u're my other half (rosaleoh)

les yeux rivés sur son écran, des codes incompréhensibles se reflétant sur ses iris, elle a passé sa journée là leoh, à modifier pour une énième fois les codes de protections des silver chapels. ils savent bien que les autres clans chercheront à cracker tout ça, aller plus loin dans les secrets informatique. elle est là pour ça leoh, pour contrer toute cyber attaque, connaissant mieux que personne ce système. elle se demande d'ailleurs qui a pris sa place chez les crimson pistols. qui est assis actuellement devant son ordinateur, à essayer de défaire ce qu'elle créée. à ce moment précis, le serpent sur sa cheville la brûle, comme un fer rouge qui l'aurait marqué, elle ne peut s'empêcher de voir naître en elle une certaine haine, une envie de vengeance. dans ces moments-là, elle a envie d'appeler siméon, de s'enfuir dans le désert, de laisser le vent sec lui caresser la peau sur la moto de son frère, alors que ses cheveux nouvellement bruns s'échappent et volent. elle peut pas, elle est coincée, toujours au même endroit, à ne jamais pouvoir voir ceux qu'elles aiment. elle attend d'ailleurs rosalie, sa meilleure amie, sa moitié, sans qui elle serait perdue. elle et sim, ses piliers, elle sait pas trop à quoi sa vie ressemblerait sans eux. elle se lève leoh, sortant du vin blanc d'un placard blanchâtre, deux verres à pieds les accompagnant. un semblant de vie normale, à boire des verres avec sa meilleure amie un vendredi soir, c'est ça qu'elle essaye de créer, une illusion, pendant quelques heures, à oublier qu'elles ne pourront sûrement jamais se montrer toutes les deux en public, comme des criminelles, parce qu'elles ne sont pas nées au bon endroit, dans la bonne famille. mais voilà, ça fait du bien la présence d'un être cher, que ce soit pour quelques minutes, quelques heures, ça permet de panser les plaies et de s'échapper. des plaies bien réelles pour leoh après la bombe à l'inauguration. ayant échappée au pire, elle se retrouve avec un pansement sur le front. manifestation de sa présence ce soir là, mais aussi de sa culpabilité, marque de son appartenance à un clan, elle était présente ce soir là par allégeance, pas par choix. la porte sonne, comme de la musique pour leoh, elle se hâte d'ouvrir la porte pour retrouver sa rousse, son antonyme. mon dieu comme je suis heureuse de te voir. honnête, elle n'avait jamais été aussi heureuse de retrouver rosalie.

@Rosalie Capulet

flamme incendiaire en perpétuel mouvement, ta chevelure claque dans le vent, affrontant la colère du désert aux milliards d'enfants. le regard inquiet vers cette voiture bien trop tape-à-l'oeil qui est la tienne, tu refermes la portière avec douceur, comme une caresse envers ce cadeau que tu chéris mais qui risque de te trahir à tout moment. désormais tournée vers une petite habitation semblable à toutes les autres de la rue, tu baisses la tête pour te protéger de la morsure du sable, avançant à pas feutrés vers l'antre d'un de tes mystérieux secrets, le plus précieux qu'il te reste, maintenant que les tiens ont écartelé celui qui faisait l'essence même de ta vie. jetant un oeil autour de toi, tu vérifies que personne ne t'observe avant de sonner à la lourde porte de bois. quelques secondes d'attente à peine dans le silence le plus complet, une légère appréhension se nouant dans ton estomac avant la délivrance, le soulagement qui prend les traits de son visage souriant. tes lèvres s'étirent également par réflexe, toute heureuse que tu es de voir ta meilleure amie vivante et capable de se tenir fièrement devant toi. pourtant tes yeux ne peuvent se détacher de la blessure qui orne désormais son front, ton coeur horrifié par cette vision aussi glaçante que déchirante. tu avais bien évidemment appris ce qu'il s'était passé à l'inauguration de ce centre et notamment la présence de plusieurs membres des silver chapels sur les lieux, au premier rang desquels leoh. dans l'impossibilité de demander l'identité des victimes sans éveiller les soupçons, tu avais dû te ronger les sangs en attendant de recevoir l'appel tant espéré d'une voix que tu craignais de ne plus jamais entendre. ton esprit rassuré mais pas pour autant apaisé, vous aviez convenu de vous voir ce soir, comme vous en avez régulièrement l'habitude. « mon dieu comme je suis heureuse de te voir. » te dit-elle avec une sincérité qui agite ton palpitant. tu n'attends pas de pénétrer dans sa demeure pour la prendre dans tes bras, la serrant contre toi avec fermeté. ton menton sur son épaule, tu lâches dans un souffle: « et tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de te voir. ». tu desserres ton étreinte pour lui faire de nouveau face, tes iris instantanément posés sur le pansement témoin que tu t'efforces de reporter vers les prunelles tant aimées. « raconte-moi tout ce qu'il s'est passé. » ta main attrape la poignée de la porte que tu refermes avant de suivre leoh jusqu'au salon où vous vous asseyez toutes les deux.

une étreinte, des bras chaleureux qui lui confèrent, pour un court moment, un abri, un refuge loin de ce désert aussi sec qu'accueillant. les coyotes qui hurlent aux alentours de night vale se manifestant comme des plaintes étouffées pour pleurer ces enfants, ces victimes de cet attentat lâche, cet acte honteux qui a pris la vie d'innocents. son regard s'était posé sur ces corps, ces regards vides jusqu'à ce qu'on la sorte de cet enfer, jusqu'à ce qu'elle puisse respirer de nouveau, sentir l'air brûlant de cette ville maudite. elle n'avait pas pleuré, elle ne pleure toujours pas. elle y arrive pas, n'y est jamais arrivé, puisque ce trou béant dans sa poitrine ne peut être comblé et sa froideur éternelle ne semble jamais fondre. pas insensible, juste trop touchée, trop meurtrie par cette vie, ce destin qu'on lui a infligé. seule la colère peut révéler chez elle une brûlure l'irradiant complètement, impulsive dans ces moments rares de haine intense, peu de personnes l'ont déjà vu ainsi. et l'une d'elles se trouve là, dans ses bras, bouée de sauvetage de leoh dans cette mer de catastrophes. un sourire niché sur son visage blessé, ses yeux ne trahissent cependant aucune émotion puisqu'ils avaient perdu de leur éclat il y a des années de cela. j'ai vraiment cru ne jamais te revoir. avoue-t-elle, sa main serrant celle de sa meilleure amie. comme deux sœurs, elles ne peuvent pourtant moins se ressembler. deux nemesis, tout est fait pour les éloigner mais chaque obstacle se révèle être un renforcement de leur amitié, cadenassée, la clé jetée aux lions. la question fatidique, elle n'est pas sûre de vouloir revivre ça la brune, mais elle sait qu'elle va devoir en parler. maintenant ou demain, elle n'y échapperait pas. entre rosalie et un thérapeute corrompu, son choix est très vite défini. elle invite la rousse à s'asseoir sur le petit canapé en cuir vieillie, la bouteille de vin les attendant toujours. à vrai dire. je sais pas ce qui s'est passé. on était là, à tous s'épier et puis. le chaos, ça a explosé et la minute d'après j'étais là, sous une table. le regard perdu, elle a du mal à parler, une boule se forme dans son ventre. tout ces enfants, morts, ils ont jamais rien demandé. elle est désespérée, quand les astres décideront-ils de libérer night vale de cette haine constante ?

t'étais censée y être. l'inauguration de ce centre pour les enfants de la ville était l'événement du moment de night vale, et toutes les personnes qui comptaient dans le paysage mondain se devaient d'être présentes pour parader. il n'y a rien de mieux qu'une touchante cause caritative pour réunir des ennemis à la même table. si d'ordinaire tu ne rechignes pas à t'exhiber ainsi aux côtés des tiens, cette fois-ci tu avais fait faux bond à ton clan à la dernière minute pour te réfugier sur la tombe de celui que tu aurais tant aimé avoir comme cavalier pour la soirée. un désir fou qui était déjà totalement irréaliste de son vivant et que tu as définitivement enterré avec les cendres sur lesquelles tu pleures à chaque rosée du matin. le cimetière sud est devenu ton refuge, ton réconfort et ton supplice à la fois car malgré les coups de poignards qui te transpercent chaque fois que tu t'y rends, tu ne peux t'empêcher d'y aller encore et encore. comme cette fois-là, alors que tu aurais pu être sur les lieux de la fête avec leoh, en train de lever ton verre à cet espoir naissant pour les gamins paumés de la rue. qui sait ce qui aurait pu arriver si le chagrin ne t'avait pas soudainement et une fois de plus submergé. peut-être ne serais-tu plus de ce monde si tu t'étais rendue à la réception, peut-être aurais-tu été blessée comme l'a été ta meilleure amie. quand tu plonges ton regard dans le sien, tu réalises plus que jamais que tu aurais pu la perdre et qu'elle a échappé au pire, ce qu'elle formule à voix haute. « j'ai vraiment cru ne jamais te revoir. » les restes de ton coeur déjà mutilé se figent à cette simple pensée. quelque part au fond de toi, tu es certaine que tu n'aurais pas pu y survivre. perdre un deuxième être aussi cher si tôt après alex aurait été pire que tout, toi qui as déjà toute la peine du monde à ne pas te foutre en l'air.« je ne veux même pas imaginer ce qui aurait pu se passer. dieu merci tu t'en es sortie. » vos corps maintenant séparés, elle t'invite à vous installer dans le salon où tu remarques qu'elle a déjà sorti une bouteille de vin blanc et deux verres, comme souvent lorsque vous vous retrouvez. tu t'assoies sur le canapé alors qu'elle te résume les faits. « à vrai dire. je sais pas ce qui s'est passé. on était là, à tous s'épier et puis. le chaos, ça a explosé et la minute d'après j'étais là, sous une table. » tu lis la souffrance dans son regard, la peine que l'évocation de ces souvenirs réveille en elle. un sentiment de culpabilité t'envahit instantanément mais tu ne pouvais pas t'en empêcher, il fallait que tu saches. tu l'aimes de tout ton coeur, plus que jamais, et sa douleur est la tienne. ce qu'elle vit, tu le vis aussi. « tout ces enfants, morts, ils ont jamais rien demandé. » qu'elle reprend brièvement, la gorge visiblement nouée. des images furtives te traversent l'esprit. visions d'horreur nées de ton imagination et qui n'égalent toutefois pas la réalité. t'es aussi désolée qu'elle de ce constat effroyable. « tellement injuste et horrible de s'attaquer à des enfants... cette ville est maudite. » l'une comme l'autre, vous êtes impuissantes face au sort. le destin des habitants de night vale ne leur a jamais appartenu. « parfois... j'aimerais tout quitter. partir et ne jamais revenir ici. » confesses-tu dans un souffle. partir un jour, sans retour.