Flashback ♡ Fid ♡

[23:10]

Fid,
Cher Fid,
Une connerie dans ce genre là,

Je sais que t’es intelligent, assez intelligent pour ne pas m’en vouloir. T’as toujours été le plus malin de nous deux.. c’est ce que j’aime imaginer. Même si y a rien à sauver de nous et qu’on est deux têtes brûlées, qu’on se consume comme deux idiots.. mais je te demande de pas être un crétin.. c’est une faveur.. tu peux bien faire ça pour moi, tu le peux ?

Harper

[23 :16]

Je pouvais pas attendre que tu répondes.
En fait, moi je ne le ferais pas pour toi si les rôles étaient inversés, si tu me disais ça je pourrais jamais te pardonner… parce que la douleur partirait plus, elle serait glué à mon cœur, parce que je t’en voudrais de m’abandonner, de me laisser seule dans cet univers qui m’aspire toute entière. Y a plus que toi pour me tendre la main et empêcher ce trou noir de me faire disparaître… y a que toi qui l’a fait.. t’es le seul qui me traite différemment, t’es le seul à comprendre, t’es le seul pour tout… alors, ouais, je t’en voudrais à mort si tu étais moi, et si j’étais toi.  

[23 :30]

Oublie, je t’en supplie, parce que tu peux pas m’en vouloir, t’as même pas le droit d’avoir une once de haine envers moi. Parce que t’es l’unique chose là-bas qui me donne pas envie de me tirer une balle. Je supporterais pas de savoir que toi tu me détestes, que toi tu commences à penser ce que les autres murmurent tout bas..  

[00 :10]

Je reviendrais pas à Night Vale, ni l’été prochain, ni celui d’après, ni jamais.. je peux plus faire semblant.. tu comprends, dis, est-ce que tu comprends ? Ton monde ce n’est pas le mien, j’étouffe avec vous, les Capulet… les nobles Capulet. Je ne peux pas te reprocher ton nom, ni ton sang.. je peux seulement m’éloigner…

[00 :22]

Je sais ce que tu dois te dire, que c’est qu’un de mes énièmes caprices, qu’un coup d’épée dans l’eau pour faire enrager mon père une fois de plus.. que je finirais par craquer, par revenir, parce après tout, c’est comme ça qu’on fait depuis toujours ? Et les traditions dans nos familles, elles s’entretiennent... elles sont sacrées…
Mais moi je crache sur le sacrée, j’en ai assez de sourire à me faire mal aux joues pour des pantins, ta famille.. ma famille.. tout ça n’est qu’un jeu, tout ça n’est qu’une guerre des masques, un jour où l’autre, l’un ou l’autre finira avec un poignard enfoncé profondément dans le cœur.. et je préfère que ce ne soit pas moi..

[00 :23]

Maintenant tu peux dire que je suis égoïste..

[00 :45]

Peut-être que je n’aurais pas du te le dire, je regrette déjà, peut-être que j’aurais du laisser le temps balayer mon souvenir, peut-être que j’aurais du disparaitre sans donner de nouvelles... et voir où ça nous mène, et voir en combien de temps tu m’oublies. Parce que tu m’oublieras, c’est la suite logique, la galaxie entière me le murmure, toi et moi, notre amitié, elle va mourir avec la distance... et moi, je crois que je vais m’éteindre avec.

[00 :47]

Il y a d’autres mots que je devais balancer sur le clavier..

[00 :48]

Je ne te dirais pas aurevoir.

[00 :49]

Car je crois que c’est un adieu.

[09 :18]

Je te crois pas.

[09 : 20]

C’est débile comme réponse, pardon. Mais je sais même pas comment te dire que ça me va pas. Je suis pas d’accord avec toutes ces conneries que tu m’écris. Tout ce que tu dis, ce sont des fausses excuses ou de la compassion mal placée. Comment tu peux dire que c’est un adieu ? Je pèse mes mots quand j’écris que je suis complètement aberré. Si ça a l’air si facile que ça pour toi, c’est qu’au fond t’en as rien à foutre. Je repense à ce que l’on s’est dit, tu m’avais promis que toi et moi c’était pas des conneries, qu’on serait tous les deux pour toujours même dans cette ville de merde. Et ça tu me l’as dit droit dans les yeux, on brise pas une promesse quand on se la dit droit dans les yeux… Si je continue de t’écrire je vais finir par dire des choses que je pense pas vraiment, alors adieu.

Fid

[10 : 02]

Je suis plus censé t'écrire mais j’arrête pas de tourner en rond. J’arrête pas de penser à toi. Peut-être parce que j’aime toujours ce que je déteste ou parce que je suis pas mal bête. T’as tord sur beaucoup de choses au final : tu dis que je suis malin mais au final c’est moi le con. Et tu dis que tu es égoïste, mais c'est que du bon sens.
Je suis vraiment con d’avoir cru que tu pourrais passer au-dessus, de me dire que tu aurais pu penser à moi, avant. Je te mens jamais alors je te le dis même si ça fait mal : Je peux pas te pardonner de me faire ça, mais je comprends. Peut-être quand dans un univers parallèle j’aurais fait pareil. Tu serais la Capulet et moi je fuirais tant que je le pourrais. C’est vrai qu’ici tout est pourri, ça me bouffe l’esprit, j’ai l’impression d’être déjà fou. Mais tu n’es pas la Capulet, c’est bel et bien moi et je vais devoir me résoudre à moisir ici tandis que tu t’en vas loin de moi et du poison. Je serais pas resté pour toi, c’est ce qui me rassure quand j’y pense et je me dis qu’au final tout ça, c’est beaucoup trop pathétique. J’essaye de ne pas te blâmer mais d’un autre côté je peux pas m’empêcher de le faire. T’es arrivée dans ma vie comme un miracle, ça m’a aidé à pas sombrer totalement. Quand mon père me fait trop peur, quand j’ai déjà envie de mourir alors que j’ai pas encore vraiment commencé à vivre. Quand j’ai peur de cette existence de sacrifice qui m’attend. C’est débile mais je la voie déjà, je sais tout. Et à côté de moi malgré l’odeur nauséabonde de la corruption et de la grandeur mortifiée, je t’imaginais toi. Un peu comme un rayon de lumière esseulé dans la noirceur de nos esprits échauffés. Bref, de toute façon plus rien de tout ça compte vraiment maintenant.

[11 : 12]

J’ai eu le temps de penser à comment je pourrais te convaincre de revenir, j’avais fait une liste dans ma tête, mais j’ai tout oublié. Tu ne m’as toujours pas répondu, est-ce que ça signifie que tu ne le feras jamais ? Est-ce que tu étais vraiment sérieuse en me disant adieu ? Si l’on se dit adieu comme cela, alors je me dois aussi de le faire. Mais au final, je sais pas ce que j’aurais vraiment préféré, que tu me laisses sans nouvelles pour toujours ou ça. Tout à l’heure je t’écrivais à propos d’un univers parallèle dans lequel ce serait moi qui partirait. J’en ai pensé à un autre ou aucun de nous deux n’aurait rien à voir avec tout ça, bien loin de ces parents qui nous tuent à petit feu.
J’espère que tu n’as pas décidé de me laisser sans réponse. Est-ce que tout ça au final c’était vrai ? Ou de l’appropriation ? Je suis plus sûr de rien quand je n’ai plus la perspective de te revoir en tête.