{Simonhoa} - Après, une journée de folie, on se détends

La boulot n'attends jamais, surtout quand on est son propre patron. Mais parfois, il faut savoir dire stop, juste un petit peu, juste ce qu'il faut. Je suis ouverte 6 jours sur 7 en temps normal, parfois, je ne me repose pas, alors oui, il y a des jours où c'est calme, mais je fais acte de présence, et rien que pour cela, je me tue à la tâche, un peu trop, tout le monde me le dit, mais tout le monde est content de me voir derrière le comptoir, parce que j'ai une belle gueule, mais aussi surtout parce que je suis généreuse, souriante et que l'ambiance ici est merveilleusement bonne. Mais je ne peux pas assurer tout le temps, je bosses en moyenne pratiquement 300 jours dans l'année, si vous comptez mon repose hebdomadaire, ça ne me fait pas énormément de vacances sur le reste de l'année. Mais faut dire que lorsqu'on est à Night Vale, on a du mal à en partir. Je m'en étais bien rendu compte lorsque j'avais fait mon tour du monde avec le boulot, à défiler à travers le monde en petite tenue. J'essayais de ne pas trop y penser, mais cette ville me manquait, tout comme ma ville de naissance. J'avais hésité d'ailleurs à prendre un appartement dans celle-ci, mais je ne l'avais pas fait, disons que les circonstances particulières de mon retour ici m'ont fait abandonner ce projet là. Night Vale était ma ville d'adoption, celle que j'appréciais le plus car c'est celle où j'avais passé en fin de compte le plus de temps, surtout ici au Michelangelo. Mais ce soir, il me fallait un break. J'avais appeler Ainhoa pour me remplacer l'espace de quelques heures, peut être moins d'ailleurs, mais je devais évacuer le trop plein qui s'était emmagasiner en moi, et le sport était le meilleur moyen pour cela. En général, je cours un peu les matins, je le fais souvent, mais là, il me fallait quelques choses de plus physique encore, où j'allais pouvoir me défouler complètement, autrement dit, j'allais à la salle de sport pour faire un peu de boxe notamment ce soir. J'ai appris à me battre, je savais très bien le faire mais ce n'est pas ce qu'il me fallait. Je devais me défouler, purement, simplement et la boxe allait être un bon moyen pour cela. Je n'excellais pas dans ce sport, je m'en sortais bien, sans plus. Mais ce n'était pas ce qui importait, j'allais pouvoir me défouler sur mon prof, ou contre un sac de sable, un pucchingball. Et cela me ferait le plus grand bien. J'arrivais un peu en avance pour me changer. Ainhoa était là à ma place au Michelangelo, et ceux qui viendront ce soir seront peut être déçus de ne pas me voir, mais la plastique de la jeune femme n'avait rien à m'envier, très honnêtement. Et pour les plus patients, ils me verront arriver en fin de soirée, car je n'allais pas non plus me tuer à la boxe rassurez-vous. Parce que oui, j'avais juste besoin de me défouler un peu, un peu plus que d'habitude mais c'est fatiguant quand même, plus fatiguant que le boulot, mais ça élimine les toxines et la fatigue nerveuse, surtout celle-ci. Et je frappais, je tapais, inlassablement ou presque pendant plus de deux heures, si bien qu'à la fin, j'étais en sueurs, et que je n'avais plus de bras, même les jambes avaient souffert de façon véritable car à la boxe, le jeu de jambes est important. Je prenais une bonne douche, et je revenais au Michelangelo, il était environ 23h, et c'était calme. Il faut dire qu'à part quelques irréductible, à cette heure là, le gros de la soirée est bien entendu passé.

" La soirée a été bonne Noa ? "

Je suis pose la question, simplement, pour faire le point, mais vu le calme qui régnait, je supposais que rien de grave ne s'était produit. Je regardais les verres qu'il y avait, il ne semblait rien manquer mais j'attendais sa réponse néanmoins.

au boulot, la mioche. il ne peut pas y avoir que des soirées de détentes dans la vie. doux plaisir derrière les cartes, derrière ces pseudos qu'elle s'invente ainsi que les vies qui vont avec. la réalité la rattrape sous ce ciel grisé par la pollution et les particules de sable voletant librement. un bar, derrière un bar, à côté du bar. voilà où est sa place. à servir des gens de passage ou d'autres s'arrêtant plus longtemps. elle ne bosse pas assez souvent ici pour reconnaître les habitués, pourtant eux, ils la reconnaisse. faut dire qu'elle ne passe pas inaperçue la gosse. ils la voient, la remarquent, l'appellent. mais ce n'est jamais au même prénom qu'elle répond. et ça l'amuse. sa différence l'amuse, son idiotie l'amuse. il ne lui en faut pas beaucoup au fond, un rien la fait sourire. une pause qu'elle s'octroie d'elle même et elle retourne s'occuper des libidineux plein de bières et sirupeux. il lui arrive d'être draguée, parce que certains ne savent pas se contrôler. parfois de simples mots, ma belle, ma chérie, beauté. des surnoms auxquels elle répond par un sourire. et puis parfois ils sont un peu plus insistants mais y'a toujours une parade pour se dérober, une parade toute prête dans son cerveau. elle ment la gosse. parce que ça elle maîtrise. si y'a bien quelque chose qu'elle gère, c'est ça. son visage, ses expressions, rien ne peut la trahir. elle est forte, plus forte qu'elle en a l'air finalement. on ne pense pas assez à apprendre à connaître les gens. la première apparence c'est plus facile. se faire des illusions, se laisser bercer. elle n'apparaît pas comme une nana frigide, faut pas déconner, les plaisirs charnels elle connait et elle adore ça. parfois un peu trop. elle en abuse aussi. mais y'a jamais de lendemain, parce qu'on l'oublie, on ne la connait pas. elle se cache derrière des sourires. parfois venimeux et d'autres fois vide. elle cherche peut être la personne qui ne s'en foutra pas d'elle, qui s'intéressera réellement à elle. mais pour cela il faut qu'elle soit prête à se livrer. et ce n'est pas encore le cas. au fond, c'est toujours l'orpheline qui a peur d'être encore abandonnée. alors en attendant et bien, elle sert des verres. elle encaisse. elle récupère les épaves avachies sur les tables et demande de l'aide pour les foutre dehors. pas de ça ici. elle est courtoise, elle est polie. elle fait bien son taf et même si la politique ici c'est d'accepter tout le monde, elle ne tolère pas les poivrots qui sont là sans consommer. le fric ça ne vient pas tout seul. un comateux ne peut pas payer, un comateux ne consomme pas. et surtout un comateux ne laisse pas de pourboire. tout n'est qu'une question de fric. la soirée passe et trépasse, les gens s'évadent, quittent le bar. la fermeture ne va pas tarder mais la mioche, elle déborde toujours autant d'énergie. il en faut beaucoup pour la canaliser. et y'en a une autre qui s'amuse avec sa forme, sa boss. la boxe, elle aurait pu s'en douter. elle la voit revenir, toute propre mais avec les traits épuisés. noa elle, n'est pas du genre à trop s'essouffler de la sorte. sport horizontal, là oui. mais comme ça, c'est un doux rêve.

" comme toujours sissi ! "

oh la soirée n'a pas été mauvaise. y'en a eu des mieux, y'en a eu des pires. il en faut pas beaucoup pour la combler la bloomfield.

" sec de frappe ou cible humaine ? "

elle sourit mais elle connaît la réponse. simonia n'est pas du genre violente. c'est plutôt une sorte de rayon de soleil. avec son visage angélique et ses lèvres pulpeuses, elle incarne une douceur qu'il est rare de croiser par ici. elle s'approche de la brune et vient lui tâter le biceps. toutes les occasions sont bonnes pour toucher de la chair humaine.

" faut que tu te remplumes un peu dis moi. "

Je me suis bien défoulée, trop peut être, trop oui, c'est une certitude, mais ce n'est pas vraiment un problème à vrai dire, non, on ne se défoule jamais trop. Enfin là, je sens les courbatures demain même si je me suis quand même pas mal étirée sous la douche, avec un peu d'eau chaude, ça faisait du bien, je me sentais vivante. Se défouler comme ça, je ne le fais pas souvent, mais quand je le fais, je ne le fais pas à moitié c'est ce qu'il faut se dire. En vérité, je ne sais pas faire les choses à moitié, c'est parfois un problème, mais rarement cela n'engendre de soucis pour la finalité des choses, c'est ce qu'il faut comprendre. Mon équilibre est là, facile à trouver, chaque matin avant d'ouvrir, je cours un peu, j'entretiens ce corps d'athlète que j'ai un corps qui pourrait paraître fragile au premier abord mais qui ne l'est pas. Oh bien entendu, je n'ai pas la force d'un homme bien entraîné, mais la force ne fait pas tout, car c'est la technique le plus important. Parfois, j'arrive à soulever des hommes bien plus lourds que moi, et je ne parle pas en terme de drague, mais bien en terme de poids. Avec la bonne technique, le poids de la personne fait presque tout le reste. Mais ce soir, je n'aurais pas eu à agir de la sorte, non, c'était Ainhoa qui a du s'en charger, car sans doute que les habitués étaient là, et que comme souvent, ils ont finis dans un sale état, mais ça c'est toujours la même rengaine. Au bout d'un moment, tu ne les sers plus, car ils rateraient leur bouche pour boire leur verre. C'est comme ça, je le sais, et elle le sait aussi, durant nos premières fois ensemble, je lui ai bien dis ce que je désirais et elle a bien imprimé cela dans sa petite tête, je sais que je peux lui faire confiance, pour ça, surtout. Mais avec le temps, c'est devenu quelqu'un que je connais, un peu, une amie, je pense qu'on peut dire ça même si elle reste mystérieuse, secrète, que souvent, elle ne réponds pas quand je l'appelle par son vrai prénom car elle l'utilise peu, elle s'appelle toujours d'un nom différent, comme si au fond, elle était un véritable caméléon que personne n'arrivait à distinguer comme si elle savait se fondre à chaque fois dans le décor, et disparaître au bon moment. Mais avec moi, elle ne disparaît pas aussi vite, jamais, rarement en tout cas. Et ce soir, elle est là, elle m'attend, tout simplement parce que c'est ce que je lui ai dit de faire. Il n'y a pratiquement plus personne, à part un de mes fans, un type qui est venu exprès ici à Night Vale une fois ma carrière terminée car il ne voulait pas arrêté de me voir, il m'aimait trop. Il m'a même demandé plusieurs fois en mariage, mais j'ai toujours dis non, il ne m'intéresse pas, mais je ne l'ai jamais repoussé trop loin, il a le droit de rester par là, il crache un peu de tune quand il faut, et ce soir, il semblait vouloir me voir, m'apercevoir au moins quelques instants avant de s'en aller, je le sais, c'est comme ça qu'il fonctionne. Il doit être là d'ailleurs depuis un moment, on a du se rater de peu tout à l'heure, mais ça n'a pas d'importance. Noa me réponds que la soirée a été habituelle, ni plus ni moins, ce qui me convient bien. Elle me demande dans quoi j'ai frappé ce soir, et j'en souris.

" Les deux, j'avais vraiment besoin de me défouler, et le sac en a eu marre de mes coups à un moment, alors j'ai frappé sur le coach. Je l'ai pas mis KO mais il s'est pris une ou deux droites que j'aurais pas voulu prendre dans la gueule. La base en quelques sortes quoi. "

Oui,, sur le coach je frappais surtout sur ces poings, mais j'ai eu quelques coups qui m'ont échappés un peu, j'y suis allé fort, et j'ai réussi à l'avoir. C'est pas que j'en suis fière non, car au fond, je m'en fous, je n'ai pas fait ça pour l'impressionner ou l'avoir, non, juste pour me défouler, et ça a bien fonctionné. Cela devait se voir sur mon visage, j'avais de la fatigue physique, mais mentalement, j'étais encore bien présente. Elle s'approche alors de moi et me tâte le biceps droit, du genre, c'est mou tout ça. Mais ça ne l'était pas. Elle me disait qu'il faudrait que je me remplume, mais j'ai jamais été très grosse, non, j'ai toujours eu la taille mannequin, c'est pas pour rien que je l'ai été pendant un moment, et que je le serais sans doute toujours sans cette cicatrice dans le cou, sans la mort de mes parents le même jour. Je serais je ne sais où à travers le monde. Je crois que les filles sont à Aspen si j'en crois les derniers posts Instagram de Joséphine. Elles ne sont pas si loin que ça peut être que je devrais leur dire de passer boire un coup ici, même si c'est pour prendre un jus de fruit. Mon fan se décide alors à se lever. Il a déjà du payer ces verres. Il s'approche et je lui souris. Il me tend sa main et je lui donne la mienne. Tel le gentleman qu'il est, il dépose un baiser et je lui rends un sourire. Je lui dit simplement au revoir, et il s'en va, avec une bonne soirée en tête.

" C'est un fan, un vrai, il m’idolâtre, il m'a même demandé en mariage. Il est venu habiter à Night Vale rien que pour moi. Je sais c'est dingue, mais il est gentil alors je lui autorise à me baiser la main en guise d'au revoir, c'est son truc, et ça lui fait sa soirée. Il n'a jamais eu de geste déplacé, alors je peux lui laisser ça, ça ne me coûte pas grand chose. "

Elle doit me regarder avec de grands yeux. Je crois que c'est la première fois qu'il est là quand c'est elle qui me remplace. Mais bon, ça fait du bien à l'ego d'avoir un fan, plus quelques milliers d'autres qui me suivent sur les réseaux sociaux même si bien entendu, il y a beaucoup de monde qui ne me suit plus puisque j'y suis bien moins active qu'avant. Je lui tâte alors le biceps à mon tour.

" C'est bien ce que je me disais, c'est encore moins musclé que le mien. Tu te ramollis Noa. Faudrait faire un peu de sport, et je parle pas de tu sais quoi. "

Je ne parle pas de sexe bien entendu, car je crois qu'elle aime bien pratiquer ce sport là. Je parle de courses, de gym, ou de boxe par exemple, ça pourrait lui plaire, je suis sûre.

elle n'a pas eu beaucoup à attendre pour voir revenir simonia dans le bar. la brune ne peut pas en rester loin bien longtemps. noa, ça, elle ne peut pas trop le comprendre. elle n'a pas d'attaches et peu de bien matériels. pas besoin de s'encombrer dans la vie, le principal est suffisant. sissi revient, la fatigue sur le visage, mais l'air comblé. noa est contente pour elle. même si elle sait que ça n'a rien à voir avec les plaisirs charnels. sissi elle aime la boxe, frapper sur des trucs pour extérioriser sa colère, sa peine et tout le reste. noa elle extériorise tout ça avec le sexe. rien de mieux. elle peut frapper aussi mais ça n'est en rien pour attaquer l'adversaire. c'est pour faire monter le plaisir. parfois ça fonctionne plutôt bien. trop bien même. elle a déjà eu un mec qui s'est abandonné sur son ventre avant même qu'elle n'ait pu en profiter. aucun intérêt dans ces cas là. et après, on se demande pourquoi elle ne veut pas donner son prénom. mis à part ses frasques et folies passagères, c'est surtout pour ne pas qu'on la retrouve. la ville n'est pas bien grande mais elle est douée pour se fondre dans la masse. être à la fois spéciale et totalement invisible. c'est son credo.

" t'es une violente en fait toi. faut que je fasse gaffe c'est ça ? "

noa n'est pas contre la violence, elle sait placer les coups quand il faut. mais ça l'amuse de voir et savoir sissi avec sa gueule d'ange, frapper sur des types qui font trois fois sa taille. il ne faut jamais se baser sur l'air qu'on a dans cette ville. ce ne sont que des faux semblants. pour la plupart, ceux qui n'ont pas la gueule cassée, leurs sourires innocents ne sont là que pour faire joli. un type s'approche, un habitué. la gosse l'a déjà vu par ici, il est là pour sissi. et encore une fois, il embrasse la paume de la main de la barmaid.

" il a quand même une tête de psychopathe. un gentil psychopathe. mais au moins si on te retrouve découpée en morceaux, je saurai vers qui aiguiller les flics. "

elle sourit, elle se moque. elle n'est pas sérieuse ou peut être bien que si. qui sait après tout. le rire est sincère, le sourire pas forcément. jouer de ses émotions, c'est facile pour elle. c'est comme une seconde nature. la brune s'approche, la tâte à son tour.

" oh mais pourquoi. tu sais que je te veux. t'es vraiment cruelle de me faire ça tu sais. "

elle prend un air de chiot en clignant des yeux rapidement. elle tente de l'amadouer, elle s'amuse. même si elle sait que simonia n'est pas réceptive. c'est un moyen de l'embêter un peu.

" faudrait que tu m'entraînes. toi. moi. en sueurs. ça peut être intéressant. "

un sourire carnassier sur ses lèvres alors qu'elle s'approche de la barmaid. elle glisse sa bouche jusqu'à son oreille pour murmurer ses dernières paroles.

" je parle de boxe bien sur. "

tout n'est qu'un jeu dans la vie. un putain de jeu.

Une soirée pour se défouler, une soirée pour se ressourcer moralement, à défaut de le faire physiquement. Parce que me reposer physiquement était difficile, j'étais en permanence par ici en général, et j'y revenais toujours avec plaisir même si parfois, je n'en pouvais plus, il m'arrivait parfois de faire quelques erreurs, mais en général rien de très grave, heureusement même. On s'en souvenait parfois car c'était ce qu'il y avait de plus drôle. Après tout, quand vous ne voyez pas la dose que vous mettez, c'est un signe, n'est ce pas ? Oui, le verre doit avoir une dose de 2 cl et vous en mettez 8 ou 10 ça fait une différence. Mais je préfère en rire. Mon point d'encrage dans cette ville était mon bar, ma maison, presque ma vie. J'étais arrivée ici après avoir vécu quelques années en Italie. Je ne sais pas pourquoi mes parents ont choisi cette ville, je l'ignore, ils ne sont plus là pour me répondre, c'est dommage, car je me suis posée la question après mon retour "forcé" ici. Parce qu'ils se sont fait tués un jour où je venais leur rendre visite, je me suis pris une balle aussi, enfin, elle m'a tellement bien frôlée que depuis j'ai une cicatrice dans le cou. A quelques millimètres près, je me serais vidée de mon sang, mais j'ai eu de la chance, ou peut être que c'est une malédiction, je ne sais pas. Depuis, j'essaye de croquer la vie à pleine dent, et irrémédiablement, je reviens ici, je reviens sur mon héritage, je fais ce que mes parents auraient voulus que je fasse même si ce n'était pas à cela que je me destinais. Non, jamais je n'ai voulu jouer la barman. Mais le destin en avait voulu autrement. Elle me disait donc que j'étais une violente, qu'elle devait se méfier, mais dans les faits, c'est même tout le contraire. Je ne suis pas violente, mais par la force des choses, j'ai appris me battre pour ma proche sécurité, mais aussi pour la sécurité du bar, pour virer les types que je ne pourrais même pas déplacer en temps normal. Mais en général, j'agis avant que je ne puisse plus rien faire.

" Ouais, fait gaffe à tes arrières si jamais t'es pas gentille, je te botterais les fesses sans hésiter. "

Je sais que c'est paroles sont tendancieuses, c'est fait exprès d'ailleurs. Je sais que ça ne la dérange pas, au contraire, elle aime ça même si elle sait très bien que je ne suis pas attirée par ce côté là de la vie. Je suis peut être vieux jeu à ce niveau là, j'en conviens, mais je n'ai pas envie de changer. Puis mon fan ultime s'approche. Je le connais bien, pas assez à son goût évidemment, mais ça, je n'y peux rien, je lui ai déjà laissé bien trop de liberté. Il ne se rends pas compte de la chance qu'il peut avoir de pouvoir rester là, à me contempler même si ce soir, ça n'a pas été trop le cas. Je n'ai pratiquement pas été là, mais il a eu droit à me faire son baise-main traditionnel. La remarque de Noa me fait alors sourire alors que le type s'en va.

" Rassure-toi, c'est moi qui l'aura mis en pièce avant qu'il ne soit amusé à me faire quoique ce soit que je ne veuille pas. Mais si jamais le cas se produit, oui, tu sauras. "

Même si je suis persuadée que le cas n'arrivera jamais, c'est presque une certitude que voici. Le type est un peu flippant c'est vrai, mais il n'est pas méchant, après, je ne le connais pas non plus que ça, c'est vrai. Elle me tâte le bras, je fais de même, en lui disant que ce n'était pas très costaud, que je pouvais la mettre dans le chaos quand je voulais. Elle fait semblant de me faire passer pour une tortionnaire, me disant que j'étais en train de lui faire envie, alors que non, je ne le veux pas. Mais elle se prend les pieds dans le tapis qui est sous ces paluches. Moi aussi je sais jouer sur ce tableau, peut être pas aussi bien qu'elle mais il ne fait aucun doute que si coucher avec une femme ne me dérangeait pas que je le ferais immédiatement avec elle, juste pour le fun, juste pour le plaisir de la chair pécheresse mais je ne lui ferais pas ce plaisir. Peut importe si un éventuel client arriverait alors que nous sommes en train de nous envoyer en l'air.

" J'aime bien aiguiser des appétits, tu le sais bien. "

Oui, la remarque est faite exprès, mais je sais à qui je la fais, à Ainhoa Bloomfield, la seule l'unique, le caméléon de la ville. Parce que si je connais sa véritable identité, et qu'elle le sait très bien, elle n'a pas hésité à venir en se faisant appeler par d'autres prénoms par les clients, comme si elle ne voulait pas qu'on la connaisse, comme si elle se voulait insaisissable, car c'est un peu ce qu'elle est finalement. Mais moi, je la connais, suffisamment, pour savoir qui elle est. Elle veut que je l'entraine, elle veut être en sueur, et bien entendu, qu'elle parle de boxe, pas d'un sport qui se pratique principalement à l'horizontale, question de confort. Et je la prends aux mots, même si je suis fatiguée, j'ai deux paires de gants de boxes dans mon sac.

" On commence tout de suite alors jeune fille. Prête à te prendre une raclée ? "

Elle ne me connait pas si bien que ça, elle sait que je joue souvent avec les mots et là, je la prends sur le fait tout simplement. Je ne sais pas si elle le désirera vraiment, ou si elle osera. Qui sait comment cela pourrait finir au fond ?

pas de prise de tête, aucune. c'est facile de discuter avec sissi. ce n'est pas une patronne comme les autres. c'est pas la patronne chiante qui met de la distance avec ses employés. c'est comme une famille. un peu bizarre la famille, un peu dysfonctionnelle. mais elle est là. noa elle a déjà du mal avec sa propre famille alors ce n'est pas pour s'embêter avec une autre. même si celle là elle l'a choisi. c'est une solitaire. une solitaire qui aime le bruit, les gens qui parlent, qui communiquent autour d'elle. c'est une putain de contradiction et on l'aime ou on l'aime pas. c'est aussi simple que ça, pas de place pour le gris. c'est moche le gris. le monde a besoin de couleurs éclatantes. d'arc en ciel, de dégradés qui pètent.

" oh oui botte moi les fesses. "

elle sourit la gamine. sourire carnassier, sourire qui montre qu'elle n'a pas hésité à saisir la perche que la brune lui a tendu. en même temps elle a l'habitude avec noa. et la gosse est persuadée qu'elle le fait exprès. mais elle ne va pas changer pour autant. c'est comme tout, c'est amusant. le fan numéro un de sa boss est là, noa ne s'en inquiète pas pour autant.

" je te fais confiance pour ça. "

oh ça c'est certain, elle n'a aucun doutes sur le fait que sissi puisse le maîtriser. sait on jamais. au fond, elle s'en fiche un peu. sissi est grande, responsable de ses actes. noa n'est pas sa mère, elle n'a pas à lui dire quoi faire. la brune continue de rentrer dans son jeu, c'est aussi quelque chose qu'elle apprécie chez elle. elle n'est pas prude, pas fermée, pas coincée. juste des cuisses, mais ça s'arrange ça. la gosse lève les yeux au ciel, non sans sourire. oh ça oui, elle sait aiguiser son appétit. en même temps il suffit de la voir sissi, ça réveillerait un mort. la suite par contre, surprend noa. et il en faut surement beaucoup. l'entrain de sissi ne lui dit rien qui vaille.

" genre la maintenant tu veux qu'on fasse de la boxe ? enfin je sais qu'il n'y a quasi plus personne mais on n'a pas mieux à faire tu crois ? "

elle rigole, elle n'est pas à ce point consciencieuse dans son travail. peut être que ça fera dégager les cadavres restants. ou bien ça les éveillera pour assister au spectacle. deux nanas qui se battent, ça en excite plus d'un. l'humain est pathétique.

" allez, je suis morte mais je ne peux rien te refuser. vas y molo quand même. si toi tu me résistes encore, je ne tiens pas à finir nonne si tu m’amoche au point qu'on ne veuille plus de moi. "

Ô oui, elle voulait que je lui botte les fesses, ô oui, elle le voulait, ardemment, sensuellement, mais je n'étais pas attirée par les femmes, elle le savait, elle s'en amusait, elle en jouait tellement que parfois ça en devenait indécent, mais je savais que si je faisais le pas de trop, je tomberais avec elle dans cette débauche que je ne désire pas. Je ne le veux pas, non, même si elle essayera de toujours me convaincre du contraire, qu'un petit coup vite fait bien fait pour rendre cette soirée encore plus merveilleuse. Cela pourrait être le cas, pour elle, mais si pour moi, je pourrais y prendre un certain plaisir, je sais que je culpabiliserais pendant longtemps avant de pouvoir me regarder pleinement dans un miroir. Alors, pour le moment, même si je jouais de cette image, je ne plongeais pas la tête la première, jusqu'à ce que peut être, un jour je m'affranchisse de tout cela, mais ce jour n'était pas encore arrivé, pas encore, du moins, dans ma tête, car on ne sait pas ce qui pourrait se passer, n'est ce pas ? Un accident, voilà ce que cela pourrait être. Le justificatif ? Un peu de fatigue, un peu d'alcool dans le sang, un mélange d'étonnant devant une jeune femme carrément torride. Mon esprit est contre, mon cœur aussi est contre cela, mais si l'esprit est fort, le cœur est traître, la chair encore plus faible. J'ai appris à lutter contre ce qui n'est pas naturel, et cette tendance ne l'est pas, pas pour moi, pas comme mes parents m'ont éduqués. Les mœurs deviennent de plus en plus légères, je le sais mais ce n'est pas pour autant que je vais devenir aussi légères que ces dernières. Je souris alors qu'elle ne semble pas vraiment s'en faire pour moi vis à vis de ce fan un peu trop collant. Elle me fait confiance pour qu'il soit en pièce avant qu'il ne se soit amusé à me mettre la main ne serais-ce qu'aux fesses. Certains sont morts pour moins que ça. Non, je rigole, je n'ai jamais tué personne, mais bon nombre d'hommes sont repartis la queue entre les jambes, trop entreprenant avec moi, viré sur le champ du Michelangelo. Ils ne savent, ici, pour ce genre de choses, il n'y a pas d'avertissement préalable, les gros lourds sont jartés dehors avec l'art et la manière. Noa n'est pas aussi vindicative, peut être parce qu'elle aime ça, mais en général, elle ne me raconte pas ce genre de choses, peut être qu'elle préfère éviter, peut être qu'il ne se passe rien de tel quand elle est là, je ne sais pas, et au fond ce n'est pas très grave, car elle est là de manière sporadique. Si elle était là tout le temps peut être qu'ils oseraient à force, peut être qu'ils tenteraient eux aussi leur chance avec elle, peut être que cela a déjà été le cas d'ailleurs dans l'arrière boutique, dans le stock ou les toilettes, cela ne m'étonnerait pas que cette belle gueule solitaire se soit déjà envoyée en l'air ici. Si je le voulais c'est même ce que nous pourrions faire, sur le comptoir, à l'aise, car je suis loin d'être prude. Mais non, cela ne sera pas le cas, par contre, je lui propose quelques choses d'autres, un peu de boxe, juste pour la prendre aux mots, juste pour lui montrer que je suis capable de bien des choses, des choses qu'elle ignore sans doute, à moitié. Elle veut me faire croire qu'il y a mieux à faire qu'un peu de boxe au Michelangelo, et elle a raison, il y a mieux à faire. Mais je sais qu'elle a surtout peur à cet instant, peur de se prendre la honte, une belle raclée, car finalement, elle ne sait sans doute pas se battre, du moins pas aussi bien que moi et j'en souris d'avance. Il reste deux poivrots au fond du bar, rien qui ne soit de trop pour un peu de boxe. Alors, je sors les deux paires de gants, je donne même une protection à la tête pour la gamine, car même si je vais y aller doucement, je n'ai pas envie de la mettre KO en un seul coup. Je pousse les tables les plus proches pour qu'on puisse avoir un peu d'espace pour nous deux. Les types au fond se demandent ce qui se passent, ils observent, ils ne comprennent pas, trop imbibés d'alcool pour réaliser ce qui est en train de se passer. Elle ne veut pas finir nonne et ça m'arrache un rire cristallin très sincère.

" T'inquiètes, si toi tu finis nonne, je viendrais l'être avec toi. T'es tellement belle ma petite que t'en trouveras facilement un qui t'ira bien. "

Un, pas une bien entendu, parce que j'aimais entrer dans son jeu même s'il y a des limites à ne pas franchir, limites que je ne franchis pas évidemment, pour qu'elle comprenne que je ne vais pas y aller mollo, ce serait mal me connaître, je ne fais jamais les choses à moitié, jamais. Les types au fond regardent dans notre direction. Je change alors la musique de fond, je mets quelques choses de plus violent, tout en augmentant le volume, histoire de mettre un peu plus d'ambiance : My Chemical Romance, ce serait parfait, même le nom du groupe est évocateur, ce qui accentue mon sourire. J'enfile les gants, je suis prête à me battre. Mais osera-t-elle m'affronter ?