Rêverie au cœur de Night Vale. Ses pas soulèvent la poussière du sol, cognent la plante de ses pieds malgré ses nouvelles chaussures. Comme animée de sa propre volonté, elle pénètre ses narines bordées de squames, glisse le long de sa trachée asséchée, devient serpent sinueux dont la langue bifide caresse le cône de ses deux poumons, fait chanter sa toux sèche. Crachat expectoré sur le côté. Il déambule dans la rue où jouent des enfants rêveurs, décèdent des pères et des mères désabusés à la vue des passants égoïstes. À sa gauche, une enfant soulève son top, dévoile à la plèbe des seins dodus malgré son jeune âge. La tête penche sur le côté alors que les pensées comptent les dollars contenus au fond de sa poche. Dégoût montant à la gorge. Il se détourne, passe sa langue sur ses babines bordées d'écume, la bouche parfumée d'une bile amère.
Analyse de la plèbe voguant sur un océan de misère. Les pauvres tendent leurs mains à des hommes et des femmes de passage dans un monde souillé, essuient la sueur maculant leurs faciès de leurs paumes où subsistent encore des traces de matières fécales. Un peu plus loin, une jeune femme dissimule ses larmes derrière des verres opaques, bouscule quelques hères sur son passage, la tête basse. Ivre, un homme titube sous la poussée de son épaule, manque d’embrasser le sol de son museau édenté et d’avaler une quantité de sable qui lui collerait à la langue, épongerait le jus âcre contenu dans son estomac ravagé de jack. « Regarde où tu vas, connasse ! » Il beugle, ignorant l’oiseau qui le contourne pour suivre l’éplorée. Dans son dos, il se glisse, passe une main derrière ses hanches, espère calmer le tourment qui malmène son cœur rongé par la nausée éphémère des âmes en peine. « Allez-vous en ! » Ordonne-t-elle en se dégageant de son aile et ses mains se lèvent pour apaiser la colère grondant dans le regard céruléen de la candide. Papier tenu entre deux phalanges gauches. Sinistra annonçant les mauvaises intentions. « Je suis désolé... Je voulais juste vous glisser ce mot... » Murmure le sournois en commençant à reculer de quelques pas, les paumes encore soumises à la vue de la douce naïve avant de s’envoler dans la foule. Elle n’a rien vu derrière ses œillères opalines, n’a pas senti la main glisser dans la poche de sa veste pour y dérober son porte-monnaie. Butin qu’il épluche en s’enfonçant dans une ruelle.