wild child (circe)

C’est un message étrange qu’elle reçoit Cass. C’est pas tant les fautes qu’il y a, mais l’incohérence totale. Seulement elle sait ce que ça signifie. Elle sait que sa petite sœur a clairement abusé de l’alcool, et elle voit rouge. Elle déteste ça. Ne pas savoir où elle est, avec qui, et tout ce qu’elle a pu ingérer. Ca l’inquiète, parce que Cass, elle sait que son propre comportement est discutable dernièrement. L’alcool, les pilules… Alors elle ose à peine imaginer l’état de sa sœur. Elle perd pas une seconde pour envoyer un sms à son tour. Clair et net. T’es où. Parce qu’elle ne va certainement pas la laissé Dieu sait où dans cet état là. Encore moins à une heure aussi avancée de la nuit. Heureusement pour elle, Circe ne met pas longtemps à répondre, mais le sang de son ainé, il fait qu’un tour. Le Wonderland.

Elle avale le nord, fonce dans la poussière. Elle roule trop pour rejoindre le nord. Cette fois, elle a l’impression de conduire comme Silas, sans se soucier des feux de rouge ou de quoique ce soit. Sa sœur, elle est pas dans n’importe quelle boite. D’abord, elle est dans le nord, et ils le savent, les Crimson doivent faire gaffe. Si elles ne sont pas des Montaigu, le nom des Shelby n’est pas en reste. Trop connu au sein de l’établissement. Trop connu dans les rues immaculées du Nord. La voiture garée de travers, elle sort en trombe, pour rejoindre la boite. En arrivant à cette heure-là, pas besoin de faire la queue. Mais lorsqu’elle passe l’entrée, Cass se stoppe. Elle se souvient trop bien de la dernière qu’elle a passé les portes de l’établissement. Elle était alcoolisée. Beaucoup trop. Shootée aux anti-douleurs qu’elle prend depuis la fusillade. Et elle est tombée sur son ex. Rencontre hasardeuse malgré que ça soit son club. Il a fallu qu’elle lui tombe dessus en partant. Fatal. Elle a passé la nuit dans ses bras. Une nuit bercé par ses coups de reins. Et Cass, elle est toujours paumée. Elle est pas certaine de pouvoir l’affronter si elle lui tombe dessus. Elle sait pas ce que voulait dire, ais elle évite de se bercer d’illusion. C’était Silas, pas le prince charmant.Et pourtant, elle tombe à tous les coups. Seulement c’est pour sa sœur qu’elle est là. La prunelle de ses yeux. Une gosse inarrêtable mais pour qui elle tuerait. Alors tant pis pour son ex, tant pis si elle lui tombe dessus, elle doit la trouver. Et contrairement à ce qu’on croit, une blonde aussi belle, pas encore ravagée par le désert, aux yeux lapis lazuli, ça court par les rues, ça se remarque. En réalité, tout le monde la remarque. Un peu trop au gout de l’ainé. Elle est là, Circe, à danser, se déhancher. Trop collée, trop serrée à ce mec qui ne lui inspire rien de bon. La machoire serrée, Cass s’avance, pousse les gens d’un coup d’épaule. Elle attrape la bouteille de bière que sa sœur a dans sa main, la faisant revenir sur tête. « T’as abusé. » Le mec la regarde étrangement, comme si elle dérangeait, et c’est bien le but. « Un souci ? Y’a d’autres blondes dans la boite. Va voir ailleurs. » Elle essaie pas de savoir s’il a compris ce qu’elle vient de lui dire, parce qu’elle se rapproche déjà de sa sœur. Son index qui glisse sous le menton de sa blonde, pour qu’elle la regarde. « Que de l’alcool ? » qu’elle sache au moins à quoi s’attendre. « T’aurais pas du venir ici. Pas dans cet état. » C’est pas une leçon de morale, juste un conseil qu’elle aurait du se faire à elle-même.

Elle se laisse aller, la douce nymphe, aux rythmes de la nuit, à ses vices, qu’elle embrasse pleinement. Elle sent dans ses veines le liquide qui la possède,  qui fait taire sa raison, la réduit à néant. Elle sent que son corps est rempli d’un tourbillon d’émotions. Pourtant, il lui reste de la force pour penser à sa jolie sœur, pour lui envoyer un message. Un sourire sur ses lippes rosées, pulpeuses comme un fruit mur qui s’étirent pour révéler une dentition parfaite. Oh Circée, douce Circée, elle lance des enchantements par milliers, n’importe quel marins tombent dans ses filets, elle irradie comme un soleil en pleine nuit, comme des phares aveuglants dans les ténèbres.

Elle sait que sa sœur est envahie par la foudre, que la colère ne tardait pas à s’abattre. Alors elle se laisse aller, laissant les notes de musique faire corps avec sa chair, dans des mouvements, en parfaite symbiose, danse, danse jolie poupée. Elle ne rechigne pas lorsqu’un fils d’Adam vint scruter la pomme, le fruit de la tentation, alors elle ancre son regard émeraude dans les siens, une connexion enivrante, un sentiment fulgurant de luxure naissante. Elle laisse ses mains viriles parcourir les centimètres de sa peau comme des kilomètres. Son souffle qu’elle retient lorsque la pulpe des doigts du jeune homme presse la peau de ses douces hanches, de sa peau d’albâtre. Et ce moment, elle l’appréciait, bien que cela fut raccourci par l’arrivée de sa sœur. Oh douce inconsciente, voulant se jeter dans la gueule du loup, avalant avec délice le piège qui s’était refermé sur elle. Une mine boudeuse s’empare de son joli visage enfantin, tandis qu’elle prend de plein fouet le regard assassin que Cass lui lance. Elle grogne légèrement, ne sentant pas du tout l’abus. « Mais quoi, il était mignon merde. » Elle baisse la tête, prenant en otages quelques mèches de sa chevelure or dans ses phalanges. Un contact familier vint serrer son joli menton. Elle put croiser son regard. « Oui que de l’alcool, je touche pas autre choses, j’ai pas envie de crever d’une overdose, alors tu peux au moins me laisser me bourrer la gueule non ? » Un léger rire sibyllin qui se perd dans les sons criards de la musique. « Mollo, mollo hein, faut bien s’amuser pardis, allez Cass. » Elle s’approche de sa sœur pour lui prendre des mains sa bière et finir de la boire cul sec. Un sourire satisfait, avant de s’approcher lentement de cette jolie silhouette. Elle ne savait même pas pourquoi elle lui avait écrit, même si d’un côté elle la voulait à ses côtés pour rentrer à la maison, parce que son petit corps était mis à prix, ses courbes parfaites qui faisaient tourner la tête à n‘importe quel voyou. Elle l’enlace un bref instant, fourrant son nez dans sa nuque qui était chaude, un endroit dans lequel elle pouvait se sentir en sécurité. « Cassie… ramènes-moi… »

Circe et sa moue boudeuse. Circe et sa gueule d’ange à qui on accorderait le moindre caprice. Tout le monde se fait avoir par ses grands yeux bleus. Cass encore, parfois. Mais pas ce soir. Ce soir, elle a paniqué. Elle a traversé la ville inconsciemment pour la rejoindre au plus vite, et la trouver à se déhancher contre le premier con venu. Elle a la mâchoire serrée, le regard plus sombre qu’à l’accoutumée.  Il fait pas long feu son partenaire. Dégagé rapidement par une sœur furieuse. Mais quoi, il était mignon merde. « Ouais, ses mains sur tes hanches aussi étaient vachement mignonnes. » Elle soupire, se rapproche. « A quoi tu joues sérieusement ?! » Question rhétorique, elle veut même pas le savoir. Et elle est pas certaine que la réponse ait du sens. Le regard au sol, Cass attrape le visage de poupon entre ses doigts, pour l’obliger à la regarder, ou au moins être sure qu’elle ne veut pas lui tomber dans les bras. Evaluer les dégâts, et peut-être continuer de l’engueuler après. Oui que de l’alcool, je touche pas autre choses, j’ai pas envie de crever d’une overdose, alors tu peux au moins me laisser me bourrer la gueule non ? Non. Cass, elle touche un peu trop au reste dernièrement. Et elle a de quoi être dubitative. Elle sait un peu trop ce qui tourne dans ce club. Elle sait que les pilules sont échangées, vendues, glissées. Les abeilles et leur came, Cass, elle y a cédé à cause de la douleur. Elle y cède encore pour oublier son cœur. Echec total. Mollo, mollo hein, faut bien s’amuser pardis, allez Cass. elle lève les yeux au ciel, Cass. Qu’elle aille s’amuser dans le sud. Qu’elle vienne faire la fête au Fair Verona. Pas ici. « Mais tu sais où t’es ?! » Elle est agacée. Le rôle de grande sœur, un peu trop inquiète qui reprend le dessus. La peur qu’il lui arrive quelque chose. L’angoisse de voir son ex débarquer pour refermer ses griffes sur son bébé. Ou pour voir n’importe quel con arrogant se délecter des formes de sa petite sœur. Même pas en rêve. Pourtant Cass, elle fait encore l’erreur d’y venir. Elle est hypocrite là-dessus. Elle sait à quel point les fêtes y sont bien. Mais elle se souvient trop bien de sa dernière soirée. Elle se souvient trop bien être retombée dans les bras de Silas. « Amuse-toi au Fair Veronca. Pas ici. » Elle est trop belle pour être ici. Trop précieuse. Circe, elle est sauvage c’est un foutu volcan constamment en éruption, mais qu’elle se retrouve dans fosse aux lions, c’est loin de la rassurer. Elle s’approche la nymphe. Elle s’approche et reprend son bien sous le regard excédé de sa sœur. Au moins, maintenant que la bouteille est finie, elle n’en aura pas d’autre. « Peut-être que j’aurais dû venir avec Papa. » Ca l’aurait calmé. Ca aurait calmé tout le monde. Ca aurait aussi pu foutre une merde royale, mais Cass, ce qui l’importe, c’est la sécurité de sa sœur, peu importe ce que ça provoque derrière. Elle continue de s’approcher, et Cass, elle se sent déjà s’adoucir. Les traits angéliques, trop doux de la dernière qui la fait fondre. Ses bras frêles qui l’enlacent, la tête glissée dans le creux de son cou, elle peut pas s’empêcher de l’accueillir et de sourire. Circe, ou l’art de l’agacer et de l’attendrir en moins de dix secondes. Cassie… ramènes-moi… « Evidemment. J'te quitte pas. » Un baiser sur le sommet de son crâne, sa main qui passe dans ses cheveux, comme leur mère l’aurait fait. « T’as une veste ? quelque chose ? » Qu’elles se barrent de là au plus vite de là.

Elle écoute la jolie déesse et son timbre de voix délicat, qui lui lance des couteaux. Oui, elle avait abusé mais elle était dotée d’une jeunesse éphémère et d’une beauté ravageuse, elle voulait en profiter, marquer sa peau des pêchés. Il y a toujours le liquide qui fait effet dans son hémoglobine, mais elle peut apercevoir la lueur inquiète de sa chère sœur. A quoi elle jouait, elle-même ne le savait pas, elle voulait se perdre, juste une fois, ne plus savoir ce qu’elle faisait, lâcher prise, alors elle lève ses perles opales et la scrute de son regard de biche. « Oui je sais où je suis.. » et elle en prend vraiment conscience. Parce que la belle nymphe s’est laissée transportée, et elle se ressaisit en voyant que cela pouvait être un danger. Que le loup devait regarder le petit chaperon rouge se repaître d’un simple plaisir et qu’il aimerait tant la faire tomber. Elle voit qu’elle est agacée, mal à l’aise, et il y a ce sentiment qui la prend aux tripes, parce que c’est son sang qui bouillonne et qu’elle ne veut surtout pas la décevoir et elle le voit. Lorsqu’elle évoque la figure maternelle, ses yeux sont grands ouverts, et elle lui agrippe fermement l’avant-bras. « Ah non tu fais pas ça, pas papa, il doit rien savoir.. » Elle se sent comme chez elle dans ses bras, son odeur qui frappe, qui titille ses narines. Parce que sa sœur a toujours été là pour elle, il n’y a qu’à son palpitant qu’elle se l’est avoué, parce qu’elle l’aime d’un amour transcendant et elle ne sait pas ce qu’elle fait sans elle, au fond elle l’aime la voir s’inquiéter, elle n’a jamais perçu cet amour maternel. Alors elle ferme ses paupières, sentant cette douceur dans ses cheveux blonds. « j’espère bien que tu me quittes pas. » et que tu me quitteras jamais, liées par le sang, liées à tout jamais. Une légère moue sur bouille d’ange, elle doit réfléchir vite. Elle plisse les yeux, tentant de se souvenir de quelque chose. Elle n’avait rien pris sur elle, sachant très bien que ses verres allaient être payés par des apollons qui ne verront que la partie supérieure de cet iceberg, qu’ils ne toucheront uniquement sa peau de porcelaine si elle l’ordonne, comme une délicieuse danse, une musique. Alors elle hoche de la tête à sa question, et elle prend sa main, l’entraînant à la sortie, elle voulait sortir de cet endroit, retrouver ses bras l’ombre d’un instant, être rassurée, comme Cassie l’a toujours fait. Lorsque ses pas vinrent fouler le bitume ardent, elle s’arrête et regarde sa sœur. « Merci Cassie… » elle refoulait ses émotions, parce qu’elles étaient encore en terre inconnue et qu’elle devait faire bonne figure, comme elle fait, revêtant un masque qu’elle porte jour après jour. Elle tournait son regard empli de reconnaissance vers elle, un demi-sourire peint sur ses lèvres rosées. Elle est une grosse furie, il a cinquante nuances d’émotions en elle qui se mélangent. Elle sent l'air qui fait frissonner sa peau laiteuse. Alors elle se dirige vers la créature rutilante, s’asseyant sur ses sièges en cuirs.

Oui je sais où je suis… Cass, elle sait que c’est facile de se laisser aller. Elle sait que c’est facile de se laisser aveuglée par les lumières colorées, de se laisser hypnotiser par le rythme de la musique, de s’abandonner aux corps environnants. Elle sait mieux que quiconque ce que c’est que d’oublier que derrière tout ça, y’a les Capulet qui rodent. Un en particulier. Que derrière tout ça, les frangines Shelby restent des proies de choix. Pas Montaigu, et pourtant tout aussi acceptables lorsqu’il s’agit de vengeance. Les frangines Shelby, des filles blondes comme le blé, des gueules d’ange, des courbes à se damner qui réveillent les hommes affamés. La menace lâchée comme une bombe, Cass se retient maintenant de ne pas rire en voyant la réaction de sa sœur lorsqu’elle lui agrippe subitement le bras. Ah non tu fais pas ça, pas papa, il doit rien savoir…. L’effet a été immédiat, et visiblement prise au sérieuse. Elle ne soupçonnait pas Circe d’avoir une poigne aussi ferme. « Alors arrête tes conneries, Circe. Ca va mal finir. » ajoute-t-elle plus doucement avant de l’accueillir dans ses bras. Impossible de résister à sa gueule d’ange, peu importe à quel point elle est paniquée, peu importe à quel point elle envie de lâcher sa frustration et son inquiétude sur sa petite sœur. Elle peut pas lui hurler dessus plus de cinq minutes. Elle peut pas non plus lui en vouloir indéfiniment. Elle sait qu’elle doit vivre sa vie, quitte à se planter en beauté pour apprendre. Mais en ce moment, c’est trop tendu. Il ne faudrait pas grand-chose pour que tout leur pète à la tronche. Alors forcément, Cass est sur les nerfs, à toujours s’inquiéter pour la tornade qu’est la blonde. j’espère bien que tu me quittes pas. « Jamais. » souffle-t-elle, sa main caressant toujours doucement ses cheveux. Mais qu’elle lui réponde vite. Qu’elles mettent vte les pieds hors d’ici. Ce serait sacrément con que de tenter le diable, encore une fois, en restant ici cinq minutes de plus. Elle la regarde hochée la tête, répondant à sa question. Bien. Les deux sœurs sortent du Wonderland, d’un pas pressé, pour retrouver l’air nocturne, plus frais et clément que la journée. Les pas qui s’accélèrent sur le bitume, Cass tourne la tête en entendant la voix de sa sœur s’élever. Merci Cassie… Elle vient glisse sa main dans la sienne en guise de réponse. Pas besoin de la remercier, c’est naturel. Ou c’est juste plus que ça. Cass qui s’est naturellement retrouvée à prendre la place de leur mère, qu’elle le veuille ou non, et être un peu plus étouffante aussi avec sa sœur Parce qu’elle est la prunelle de ses yeux, et parce qu’elle ne supporterait pas qu’il arrive quoique ce soit d’autre à cette famille. Sa famille. La voiture atteinte, les deux nymphes y grimpent sans atteindre. Sa vieille Chevrolet vrombit, et Cass met les voiles. Loin de cette boite, loin du Nord, loin de la présence fantomatique mais oppressante de son ex. « Tu sais, le mieux, la prochaine foi, ce serait que tu m’appelles avant. Histoire que j’évite la syncope. » lache-t-elle avec un léger sourire en coin. « T’es venue seule ? » demande-t-elle un peu inquiète. Et si c’est pas le cas, ça lui filerait juste des envies de meurtre quant à ses soit disant potes. « Et tu dors chez moi ce soir. » C’est pas une question. La flemme de la déposer, mais surtout l’inquiétude omniprésente, qu’elle fasse pas un malaise ou quoique ce soit d’autre à cause de ce qu’elle a pu ingérer. Cass, elle se sentira rassurée que lorsqu’elle verra Circe décuver sous ses yeux.