wolves (silas/tomas)

il est minuit et quelques quand tu décides prendre le large.
comme à ton habitude tu empruntes une des portes de derrière, menant tout droit sur ta maserati flambante neuve. t'as du faire à peine dix pas quand deux hommes se jettent sur toi, t'as à peine le temps de voir leurs visages. c'est un tissus qu'on t'écrase sur la gueule, épaules maintenues avec force et t'as beau te débattre comme un forcené, tu ne peux rien face à la réaction chimique. tu t'imprègnes des effluves du chloroforme et tu ne tardes pas à perdre conscience.
c'est un sceau d'eau gelée qui te fait reprendre tes esprits, tu secoues la tête de gauche à droite dégageant tes cheveux trempés de devant tes yeux. il te faut de longues secondes avant d'y voir claire, et tu es incapable de reconnaître l'endroit dans lequel tu te trouves. un cabanon en bois, d'une seule et même pièce. une ampoule branlante au milieu de la pièce comme seul éclairage. il te faut une bonne minute pour te rendre compte que tu es menotté, les mains dans le dos d'une chaise, le corps tendu contre le dossier de celle-ci. sensation plus que désagréable, t'as les pieds liés également. on voulait s'assurer que tu ne bougerais pas d'un poil. et c'est bel et bien le cas. tu en es tout bonnement incapable. t'as été débarrassé de ta veste, t'es en chemise et pantalon, entièrement détrempé. j'suis où ? que tu craches avec haine. alors que tu aperçois enfin les deux ombres près d'une table. tiens, si c'est pas la belle au bois dormant. tu entends enfin la voix, t'es encore dans les vapes mais ça ne dure pas bien longtemps. t'as le cœur qui bat la chamade et ta vision qui devient de plus en plus claire. la voix, tu la reconnais finalement et si le montaigu pensait rester dans l'ombre il n'en est rien. il ricane et tu en fais de même. toi qui devrait fermer ta gueule dans un moment pareil, tu en es incapable. la peur n'est pas gravée dans les molécules de ton ADN, alors tu te débats un peu plus, tu tentes de rompre tes liens. sachant pertinemment que tu n'y arriveras pas, mais c'est la rage qui coule dans les veines des foutus capulet. t'es tombé amoureux de moi Ace ? tu accentues son prénom pour lui montrer que tu sais très bien qui il est. t'avais peur que je refuse tes avances alors tu m'as emmené dans un endroit cosi pour me sucer la queue ? t'es venimeux dans chacune de tes paroles. tes azurs se braques sur les deux silhouette mal éclairée. et en plus t'as emmené une copine à toi ? fallait pas m'attacher tu sais, j'dis jamais non à une petite gâterie. tu le cherches, tu les cherches les deux connards de Crimson et si tu pouvais t'attraper le paquet, tu le ferais pour sûr.

La nuit tombe, effaçant les dernières traces de lumières dans cette ville dangereuse. Elle est repère de démons dorénavant, de ceux qui s'immiscent dans la pénombre, aux pas feutré, aux envies sanguinaires. T'es des leurs, désormais, Tomas. T'appartiens à la nuit, à cette obscurité funeste. À tes côté, un prince des ténèbres au nom évocateur. Montaigu. À qui t'as juré fidélité et loyauté jusqu'à la mort. Jusqu'à ta mort. Soldat aux mains de l'élite, t'es tapi dans l'ombre à côté de ton leader d'un soir avec qui tu partages un regard silencieux. Celui qui t'a arraché à ta triste léthargie, à cette stupide convalescence. Tu te remets à peine de ta blessure, la douleur encore vive au creux de ton ventre. Mais il semblerait que t'aies fait tes preuves, Tomas, et qu'un Montaigu ait besoin de toi. Alors t'es là. Cela t'arrache un sourire, carnassier, impatient face à cette porte qui s'ouvre pour y découvrir le visage ennemi tant attendu. T'obéis, sans le moindre mot, retenant les épaules du Capulet, qui se débat un temps avant de sombrer vers l'inconnu. Tes gestes se font mécaniques, soulevant ce corps inerte, le jetant dans le coffre d'un van, avant d'attraper au vol les clefs que te tend Ace. T'acquieces silencieusement, pénétrant dans cette voiture étrangère que tu démarres en trombe vers cette destination qui ferait tomber les puissants.

[...]

Au fin fond du désert, les serpents glissent sur le sable. Dominateurs. L'abeille, elle, est impuissante, soumise à un état de somnolence, les ailes enchaînées à leur nouvelle prison. Caché dans la pénombre, t'es spectateur de la pièce qui se joue devant tes yeux. Ace qui balance une chaudière d'eau froide sur la tête du Capulet, ce même Capulet qui se réveille, quittant ses rêves pour de nouveaux cauchemars. Et toi, silencieux, qui admire le prisonnier se débattre sous une musique classique que tu imagines dans un coin de ta tête. Les accords résonnent dans ton silence jusqu'à ce que Silas ne le brise. « t'es tombé amoureux de moi Ace ? ». T'es étonné qu'il reconnaisse le bourreau alors que vous n'êtes que des ombres. Tu lances un regard intrigué et curieux au Montaigu et fronces les sourcils en entendant la suite des propos du Capulet. Fils de catin. Le sang bouillonne désormais dans tes veines et ta fierté te joue des tours. « Ferme ta gueule », que tu prononces sèchement avant de t'en rendre compte. Ta main est désormais sur ton pistolet, ce glock 17 qui ne te quitte jamais. Un mot et tu le planques contre son crâne. Un ordre et tu fais feu, explosant sa cervelle. T'en as envie, brutalement, tes iris désormais noirs de rage et de colère face à l'affront du Capulet.