(nolan) the devil's own

coming down
Y'a ton pouce qui vient lentement se frotter contre la plaque militaire. Tes yeux, bloqués dessus. C'est à peine si tu fais attention au vent qui vient glisser sur ton visage. Y'a plus rien qui vient t'atteindre. C'comme si tes sens avaient décidé de lâcher ce soir. T'inspectes le nom, comme à chaque fois. Christopher Farrier. Et t'as un pincement au cœur. Tes larmes, elles viennent plus. T'en es plus capable, plus maintenant. Y'a plus rien qui peut couler. T'entends une porte claquer, ça te sort de ta torpeur. Les mots qui te viennent par bribes, mais tu sais très bien de quoi ça parle. On veut plus de toi ici Nolan. La vie, c'était bien beau quand le paternel était encore là. Le semblant de famille qui suffisait au bonheur. Mais la mère elle est vite passée à autre chose. Un moyen de s'en remettre qu'elle disait. Toi, t'as juste l'impression qu'elle avait jamais vraiment tenu à ton père. Le beau-père qui vient faire une reconstitution historique de la ségrégation. Le blanc qu'assume pas d'avoir une belle-fille à la peau métissée. Non, on veut plus de toi. Tu fais tâche dans le tableau de la petite famille blanche américaine. La mère, comme si elle cherchait à se racheter d'avoir épousé un noir, c'est comme si elle était invisible à ta douleur. Toi, t'en as ta claque. Tu satures Nolan. T'inspires. T'expires. Tu glisses la plaque autour de ton cou, tu resserres la poignée du sac entre tes doigts fins. Tu te barres.

babylon
Tu l'interroges du regard. Le gamin, il secoue la tête, y'a un sourire sur ses lèvres. Tu comptes plus ses visites. Il est là au moins une fois par semaine. Un membre des Capulets accroché à toi, à ton corps, à tes lèvres. Ta main tremble légèrement, t'arrives à peine à tenir la seringue. La musique du lupanar passe à travers les murs fins du bâtiment. Ses doigts se referment sur les tiens. C'est génial, qu'il te dit. T'as jamais touché à toutes ces merdes. Ça t'a jamais attiré. Mais le voilà avec son sourire d'ange et son aiguille. T'as à peine le temps de prononcer le moindre mot que tu sens l'objet rentrer dans ton bras. Quelques secondes. Rien. Lui, il s'marre. Puis ça cogne. Plaisir intense. T'es coincée maintenant.

come clarity
L'insistance gênante. Tu l'pousses, tu lui dis de se calmer. Lui, il s'en moque. Nouveau venu au bordel, changement de clientèle suite à la prise des lieux par les Montaigu. Ton cher favori, tu le vois plus venir. T'as entendu parler de sa mort, t'es pas certaine. Tu trembles, tes muscles sont faibles. Sans lui, tu galères à te fournir. Complètement accrochée à la sainte piqûre. Tu sens les doigts se resserrer sur ton poignet. Tu veux pas. T'as changé d'avis. T'as peur Nolan. Y'a ton souffle qui s'accélère, tu parles plus fort, tes refus plus violent. L'enculé qui abandonne pas. Coincée contre le mur. Et sa main qui vient s'installer sur ta gorge. La tienne, elle tâtonne, elle cherche. Puis tes doigts qui viennent s'emparer de la lampe de chevet purement décorative. Le cri qui déchire ta gorge et le verre qui s'éclate sur son crane dégarni. Sonné. T'en profites. Tes petits poings faiblards qui gagnent en force, tes doigts qui viennent s'écraser sur son visage. T'hurles. Aucune retenue. Et tu frappes, encore et encore. Pour toutes les fois où t'as plus été maîtresse de ton propre corps. Tu remarques même pas la porte qui s'ouvre sur le nouveau propriétaire des lieux. Sur Haaken. Mais lui, c'est certain qu'il te remarque. Le sang de l'homme en signe d'encre pour la signature d'une nouvelle alliance.

cloud connected
Le bonheur pris à la source. T'as croisé son chemin, t'as vu un nouveau véhiculeur de plaisir. De quoi remplir des seringues. A contre sens de ta loyauté. Encore une fois, tu cèdes à un gars des Capulets. T'aimes pas cacher des choses à Haaken, mais t'as pourtant l'impression de les additionner. Andreas, tu l'prends pour un distributeur. De quoi te faire voyager, comme avant. Mais tu merdes dans l'équation. T'sais pas si c'est la drogue qui fait ça. Il vient s'installer dans la liste de tes addictions. T'as voulu profiter de lui mais t'as juste réussi à te faire coincer. T'as envie qu'il te détruise Nolan, tellement que ça t'fais du mal de l'aimer. Andreas, Andreas, Andreas. Tu l'murmures, tu le hurles au zénith de la concupiscence. Tes sentiments qui prennent trop de place à ton goût. T'aimes pas la dépendance alors que t'en est prisonnière. Dépendante d'Haaken, d'Andreas, de la drogue. T'es prête à donner ta vie pour ces trois choses. La sainte trinité qui régit ton existence.