Welcome to Night Vale, la citadelle à l'horizon fluorescent, qui fait plisser les paupières des gamins de la ville. Ces mômes qui cherchent les étoiles même de jour, perchés sur les toits du monde. Longue vue sur le désert où les traînés de sable se mêlent à la crasse et la poussière. Ville qui chante, volutes rétros qui s'échappent des bars qui ne dorment jamais. Night Vale on dit qu'il y fait bon de mourir. Parce qu'on oublie jamais ses funestes couchers de soleil, on oublie jamais le feu incandescent qui voltige dans les iris de ses habitants. On oublie pas non plus le bruit des flingues qui détonnent, des lignes d'hémoglobine qui dessinent les pavés. Elle vous marque au fer rouge la petite ville qui ne paye pas de mine, à l'ombre des building anthracites des métropoles. Night Vale, c'est les heures sombres aux notes multicolores, c'est le passé qui est resté-là, survivant, dans les voitures vintages, dans les néons brisés, dans son diner à l'entrée de la ville. Et quand le soleil se ramène avec ses dorures, et qu'il fait scintiller la taule encore humide d'une nuit diluvienne, les autres piétinent les flaques qui brouillent un décor hors du temps.
Nord Le nord de Night Vale il éclabousse de lumière le reste de la ville, péninsule de rires aphrodisiaques, au nord on a le sourire, on a la joie de vivre en habit. Apparence, c'est bien le maître mot. Mais tout est beau, au nord, ce saint nord qui est l'éclosion d'un espoir, une terre riche et prospère où sont implantées les plus grandes industries de la ville. Le nord il a ce petit côté discret, la richesse elle est là, mais elle demeure dans les détails, dans ces angles bien droits, dans ces jardins sculptés.
Sud Le sud il voit la vie se détériorer aussi rapidement que ses murs, il a ce petit air caboché et malade. Il est à l'image de ses habitants, en friche, coloré, explosif. Ses rues escamotées racontent tous les malheurs de la vie, la mauvaise herbe elle est partout, entre les pavés et sur les bancs des bars. Les néons briment les prunelles, et les basses des vieilles voitures garées sur les trottoirs où quelques filles de joies donnent leurs corps en festin, font vrombir les estomacs souvent un peu trop creux.
Est L'est a la réputation d'être le quartier le plus pieux de toute la ville, des vierges Marie dans les rues, des chapelets aux poignets de porte des boutiques et fripes. A l'est on parle fort, on vocalise la vie. Tellement bruyant qu'il réveille parfois le cimetière endormi. A l'est on danse la mort, on est festif car on a plus peur de rien depuis qu'on entre l'étau du nord et du sud. On vie comme si demain était un privilège. On a la foi comme arme, on a la conviction comme bouclier.
Ouest Coeur malade de la ville, spectacle qui fait frisonner le vent. L'Ouest est connu pour faire ressortir le pire de chacun, on traficote, on s'agenouille, on corrompt le destin. L'abandon c'est ce qui transpire de ces briques écroulées, de ces échafaudages brisés. L'Ouest on traîne pas de nuit, au risque d'être troué d'une balle en plein front. La route qui traverse Night Vale s'arrête ici, comme chacun des espoirs, comme chacun des cadavres qui font de l'ouest, le plus grand cimetière de lendemains.
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