment que les dernières minutes défilent, plongé dans un livre ou dans des papiers, suivant ton humeur massacrante ou clémente. l'heure sonne, quelques coups se font entendre contre la porte, ta voix résonne et tu refermes l'ouvrage entre tes doigts, le déposant avec précaution sur le bord de ton bureau. la tête relevée, opales bleues posées sur le plus jeune, mais également un des plus âgés de tes enfants. bonjour, père. tu hoches doucement la tête et désignes le fauteuil face au bureau d'un geste de la main, invitant ce fils à venir s'y asseoir. ton regard parcourt chaque détail et durant quelques courtes secondes, le coin de tes lèvres s'étire en un très faible sourire. quelques dixièmes imperceptibles. j’ai préparé un nouveau discours pour ce dimanche. j’ai essayé d’insister d’avantage sur le côté mensonger des rumeurs. nouveau hochement de tête, tandis que tu te penches légèrement en avant pour attraper une des feuilles maintenant éparpillées sur le bureau, quelques lignes que tu lis distraitement. prometteur. mais ça reste difficile à dissiper, surtout les plus jeunes qui ont la tête dure. pensez-vous à une manipulation plus violente ? ou plus… biblique ? tête relevée, un léger froncement de sourcils. qu'entends-tu par 'jeune' ? question délicate, sans doute. les enfants sont faciles à contrôler. les adolescents suivent bien souvent l'avis de leurs parents, il faut les viser en priorité, mais ne pas user de violence, il y a des moyens bien plus imperceptibles pour convaincre quelques têtes supplémentaires. voix calme et posée. la manipulation comme principale branche à cet arc pourrit jusqu'à la plus profonde fibre de bois. soupire au bord des lèvres, regard qui se promène sur les feuilles. en ce qui concerne le commerce... on demande de plus en plus de nouveautés mais je pense qu'avec les nouvelles pilules on devrait répondre à la demande. mais les actes de rébellion sont plus fréquents. orphea et moi avons eu quelques soucis l'autre soir mais j'ai arrangé ça. regard curieux, soudainement, mais d'une curiosité contrôlée et sans doute légèrement malsaine sur les bords. tes doigts viennent pincer l'arête de ton nez et, finalement, ce souffle s'en échappe, de tes lippes. quel genre de soucis ? pas une question piège, peut-être une once d’inquiétude, au plus profond, qui ne doit pas être perçue. attendons de voir comment ils réagissent au nouveau produit, et si la rébellion continue, nous aviserons à ce moment. certains junkies deviennent plus agressifs quand leur dose n'est plus assez forte. tu souffles finalement, après quelques secondes de réflexion. regard relevé vers ce fils qui cherche à atteindre la perfection.

La rigueur c’est ce qui motive l’entièreté de sa vie. C’est comme ça qu’on l’a élevé. Dans une farandole accaparante de bonnes manières, de gestes bien placés. D’usages et de techniques marketings. Il n’essaie pas de se faire passer une victime, il ne se considère même pas comme tel. Tout ce qu’il a, tout ce qu’il a subit pour se forger des nerfs d’aciers, un mental bourré d’égocentrisme à l’état pur, ça en valait le coup. Petite tête blonde sensible, trop sensible. Il est né avec une grande gueule et des manières exécrables. Avec un refus d’autorité certain, une arrogance prédestinée dans ses gènes. Et il a appris auprès de son père, à se taire quand il faut, à menacer en silence. Une technique qu’il ne maitrise pas encore tout à fait, car trop d’impulsivité et de réflexes d’enfant Capulet pourri gâté. Il aimerait acquérir un jour la même sagesse cependant. Admirer son père, c’est ce qui maintient ses objectifs. qu'entends-tu par 'jeune' ? L’ainé Capulet lève la tête, sans broncher en écoutant avec application la suite des conseils de son paternel, « Je peux pas jouer la carte de l’épaule sur laquelle se reposer comme pour les enfants, ni attendrir comme pour les plus âgés. Ils posent beaucoup de questions, c’est souvent eux qui répandent les rumeurs qu’ils entendent. Alors, j’ai pensé peut-être à prendre les parents et leurs enfants à part, par famille, pour galvaniser tout le groupe. Est-ce que vous avez des suggestions là-dessus ? » Il se gratte la tête. Négocier des tactiques avec son père n’est pas chose aisé, surtout quand il faut qu’il trouve de bonnes idées. Il essaie d’en apporter le plus possible, pour pas se faire mâcher le travail et se faire traiter d’incapable. Il a juste constamment besoin de l’accord de son paternel ou plutôt, de son hochement de tête significatif.

Il est obligé de tout lui dire, ça en devient presque trop naïf. Il échappe son altercation d’il y a quelques mois et son air bien trop calme et concentré faillit un peu quand son père le regarde. quel genre de soucis ? Fidelio se racle un peu la gorge et fait craquer les jointures de ses doigts. « Pendant une course, un homme a menacé Orphea avec une arme et a exigé en échange, notre argent et de la totalité de la drogue. » Il inspire un peu, « J’ai dit à Orphea de tout lui donner et il a prit la fuite mais comme il a insulté notre nom après ça, je l’ai rattrapé. » Il reprend son calme. « Et je l’ai tué. Mais personne ne m’a vu et il n’y aucune trace de quoique ce soit sur lui. » Après coup, il se dit que même s’il y en avait eu, ça aurait pas été un réel problème. Les trois quarts des flics à la solde des Capulet, tous plus corrompus les uns que les autres. Il aime ça, ça lui donne l’impression d’être dessus des lois et c’est le cas.  attendons de voir comment ils réagissent au nouveau produit, et si la rébellion continue, nous aviserons à ce moment. certains junkies deviennent plus agressifs quand leur dose n'est plus assez forte. Il hoche la tête positivement. Et lui, qui se vrille la tête à en perdre la mémoire, est-il un junkie ? Il se considère pas comme tel mais l’épisode du jardin et de la piscine n’est pas passé dans l’oreille d’un sourd. Bien qu’il sache qu’en réalité son père s’en fiche complètement et que c’est sa mère qui a dû lui faire le cinéma habituel. Cependant, il espère ne pas l’avoir déçu, parce tout ça, ça reflète encore trop d’immaturité. « Je voudrais aussi vous présenter mes excuses pour mon comportement immature avec Alexis. » Il garde sa tête droite, il est forcé de le faire, jamais baisser les yeux, même s’il en a fortement envie. « J’espère que vous n’en tiendrez pas rigueur sur mes responsabilités et sur… la présence d’Alexis non plus. » Pas qu’il ait réellement besoin de sa présence de façon constante. Mais il sait les projets d’ascension de la tante Davis, alors même s’il s’en contrefout, il veut savoir. Oui, savoir ce que son père pense vraiment, sans mère hystérique à côté.