troublemakers (harbel)

   petite fille qui a grandi trop vite, petite princesse qui glisse entre les doigts de son shérif de père. et toi aussi, tu glisses entre tes propres doigts. l'ancienne toi qui t'échappe, vite, si vite. trop vite. tu essaies de te convaincre que c'est pour la bonne cause. les héros des comics que tu aimes tant ont dû faire tant de sacrifices, tu ne peux pas plier et te défiler dès les premiers vents contraires. tu ne le feras pas. clark kent et bruce wayne n'ont pas été lâches, eux. diana prince non plus. quoiqu'il advienne, tu sais, au fond de tes os, de tes tripes, de ton être tout entier, que tu ne peux pas faire demi-tour. que tu ne peux plus, désormais. tu as sauté. tu n'es pas convaincue de trouver le chemin pour remonter. tu n'es pas convaincue non plus d'en avoir vraiment envie. ce que tu es devenue, tu l'as accepté. tu es devenue plus forte que ton père n'aurait jamais pu l'espérer. tu n'as plus peur.
ce jeu dangereux auquel tu joues, tu n'en maîtrises ni les ressorts ni les règles. tu es un pion sur l'échiquier des puissants.
un pion rebelle.
tu es le pion qui a l'intention de mettre fin à la partie et de renverser leur saleté d'échiquier, une bonne fois pour toutes.
mais avant tout ça, tu es journaliste. une apprentie journaliste avec le blouson orné d'une rose des crimson pistols, certes. mais ta plume est ton arme préférée, et tes mots, l'exutoire de ta vie. pour une journée, juste une journée, tu as relégué les flingues et la poudre à canon au placard. tu as remplacé l'image de liam, que tu avais tant aimé et qui est mort sous des balles inconnues, par l'éclat du trophée de ton futur pulitzer. ton article, ta corde de sécurité. cette journée, tu l'as uniquement consacrée à l'investigation à l'ancienne. tu as retrouvé tes vieilles habitudes, as évité soigneusement tous les endroits dont la vue t'étais devenue douloureuse. chemise blanche nouée sur un jean, boots camel, cheveux dorés retenus en couronne tressée. tu ressembles à la petite fille que ton père ne retrouve plus en toi. à la fille d'avant. mais il y a ce blouson, éternel, sombre comme les tourments qui déchirent ton âme et ton coeur, et cette rose flamboyante dans le dos, comme une injure à la face du monde. le petit serpent d'argent qui mord la chair tendre de tes lobes d'oreilles. ta nouvelle allégeance, tu la hurles au monde entier.
la fille du shérif parmi les crimson.
le loup parmi les brebis armées jusqu'aux dents.
l'agneau parmi les loups affamés.
tu es passée chez tom's diner pour prendre un milkshake, comme tu le faisais tout le temps, avant. banane, fruits rouges. comme avant. tu te promènes, le gobelet à la main, les yeux défilant sur cette ville qui t'a vue naître et que tu détestes, que tu vomis. tes yeux glissent sur la façade du poste de police, au loin, si loin que tu serais incapable de reconnaître le bâtiment si tu ne le connaissais pas par coeur. et puis un visage accroche ton regard. un visage partiellement dissimulé dans la pénombre d'une voiture. un visage ami, que tu connais. un sourire étire lentement tes lèvres, et d'un pas tranquille, tu le rejoins, et cognes doucement à la fenêtre du véhicule pour signaler ta présence. 'morgaaaan! je suis contente de te voir! qu'est-ce que tu fais là?'
petite fille dans un jeu qui la dépasse. tu sais juste qu'harvey est l'un des derniers amis que tu as encore. et ça te suffit.


 

Harvey se faufile dans les rues. Une simple ombre qui glisse dans les ténèbres. On ne le voit pas, personne ne fait attention à lui, pourquoi ferait-on attention à lui ? Il n'a rien de spécial, un visage banal caché par une casquette. Mais ici, ceux qui cachent leur visage ne sont pas rares. Alors Harvey se glisse dans la foule et devient anonyme, il devient personne. C'est quelque chose qui lui arrive souvent, bien que la plupart du temps il préfère rester chez lui, seul, devant son ordinateur ou le visage plongé dans des bouquins divers et variés. Mais parfois il doit quitter son confort, il doit renier sa part d'introverti qui domine en lui, pour aller régler quelques affaires. Il fait ses petits business à droite à gauche, jamais chez lui. La dernière fois qu'il l'a fait un client mécontent à brûlé sa caravane et toutes ses affaires. Il n'a pu sauver qu'un carton, et encore. Quoi qu'il en soit il erre dans les quartiers, il passe des marchés, il récupère son dû mais il s'occupe également de faire des recherches sur ses clients.

C'est ce qu'il fait actuellement. Il file quelqu'un, il veut en savoir plus, il veut être sûr de ne pas se mettre en danger. Depuis sa voiture il observe, il attends. Mais le temps passe et rien n'arrive, il s'ennuie, mais il ne peut pas lâcher son "poste". S'il ne trouve pas de preuve incriminante il ne prendra pas ce contrat, alors qu'il en a terriblement besoin. Il n'a pas fini de payer ses traites à l'hôpital et les dettes s'accumulent. Il n'arrive pas à sortir la tête de l'eau.

Soudain une tête apparaît à la fenêtre de sa voiture, le faisant légèrement sursauter. "Jez ? Qu'est-ce que... monte dépêche toi !" lance t-il. Son pouls s'accélère, il est un peu perdu. Entre la panique, la peur d'être découvert et, il faut l'admettre, la joie de la voir. "Je..." Il hésite à lui dire, mais au final pourquoi lui cacher ? Elle sait déjà tout de sa petite affaire, elle l'a même aidé, à sa manière. "Je surveille un client." finit-il par admettre. "Toi qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais pas rester ici." dit Harvey en se tournant vers Jezabel. C'est alors qu'il aperçoit le milkshake entre les mains de la demoiselle. "Banane et fruits-rouges ?" Mais ce n'est pas une question. Il sourit, une petite idée derrière la tête. Sans crier gare il le lui prends des mains et en bois une grande gorgée. "Mmmh, nope, je préfère toujours menthe chocolat." lance t-il en s'esclaffant.


@jezabel blackthorn
 

   gamine espiègle dans un jeu dont tu ne comprends que peu de règles. tu te réjouis presque de voir harvey sursauter, de l'avoir surpris, et ça te fait sourire. il ne s'attendait évidemment pas à te voir débarquer, et pour toi, ça a quelque chose d'étonnamment satisfaisant. pour un peu, tu serais déçue que les crimson n'aient pas été là pour te voir - eux, ou ton père. tu meurs tellement d'envie de prouver ta valeur. de montrer que tu n'es plus une petite fille. que tu as appris, progressé. "jez ? qu'est-ce que... monte dépêche toi !" ses mots étirent tes lèvres dans un sourire carnassier qui dévoile tes dents. et tu hausses les épaules face à son empressement. et pourtant, tu te plies à son souhait, et tu te glisses à ses côtés dans la voiture.
comme si vous étiez deux adolescents, et pas deux membres de gang.
mais la réalité te rattrape, et tu t'assombris légèrement. juste un peu. tu ne peux que remarquer qu'harvey hésite à répondre à ta question. et tu en déduis deux choses. premièrement, tu l'as interrompu dans une pleine action illégale. et deuxièmement, il ne te fait toujours pas confiance. pas complètement. personne ne te fait confiance. ni ton père, qui sait que tu lui as glissé entre les doigts dans ta vendetta, ni ta mère, qui ne parvient plus à te protéger et te cerner, ni les crimson, qui ne verront toujours en toi que la fille du shérif. tu avais cru qu'harvey ferait exception à la règle. tu commences à te rendre compte que ce n'est pas complètement vrai.
et pourtant, il finit par parler, et tu te dérides légèrement. "je surveille un client." tu ne t'étais pas trompée. tu ne poses pas plus de questions. tu te demandes simplement qui est l'objet de sa surveillance. le joker de son batman. le goldfinger de son james bond. ça fait un bout de temps que tu t'es habituée au business d'harvey. tant et si bien que tu en es devenue incapable de le distinguer de lui. et ça t'inquiète.
que tu te sois tant enfoncée dans le crime que tu ne puisses forger des liens autrement que hors-la-loi.
"toi qu'est-ce que tu fais là ? tu devrais pas rester ici." tu lui jettes un regard faussement acéré, et tu hausses un sourcil. défier les autorités et les lois, c'est ce que tu es devenue, désormais. c'est ta vie. t'as franchi la ligne de non-retour. et tu n'apprécies pas tellement qu'on te materne. alors tu regardes devant toi, et tu laisses tes yeux courir distraitement sur l'avenue et les bâtiments. 'je suis venue tenir compagnie à un ami. pour un peu, je pourrais croire que tu n'es pas content de me voir.' mais la lueur désormais amusée qui brille dans le regard que tu glisses à harvey dément tes mots. et tu hausses les épaules, légèrement. 'j'étais d'investigation, aujourd'hui.' personne, à night vale, n'ignorait tes rêves de journalisme. ce qu'ils ignoraient tous, en revanche, c'était que l'article sur lequel tu étais occupée à travailler, c'était ton chef-d'oeuvre, ta joconde, ta guernica - l'article par lequel tu ferais tomber les gangs. alors tu ne rentres pas plus dans les détails. et ça te fait réaliser que tu ne fais pas totalement confiance à harvey, non plus.
et ça t'attriste.
mais il te vole ton milk-shake, et ça te distrait un instant. et ça te fait rire, aussi. tu lui donnes un coup de coude presque affectueux, et tu lèves théâtralement les yeux au ciel. "mmmh, nope, je préfère toujours menthe chocolat." tu fronces le nez avec un dégoût feint. 'menthe chocolat? quelle horreur. sacrilège. j'avais foi en toi, morgan.' tu lui voles de nouveau le milkshake, en regrettant presque de ne pas avoir pris de frites à tremper dedans. mais pour le principe, tu lui étales consciencieusement de la glace sur la joue - avant de recommencer à siroter dans ton gobelet, l'air innocent d'un nouveau né accroché au visage. 'alors? on surveille qui?'
 

Harvey était un introverti. Il aimait la solitude, c'était dans ces moments solitaires qu'il se sentait le mieux. Il n'était pas obligé d'avoir des contacts sociaux pour se sentir bien ou quoi que ce soit, il n'en avait pas vraiment besoin. Mais ça ne voulait pas dire que ça ne faisait pas du bien de temps en temps. En plus il aimait bien Jezabel, pas autant que ses meilleures amies, mais en même temps elles il les connaissait pratiquement depuis sa naissance. "Evidemment que je suis content de te voir, quelle question !" répliqua Harvey en arborant son plus beau sourire. Il ne la connaissait peut-être pas depuis si longtemps que ça et pourtant il se sentait bizarrement proche d'elle. Peut-être pas au point de lui confier sa vie ou ce genre de trucs. Non. Mais Jez était une des rares personnes qui connaissaient vraiment ce qu'il faisait. Pas seulement les services qu'il proposait à sa clientèle non, mais comment il le leur procurait. Et aujourd'hui, elle venait de devenir la première personne à l'accompagner en planque, c'était pas rien ! Ne dénigre pas le pouvoir des milkshake menthe-chocolat, blackthorn ! répondit Harvey avec une expression faussement indignée sur le visage. A vrai dire les goûts des milkshake l'importaient peu en général, mais il se souvenait d'un jour où son père l'avait emmené au Tom's diner et lui avait acheté un milkshake menthe-chocolat. C'était la seule fois où il s'était plus ou moins senti proche de son père. C'était la seule fois que son père lui avait montré un tant soit peu d'affection. Alors peut-être qu'au fond ça avait un peu d'importance à ses yeux. C'était sûrement ridicule. Oui ça l'était, mais tant pis. De toute façon il n'y pouvait pas grand chose. D'ailleurs maintenant qu'il y pensait ça commençait à le tracasser, il ne voulait pas penser à feu son père qui l'avait jamais aimé ou quoi. Finalement Jezabel tombait à pic. Et puis il devait bien reconnaître que c'était agréable que d'avoir quelqu'un à qui parler. Mine de rien ça faisait un moment qu'il était là dans sa voiture à surveiller ce mec, il ne s'était même pas rendu compte du temps qu'il avait passé assis là, seul. Alors oui, Jez tombait vraiment à pic finalement. "On" ne surveille rien du tout. Je surveille quelqu'un et toi tu viens profiter du merveilleux chauffage de ma caisse ! s'exclama Harvey à la limite entre le sérieux et la plaisanterie, un ton dont il abusait en général. "Tu as dis que tu étais en investigation aujourd'hui ?" demanda t-il en fronçant les sourcils. "Hé, tu me dis tout sur ton enquête et je te dirais tout sur la mienne." fit-il, ses lèvres s'étirant en un long sourire. Qu'y avait-il de mal à un petit échange de bon procédé, en bonne et due forme ?
 

   comme un fantôme, l'écho de l'ancienne toi te revient par vagues. elle tournoie, comme un feu-follet, et tu n'aurais qu'à tendre les doigts pour l'attraper. ce serait si facile. et ça te rappelle qu'elle n'est pas morte, finalement. elle est toujours là. la petite fille malicieuse et taquine. tu es presque choquée de réaliser que c'est un crimson qui la réveille en toi. tu as jeté au feu ton âme d'enfant et tes principes pour intégrer les crimson, et c'est auprès d'un crimson que tu te retrouves. l'ironie est presque cruelle. mais harvey sourit, d'un large sourire, et tu ne peux pas t'empêcher d sourire plus largement encore. "évidemment que je suis content de te voir, quelle question !" t'es étonnamment satisfaite. toi aussi, t'es heureuse de l'avoir aperçu. ça éclaire ta journée. comme le milk-shake, comme la promenade. mais tu oublies si souvent à quel point il est précieux et réconfortant d'avoir quelqu'un sur qui s'appuyer. un être en qui tu as confiance - pas intégralement, mais presque. tu laisses tomber tous tes murs, il les abats les uns après les autres sans même en être conscient, et tu crains vaguement le moment où tu cesseras définitivement de douter de lui, et où tu deviendras si facile à atteindre. mais tu effaces tes doutes sous un sourire amusé, et tu lui donnes un coup de poing affectueux dans le bras. 'c'est réciproque, hein.' et c'était vrai, tu en étais tellement consciente. il avait fini par se tailler une place parmi le cercle restreint de tes estimés, toi qui avait tant de mal à faire confiance, désormais. ne dénigre pas le pouvoir des milkshake menthe-chocolat, blackthorn ! son expression théâtralement indignée t'arrache un gloussement hilare, et tu fronces le nez, plus par jeu que par réel dégoût. après tout, tu adorais l'aftereight. il n'avait simplement pas besoin de le savoir. alors tu hausses les épaules, magnanime, et tu lui glisses un regard en coin. 'je suis l'apôtre thomas. je ne le croirais que quand tu me l'auras prouvé. et je dénigre ce que je veux, d'abord!'
il embraye sur le sujet de sa planque, et tu roules faussement des yeux en entendant la réponse à ton interrogation. '"on" ne surveille rien du tout. je surveille quelqu'un et toi tu viens profiter du merveilleux chauffage de ma caisse !' il était comme ça, harvey, et c'était peut-être l'une des raisons pour lesquelles tu l'appréciais tant. pince-sans-rire, mais tellement digne de confiance, sur tant d'aspects. c'était si facile, de lui parler. 'évidemment que je suis venue profiter du chauffage de ta caisse. c'est pas ta merveilleuse personnalité qui m'a fait venir, bien sûr.' tu plaisantes, comme toujours. le sarcasme est la première lame et ton premier bouclier. mais bien vite, tu ne plaisantes plus, et tu regrettes, un instant, d'être entrée dans cette voiture.
"tu as dis que tu étais en investigation aujourd'hui ? hé, tu me dis tout sur ton enquête et je te dirais tout sur la mienne."
tu as envie, de tout lui dire. tu rêves de pouvoir t'épancher, enfin, de te confier auprès de quelqu'un. de laisser tomber le masque, d'arrêter le double-jeu, pendant une éphémère éternité. seulement, tu ne peux pas. tu as fait ton choix, quelques mois plus tôt, et tu ne peux pas revenir en arrière.
tu ne le souhaites pas vraiment.
et tu es de nouveau à une croisée des chemins. tu dois encore te jeter dans le vide, et choisir.
mentir, ou lui faire confiance.
tu remontes tes genoux et tu appuies ton menton dessus. tu souris légèrement, comme un faible écho du sourire radieux qui illumine harvey. et tu te jettes à l'eau. 'je cherche le type qui a tué liam. mon... ex. je veux juste qu'il affronte la justice.'
tu as fait ton choix.
la vérité.
mais tu l'as dissimulée. tu caches le fait que la justice que l'assassin affrontera, ce sera la tienne, et celle de ta vengeance. tu caches le fait que tu veux brûler les gangs dans un immense feu de joie, et les trahir tous. il serait obligé de te tuer, et tu ne veux pas plus mourir que de le mettre face à cette décision.
tu souris un peu plus, un peu piteusement, et tu tends une main vers lui. 'alors? on fait équipe? c'est qui, ton type?'
 

Harvey se sent un peu stupide sur le coup. Il ignorait qu'elle était dans une sorte de mission pour retrouver l'assassin de quelqu'un à qui elle tenait. Harvey se sent comme un con, il a l'impression d'avoir fait quelque chose de mal et de l'avoir mise dans l'embarras ou poussée à raconter une histoire qu'elle n'avait peut-être pas envie de dévoiler. Oui, Harvey est quelqu'un de bien, il a beau faire partie des crimson, être entouré par des criminels, enfreindre lui-même la loi pour gagner sa croûte, il n'empêche qu'au fond c'est un setimental, quelqu'un d'attentionné qui prends soin de son entourage. Même si cet entourage est considérablement réduit compte tenu du fait qu'il l'introverti par excellence."Oh désolé je savais pas. Mais tu sais si t'as besoin d'un coup de main u quoi que ce soit tu peux compter sur moi." l'informe t-elle alors. Oui c'est peut-être un peu sa façon à lui de s'excuser, même si au fond il sait bien que c'est pas la peine. Il a peut-être été un peu indélicat ou indiscret mais... ce sont des traits de sa personnalité bien connus, et puis de toute façon si elle avait voulu se taire elle l'aurait fait n'est-ce pas ? Harvey n'avait rien à se reprocher.
Mais il allait faire son possible pour ne plus se mettre dans ce genre d'état, ça le perturberait trop.
"Bien, on fait équipe, d'accord !" lâcha t-il en feignant d'être exaspéré par son entêtement. Tout en jetant quelques coup d'oeil furtifs au bâtiment qu'il surveillait, Harvey entreprit de lui raconter tout ce qu'il savait, enfin plus ou moins.
Deux jours plus tôt, Harvey avait été approché par un certain Vince venant lui demander ses services pour le compte d'un certain John Marvolo. Bien que le nom lui était légèrement familier, Harvey n'avait aucune idée de qui il était. Il avait d'abord commencé par une petite investigation bien banale sur l'ordinateur, un peu de hacking pour accéder aux serveurs de l'hôtel de ville et de la police pour regarder les casiers judiciaires et les antécédents, mais il n'avait absolument rien trouvé. Harvey n'avait pas cru un mot du Vince en question, soit disant que son patron était un "homme d'affaires occupé et qu'il n'avait pas eu le temps de se déplacer au rendez-vous". Harvey avait l'habitude de traiter avec des criminels, c'était un peu la base de son système, mais il fallait qu'il assure ses arrières, et puis il avait des limites quand même. "John Marvolo est dans ce bâtiment, si tu regardes bien, de temps en temps il passe devant la fenêtre. Sûrement pout vérifier si ma voiture est encore là ou non, c'est la seule qui n'a pas bougé. Dès que je partirais tu peux être sûre qu'il va bouger. C'est pour ça que dans cinq minutes je vais démarer, je vais aller à deux pâtés de maisons et je vais prendre la caisse que j'ai planquée là-bas." Harvey ne manquait pas d'un tour dans son sac ! Il était reconnu pour mettre ses clients sous surveillance et de constituer un dossier sur eux, alors certains essayaient de se protéger. Mais Harvey n'était pas du genre à se laisser faire. Il connaissait son métier. Il se retourna alors vers Jezabel. "Enfin je veux dire "on". Désolé, j'ai l'habitude d'être seul sur mes filatures. Enfin, t'es toujours partante ?"
 

   mélodie lancinante de tes ongles qui percutaient distraitement et nerveusement l'habitacle de la voiture. tu jouais un jeu dangereux, et tu le savais pertinemment. c'était danser au-dessus des abysses, c'était jouer avec les flammes de l'enfer. mais tu étais trop butée pour faire marche arrière.
comme toujours.
trop seule dans ta barque, trop seule dans ta mission-suicide. seule, et pourtant, il y avait ces gens qui suivaient ton chemin à tes côtés. dont harvey. harvey, à qui chaque cellule de ton corps hurlait de faire confiance. harvey, face à qui ta raison ne parvenait pas à oublier qu'il était crimson. l'un des loups de la bergerie. mais le loup à qui tu te sentais la plus prête à confier ta vie. "oh désolé je savais pas. mais tu sais si t'as besoin d'un coup de main ou quoi que ce soit tu peux compter sur moi." tu lui jettes un regard reconnaissant, un sourire chaleureux, en espérant qu'il puisse lire à quel point tu es redevable, à quel point tu apprécies.
il ne peut réaliser à quel point tu es touchée.
tu n'as pas envie de t'appesantir sur le sujet, cependant. trop frais, trop douloureux. trop de colère et de rancoeur. et pourtant, tu sens qu'un jour, tu pourrais réussir à vider ton sac, auprès de lui. à lui parler, de tout.
et ça t'effraie presque, dans un sens.
"bien, on fait équipe, d'accord !" il a l'air faussement agacé, et ça t'amuse. alors tu lâches un petit cri de joie, avant de taper dans tes mains, comme une petite fille heureuse. de quoi te distraire. de quoi passer du temps avec quelqu'un que tu apprécies.
tu l'écoutes presque religieusement pendant son topo, harvey. c'est la journaliste en toi qui ressort, c'est la fille du shérif, qui enregistre chaque information avec une attention presque chirurgicale. tu écoutes tout. tu décomposes, tu décortiques, tu enregistres. pas étonnant que tu te sentes souvent si supérieure aux esprits médiocres de night vale.
tu as été créée pour l'investigation. pour les enquêtes assidues. tu as été faite pour ça.
et en plus de ça, tu ne voulais pas laisser harvey seul dans une affaire aussi louche. ce qui était idiot. parce qu'harvey était probablement bien plus adapté à survivre en milieu hostile et criminel que toi.
"John Marvolo est dans ce bâtiment, si tu regardes bien, de temps en temps il passe devant la fenêtre. Sûrement pout vérifier si ma voiture est encore là ou non, c'est la seule qui n'a pas bougé. Dès que je partirais tu peux être sûre qu'il va bouger. C'est pour ça que dans cinq minutes je vais démarer, je vais aller à deux pâtés de maisons et je vais prendre la caisse que j'ai planquée là-bas." tu le regardes avec des yeux ronds, bouche bée.
tu n'aurais pas dû, pourtant.
tu as toujours été consciente qu'harvey était malin. intelligent.
mais le voir à l'oeuvre, c'était autre chose.
alors tes lèvres s'étirent lentement en un sourire amusé. "enfin je veux dire "on". désolé, j'ai l'habitude d'être seul sur mes filatures. enfin, t'es toujours partante ?" le sourire se fait plus large, carnassier. et comment, qu'elle était partante. 'oh que oui. et si les choses tournent mal, tu auras besoin d'un atout charme pour les distraire.' tu tapotes avec enthousiasme dans l'habitacle de la voiture, débordante d'anticipation. 'allons piéger des criminels!'
tu parles toujours trop vite. tu t'en moques. tu as décidé de croire en harvey. et qu'il te laisse te joindre à lui, c'était une marque de confiance de sa part. alors tu lui fais un clin d'oeil, et tu te cales confortablement dans ton siège. 'et si tu réussis, promis je t'invite pour manger un burger et un milkshake menthe-chocolat. deal?'
 

Harvey ne se rappelle même plus de sa première filature. Faut dire que ça fait un moment qu'il fait ça. Et il sait que c'est mal. Enfin, moins que ce que font ceux qu'il filent font, mais on ne peut pas dire qu'Harvey est blanc comme neige. Parfois il se dit qu'il ferait mieux de tout arrêter, de se faire une petite vie tranquille et bien rangée mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Et puis pourquoi ferait-il ça ? Pour le moment personne ne lui a donné de bonne raison de se ranger, alors inutile de se poser ce genre de questions. Au lieu de ça il continue ses petites magouilles, il triche, il ment, et il est payé pour ça. De l'argent facile mais qui peut se révéler risque pour sa peau. C'est aussi pour ça qu'il ne voulait pas de Jez' avec lui. Il part pas en croisière, il fait un boulot qui peut lui coûter la vie. Et il tient à elle, à sa façon. Alors il lui demande si elle est bien sûre de vouloir l'accompagner, même s'il connait déjà la réponse. Il sait qu'elle n'est pas du genre à abandonner si facilement.
'oh que oui. et si les choses tournent mal, tu auras besoin d'un atout charme pour les distraire Il la regarde en souriant, se retenant de rire."Ah parce qu'une de tes copines compte venir aussi ?" lance t-il pour la taquiner. Ah si dans ce boulot on rit pas un peu, on ne rit jamais. Et même si Harvey est très sérieux, réfléchi, intelligent, il n'empêche qu'à lui aussi ça lui arrive de sourire et de s'amuser, même si c'est relativement rare. Enfin de faire la fête, pas de sourire. Jezabel semble plus qu'enthousiaste. Elle lui propose même de lui payer un burger et un milkshake menthe-chocolat une fois la mission réussie. "Deal, mais seulement si tu prends un milkshake menthe-chocolat toi aussi !" lâche Harvey d'un air de défi.

Il se concentre alors sur la fenêtre, il voit une ombre qui s'en approche. Harvey met le moteur en marche et quand le rideau se soulève légèrement il démarre la voiture. Le plan est en route. Il roule sur deux pâtés de maison et tourne à droite. Il se gare en vitesse avant de sortir en trombe de la voiture, il faudrait pas rater John Marvolo. "Depêche-toi ! Monte !" s'exclame Harvey en ouvrant la seconde voiture. Si la première voiture est assez facilement repérable, celle là est si banale qu'elle est indétectable. Le genre de voiture que tout le monde a, ou a eu. Voiture banale, grise, la voiture parfaite pour passer inaperçu. Une fois les deux dans la voiture, Harvey démarre et se hâte de retourner devant le bâtiment, mais cette fois il ne se gare pas. Arrivé au feu, il voit la voiture de Marvolo quitter le bâtiment. "Regarde ça ! Si prévisible, ils sont vraiment tous pareil c'en est presque triste en fait!" dit-il en jetant quelques coups d'oeil anxieux au feu toujours rouge. Heureusement le vert arrive assez vite pour que Marvolo ne les ai pas trop distancés. Harvey commence donc sa filature, restant à une distance raisonnable, toujours quelques voitures entre eux et Marvolo. Plus qu'à suivre la route et attendre de trouver des éléments possiblement incriminants.
"Et c'est parti ! Bon, plus qu'à tuer le temps en attendant d'arriver. Une idée ?"